Le Crocodile du Botswanga
de Lionel Steketee et Fabrice Eboué
Comédie
Avec Fabrice Eboué, Thomas Ngijol, Claudia Tagbo
Sorti le 19 février 2014
Critique :
Didier est un agent de joueurs peu talentueux. Néanmoins, il a réussi à dénicher une perle en la personne de Leslie Konda, attaquant de génie. À l’heure où le jeune footballeur doit choisir sa future équipe nationale, le président du Botswanga, dictateur notoire, l’invite dans son pays d’origine pour disperser les cendres de sa grand-mère mais surtout pour que celui-ci choisisse de porter le maillot des Crocodiles du Botswanga plutôt que celui de la France.
En 2011, le premier film de Lionel Steketee, Case Départ, nous offrait un duo inédit et incroyablement drôle : Fabrice Eboué et Thomas Ngijol. Deux humoristes arrachés à la scène pour exploser sur grand écran. Car, il faut bien l’avouer, le film ne nous inspirait pas mais s’est révélé être au final une excellente surprise où l’ironie et l’humour équilibraient à merveille la diatribe historique de la trame de fond.
Pour ce deuxième long métrage, on prend les mêmes et on recommence. Lionel Steketee à la réalisation, Fabrice Eboué et Thomas Ngijol dans les rôles principaux et enfin, une histoire sur les difficultés économiques et politiques que traversent les pays africains. Satire se retranchant à nouveau derrière l’humour comme son prédécesseur. Nous en attendions dès lors beaucoup et nous avons été à l’arrivée âprement déçus.
De fait, en voulant pasticher à tout va, Fabrice Eboué et Blanche Gardin (les scénaristes) se sont quelques peu embourbés dans la surenchère. S’il est vrai que certains dialogues ou certaines situations restent comiques, force est de constater que l’ensemble est d’une lourdeur parfois affligeante. Tout y est exagéré à l’extrême ce qui entraine chez le spectateur une lassitude inévitable. De l’idée d’affubler notre cher dictateur d’un costume bavarois à la mièvre histoire d’amour du jeune Leslie Konda, tout semble hors contexte et totalement déluré. Par extension, nous avons même eu la désagréable sensation d’avoir assisté à une série de sketchs de valeur inégale plutôt qu’à un récit suivi et construit.
Pourtant, les acteurs et le réalisateur du film s’en défendent. Ils ont voulu, par cette comédie, retranscrire une réalité bien présente sur le continent africain. Mais cette énergie scénaristique salutaire est annihilée par des facéties burlesques trop accentuées et surtout, inutiles. Et pour cause, lorsque, par exemple, le sujet de la lutte contre le sida est abordé, l’histoire du remède miracle proposé par le président sonne juste mais sa transposition à l’écran est maladroite de par les tonnes des frasques bombardées en vrac autour d’un sujet pourtant sérieux. Faire passer un message par le rire est probablement une idée géniale mais faut-il encore pouvoir le faire correctement.
Néanmoins, si l’ensemble paraît hélas médiocre, il faut avouer que nous avons souri à certains instants. C’est un fait certain, Fabrice Eboué et Thomas Ngijol sont drôles et incarnent parfaitement le rôle qui leur a été respectivement attribué. Certains détails ou certains dialogues sont bien trouvés et provoquent le rire. Mais hélas, comme expliqué en détail ci-dessus, ces moments sont trop rares pour rehausser l’histoire.
En résumé, Les Crocodiles du Botswanga constituait une véritable attente de la part de ceux qui avaient vu dans Case Départ l’esquisse d’un renouveau de la comédie française. Mais les exagérations contextuelles et la surenchère scénaristique ont fait de ce second film une balourdise.