Danish Girl
de Tom Hooper
Drame, Biopic
Avec Eddie Redmayne, Alicia Vikander, Ben Whishaw
Sorti le 20 janvier 2016
Après l’Oscar du meilleur acteur obtenu l’année dernière pour son interprétation du physicien Stephen Hawking, Eddie Redmayne revient avec un rôle à sa mesure : celui de Lili Elbe, première femme de l’histoire à avoir subi une chirurgie de réattribution sexuelle, en 1930. L’ultra-sensibilité de Redmayne fait de lui un caméléon d’acteur. Ce rôle, c’était du pain-bénit. Il est son propre sculpteur, son créateur génial.
Danish Girl est un film larmoyant. Pourtant, l’ouverture se laisser regarder. Les premières minutes sont gaies, tout y est agréable : les décors, la vitalité bohème de l’époque, les costumes. Des seconds rôles/piliers, tels Ben Wishaw, Matthias Schoenaerts ou la jeune Alicia Vikander qui interprète Gerda (personnage qui mériterait son propre biopic), la femme d’Einar/Lili, donnent les justes répliques à ce monstre d’Eddie Redmayne. La photographie de Danny Cohen, qui avait déjà travaillé avec Hooper pour Le Discours d’un roi, léchée/patinée/lissée, donne du cachet au film mais, dans un même mouvement, l’étire à force de l’esthétiser. Les scènes se répètent, le climax s’enlise avant un dernier acte pleurnichard. Or, quel sujet à traiter ! Troquons le Tom-Hooper-grand-public pour un réalisateur aventureux : la mise en scène aurait pu être impertinente, traversée de personnages décadents, colorés, rebelles. Nous aurions aimé du cinéma-geyser. Des dialogues audacieux.
Ni les larmes des personnages (dans lesquelles nous nous noyons), ni leurs sourires, toujours faiblards, ne parviennent à nous émouvoir. Quelle tristesse ! Pensons aux transgenres qui font l’actualité, comme Laverne Cox, Caitlyn Jenner ou le mannequin Andreja Peji. Elles sont franches, assertives, transgressives. Elles sont courageuses, vindicatives. Jamais victimes. Lili Elbe devait être de la même trempe. Pourquoi donc nous infliger le chagrin alors que, visiblement, le moteur de cette femme n’était que débordement, allégresse et excès ?
Malgré tout, le jeu de Redmayne nous prend à la gorge. Comédien protéiforme, il aurait été capable à lui seul d’interpréter tous les personnages (certes, le film aurait été d’une toute autre ambition…). Seule la flamboyance d’Eddie Redmayne justifie la sortie en salle de Danish Girl. Dommage.