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    Michel François fait entrer la poésie du quotidien au Bozar avec Contre Nature

    Invité par le Bozar pour célébrer ses quarante ans de carrière, l’artiste belge Michel François propose de transposer son atelier dans les salles du musée. Contre Nature est un « oeuvre d’art totale » créée spécialement pour le lieu, une rétro-prospective comme l’artiste l’a nommé.

    Utilisant des matériaux banals du quotidien, parfois même issus de la nature, pour générer ses oeuvres, Michel François s’exprime également à travers de multiples supports tels que la photographie, la vidéo et la sculpture. Le travail de l’artiste est fait de contradictions; la fragilité et la force d’éléments qui se tiennent ensemble, la construction lente et la destruction rapide d’une oeuvre, tout chez lui tend vers une certaine poésie. Sensible aux phénomènes simples et répétitifs du quotidien et aux grandes conséquences de gestes semblant anodins, Michel François transpose son univers au musée.

    C’est au total plus de 30 oeuvres réalisées sur ses quarante ans de carrière que l’artiste propose au Palais. Le parcours a été pensé à l’image des appartements bourgeois bruxellois, par succession de pièces. Chacune ayant son thème, reprenant des grands concepts de la pratique de l’artiste; Blind Spot, Théâtre des opérations, Jardin contre nature, Hétérotopie, Scènes des abandons et Pièces à conviction.

    Michel François, Bibliothèque à la Havane, 1996-2008 / photographie

    Entre opposition et poésie

    La notion de contre nature se retrouve tout au long de l’exposition. Dans l’espace intitulé Théâtre des opérations, un drapeau blanc flotte au rythme d’un mécanisme soufflant de l’air derrière lui. L’homme recrée un élément naturel dans un espace où il n’a pas lieu d’exister.

    Dans l’espace suivant, Jardin contre nature, est posé un bloc de sel de gemme est sur lequel coule lentement des gouttes d’eau, qui finiront, le temps de l’exposition, par le faire disparaître. L’oeuvre parle d’un choc temporel, la vitesse de destruction du bloc étant très rapide en comparaison à sa vitesse de formation. Le spectateur assiste à ce spectacle de destruction. Le bloc de sel est posé sur un socle en asphalte que le sel finira par contaminer en y laissant des marques blanches.

    Installation views,© Philippe De Gobbert

    La beauté du quotidien

    Contre Nature se termine par une oeuvre composée de tubes en verre brisés en leur centre, comme la marque d’un geste simple, un passage qui détruit. Un mur de briques se dresse devant le spectateur. L’image dur et froid du mur s’estompe lorsque l’on s’aperçoit que les briques sont molles et beige clair et que l’enduit est de couleur bleu ciel. Une nouvelle image s’installe dans notre tête; celle d’un ciel bleu parsemé de nuages. L’exposition se clôture sur cette touche de poésie, propre à Michel François, avec comme message : il vaut mieux regarder à deux fois pour voir la beauté qui nous entoure.

     

    Anaïs Staelens
    Anaïs Staelens
    Responsable de la rubrique Arts/Expos Journaliste du Suricate Magazine

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