La Corde du diable (Devil’s Rope)
de Sophie Bruneau
Documentaire
Sorti en DVD le 17 juin 2016
C’est l’histoire d’un outil universel et familier : le fil barbelé. Elle remonte aux premiers colons, à l’esprit de Conquête et à la chasse au sauvage. Elle s’ancre dans l’espace-temps de l’Ouest américain. C’est l’histoire d’un petit outil agricole qui bascule en histoire politique et s’emballe avec le train du capitalisme. C’est l’histoire de l’évolution des techniques de surveillance et de contrôle. L’inversion d’un rapport entre l’Homme et l’animal. C’est l’histoire du monde de la clôture et de la clôture du monde.
Devil’s Rope (La Corde du Diable), c’est un peu tout ça. Derrière ce programme alléchant se cache une réalisation de Sophie Bruneau qui s’adresse pourtant aux experts et autres adeptes avertis du documentaire plus qu’aux néophytes et curieux en quête de « documentation ».
L’esthétisme, très géométrique, s’apparente à une longue poésie où travellings latéraux et plans fixes font office de rimes et de quatrains. Avec une grande maîtrise, la réalisatrice belge se pose avec délicatesse et profondeur sur l’histoire du fil barbelé au travers de rencontres hétéroclites : du cow-boy au collectionneur de barbelé en passant par le fabriquant et les utilisateurs du barbelé.
Une analyse en profondeur du documentaire ne manquera sans doute pas de mettre en lumière une réelle question philosophique sur la question de la propriété, du parcellement arbitraire du Monde et des injustices. Mais malgré cela, le spectateur ne voit pourtant, à la surface, qu’un travail sur la forme (par ailleurs très réussie) plutôt que sur le fond.