Dans le cadre du Brussels Design Septembre s’ouvre au Musée Horta l’exposition Comme sur du velours. Regroupant cinq créateurs textiles et deux corps de métier, l’exposition invite le spectateur à redécouvrir le musée sous un nouveau jour.
Ayant comme volonté de faire la promotion de jeune artiste émergeant, le Musée Horta construit ses expositions en manière triangulaire entre l’institution, les artistes contemporains et le savoir faire, ici représenté par deux groupes d’intervenants : la manufacture de tissage Van Neder de Coutrai et les sabreuses de velours Florence et Martine Moulis de Arles. Le musée est dirigé comme un espace vivant qui peut être modifié au fil des expositions, pour Benjamin Zurtrassen le conservateur du musée, son espace n’est pas figé dans le temps. Il y a une volonté de laboratoire pour les artistes, ils ne sont pas invités dans un lieu emblématique de Bruxelles mais ils sont invités à le modifier et le sublimer par leurs œuvres.
De l’espace privé à l’espace public
En utilisant le velours pour créer un étui recouvrant la breakfast room, Flore et Pauline Fockedey joue avec les notions publiques et privées du lieu. Le motif de Care Cover est celui des anciens trams de la Bruxelles utilisant la technique du bouclé coupé, lui donnant un aspect tridimensionnel qui atténue les marques d’usures. Les artistes réfléchissent à l’aspect public du lieu qui était récemment privé. Le coquillage représenté sur le tissu fait référence aux coquillages disposés sur les différents sièges du musée pour dissuader avec délicatesse et poésie les spectateurs de s’y asseoir. L’œuvre peut également faire fonction de protection puisqu’elle recouvre une banquette en velours ancien qui doit être recouverte chaque été pour la préserver des rayons du soleil.
Louisa Carmona s’installe dans la cuisine du musée. Cette pièce était, dans la conception de la maison, un lieu caché, destiné aux domestiques et uniquement accessible par un escalier de service. L’artiste joue sur cette notion de caché, de ce qui est donné au regard et de ce qui en est soustrait pour créer son œuvre : Sous la maison, la cuisine. En utilisant un velours de lin et de coton, moins doux et souple que le velours classique, elle crée des formes de tissus évoquant des vases. Les couleurs et le motif ligné rappellent des essuies de vaisselle et des noms tissés s’entremêlent dans les tissus. Ces noms reprennent le vocabulaire lié eu nettoyage du textile lorsqu’il se faisait encore de manière manuelle. Cette œuvre, directement inspirée du lieu dans lequel elle s’expose, se veut témoin de geste du passé, disparus aujourd’hui, mais qui réhabitent exceptionnellement le musée.
Entre art contemporain et savoir-faire traditionnel
Influencée par la nature, Elise Peroi propose un théâtre de marionnettes en hommage aux fleurs et s’inspirant de la composition du jardin de la maison. Installée dans le boudoir, son œuvre intitulée La lisière cohabite parfaitement avec l’espace de la pièce qui lui permet d’être visite des deux côtés. Les rideaux du théâtre sont peints à l’aquarelle et laissent apparaître un duo de fleurs dans les tons bleu et beige. Elise réalise un gant au bout duquel sont reliés des fils menant à des pétales, tel l’outil qui serait utilisé pour donner vie au théâtre en faisant danser les pétales.
Quelques mois avant la création de l’œuvre elle rencontre Florence et Martine Moulis, deux sabreuses de velours, une technique traditionnelle et minutieuse visant à créer des zones de velours à la main à l’aide d’un outil. Une collaboration voit le jour entre les artistes et quelques zones de l’œuvre d’Elise Peroi sont sabrées manuellement par Florence et Martine. Cette technique apporte du relief et de la délicatesse à l’œuvre, déjà très poétique de par son sujet et d’autre part la pratique d’Elise Peroi qui joue avec les notions de vide et de plein dans les œuvres tissées.
Marc Van Hoe présente The Ambassadors 1533 Reframed, une installation qui pose la question de la représentation du velours à travers l’histoire. Vu comme un patrimoine, il était utilisé comme matière de commerce entre l’Orient et l’Occident. Le velours des tentures et des nappes est fait à base de lin et de soie artificielle naturelle qui renvoie à un héritage du passé. Il présente ici une technique de velours ancienne, le velours à la baguette, réalisé par tissage mécanique à la manufacture de tissage Van Neder.
En regroupant des artistes contemporains et des savoirs-faire traditionnel, l’exposition Comme sur du velours permet au spectateur de découvrir ou redécouvrir de nouvelle manière de travaille le velours. En détournant ce matériaux de sa fonction première et historique, à savoir l’ameublement, les 5 artistes exposés offrent au Musée Horta une nouvelle configuration en inventant ce musée emblématique de Bruxelles.
- Ou? Musée Horta, rue Américaine 27? 1060 Bruxelles
- Quand? Du 13 septembre au 30 juin et du mardi au vendredi de 14h à 17h30 et le samedi et dimanche de 11h à 17h30
- Combien? 12€, différents tarifs réduits possibles