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    Le cri du huard, sur le lac, à la tombée de la nuit

    Mise en scène et écriture : Jean-Michel Frère et Philippe Vauchel avec Philippe Vauchel

    Du 5 septembre au 18 octobre à 20h30 au Théâtre Le Public

    Ecrit et interprété par Philippe Vauchel, Le cri du huard, sur le lac, à la tombée de la nuit explore les petits recoins de l’âme humaine dans un monologue «intime» attendrissant et drôle mais manquant de cohérence.

    S’il a une structure qui se rapproche du one man show, Le cri du huard, sur le lac, à la tombée de la nuit ne vous fera pas vous taper sur les cuisses à longueur de sketches, bien au contraire. La forme fait tantôt sourire, tantôt rire mais le propos reste assez noir, conférant à l’ensemble le ton bien belge et sympathique d’une comédie sous prozac. On y parle de souvenirs, de mort, de vie et de petits recoins dans lesquels on se cache pour pouvoir supporter l’immensité de l’univers.

    À travers des souvenirs d’enfance, des réflexions sur le monde et des petits bouts d’histoire, Philippe Vauchel veut nous transporter vers une réflexion sur l’être humain et sa solitude dans le monde. En passant de l’infiniment grand à l’infiniment petit, il se perd dans des réflexions sans pour autant toujours nous embarquer avec lui.  Son récit en courant de conscience affecte la cohésion de l’ensemble. Si certains passages sont d’une belle réussite, la substance du texte finit par s’effilocher au fur et à mesure de la représentation.

    La mise en scène quant à elle a le mérite d’être surprenante. Vauchel est là où on ne l’attend pas et joue avec les frontières de l’espace scénique pour, dès le départ, transformer la scène en salon et le spectateur en convive qu’il aurait invité chez lui et à qui il s’adresse comme à un ami. Il nous secoue de notre siège pour nous emporter avec lui, mais, rassurez-vous, vous sortirez indemnes de cette expérience, tout au plus aurez-vous ressenti une certaine intranquillité au démarrage.

    Cette position hybride du public est une idée intéressante mais qui trouve ses limites dans le cadre d’un texte écrit. En intégrant le spectateur à l’espace scénique pour créer un cercle intime, Vauchel prend le risque de le voir participer avec lui en position d’égal, donnant donc la possibilité à tout un chacun de parler, de réagir, de participer au jeu, de «réécrire» la pièce en somme. Ce pari courageux est relevé de manière parfois trop timide et contrôlée par Vauchel dont on aurait aimé qu’il aille jusqu’au bout de sa démarche et qu’il laisse encore plus de place au spectateur et à l’improvisation.

    Néanmoins, il met une belle énergie dans son jeu et offre à la pièce, malgré le léger manque de substance de son texte, des allures de bonne soirée entre amis grâce à un personnage bonhomme aux traits grossis dont la douce détresse reste au demeurant touchante et sympathique.

    Même si Le cri du huard, sur le lac, à la tombée de la nuit se base sur des idées intéressantes, elle  se disperse dans plusieurs directions et ne parvient pas à aller au bout de son propos. Néanmoins, le texte et le jeu rendent la pièce de Philippe Vauchel sympathique et attendrissante. Pour les amateurs de rêveries de brasserie et de portions mixtes.

    Mathieu Pereira
    Mathieu Pereira
    Journaliste
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