De Dario Fo, mise en scène de Toni Cecchinato, avec Franck Dacquin, Carmela Locantore
Du 5 au 15 février 2015 à 20h au Théâtre Poème
Que reste-t-il de nos amours? Pour Antonia et son mari, pas grand chose semble-t-il. Ou plutôt quelque chose qui ressemble à de la possession, en tout cas pour lui. Suite à la valse incessante des maîtresses toutes plus jeunes les unes que les autres, Antonia crie, tempête et joue de la gâchette, se tirant une balle le lundi, se jetant par la fenêtre le mardi et se pendant le jeudi. Mais suite aux conseils de son fils, elle décide de jouer le jeu du couple ouvert à deux battants.
Tenez-vous bien, vous vous embarquez dans une scène de ménage qui, tout comme Qui a peur de Virginia Woolf, ne se terminera qu’avec le coucher du rideau. Carmela Locantore en Sofia Loren faisant des flexions pour remonter sa fesse désespérément molle, et Franck Daquin, en Nanni Moretti pantalons de velours et coureur de jupons, se castagnent, se maltraitent comme comme sans s’en rendre compte, par habitude, et comme ils s’aiment, finalement.
Si l’énergie plafonne à certains moments et manque légèrement de nuance, le jeu d’acteurs et l’énergie déployée emportent dans un toubillon méditerranéen passionné et ravageur. Les répliques sont autant de coups de revolver, de verres jetés à la figure avec un détachement parfois cynique mais toujours hilarant. Les personnages se parlent, parlent au public, vivent leur vie et la commentent en même temps avec une vivacité et une réactivité incroyables, passant du jeu à l’adresse au spectateur avec un tac-au-tac déconcertant.
La mise en scène joue avec une scénographie légèrement excessive. La rampe est ostensiblement en carton, les moulures des portes sont peintes, attirant un peu trop l’attention, là où un plus grand minimalisme aurait été moins invasif et auraient laissé plus de place à l’essentiel, le jeu pur et simple. Mais finalement, ce légèrement trop, cet excès, n’est-il pas une autre manifestation de l’exagération méditerranéenne dont le plus bel exemple est le jeu exacerbé de Carmela Locantore, en femme au foyer désabusée et dont même les tentatives de suicide sont devenues machinales?
Couple ouvert à deux battants est un vaudeville à l’italienne à l’humour décapant eau rythme parfaitement maîtrisé malgré quelques petites imprécisions. Mais ne boudons pas notre plaisir pour si peu, mamma mia que c’est bon!