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    Combat de nègre et de chiens : huis-clos à l’africaine

    De Bernard-Marie Koltès, mise en scène de Thibaut Wenger, avec François Ebouele, Thierry Hellin, Fabien Magry, Berdine Nusselder. Du 24 avril au 5 mai 2018  à 20h30 au Varia Crédit photo : Christophe Urbain

    C’est dans une ambiance tendue, entre pénombre et grincements, que s’ouvre la première scène de Combat de nègre et de chiens. Une table jonchée de bouteilles de whisky se perd entre d’immenses piliers vissés dans un sol de terre, témoins d’un pont inachevé. Des lumières artificielles percent la nuit, ponctuée de bruits métalliques, entre ventilateurs et éclats de talkies-walkies.

    La pièce, écrite en 1980 par Bernard Marie-Koltès, relate un huis-clos tendu entre trois hommes et une femme, perdus sur un chantier en Afrique. Dans la chaleur palpable du lieu, les hommes vont s’affronter autour de la mort d’un ouvrier. Au choc des cultures et à l’incompréhension se mêle l’hypocrisie, et, surtout, une violence sourde, latente, prête à exploser à chaque instant.

    La splendide scénographie d’Arnaud Verley, aidée de la très belle création lumière de Matthieu Ferry et la création son de Geoffrey Sorgius, permet de rendre compte de cette tension anxiogène qui traverse la pièce. Les effets spéciaux sont très réussis, et nous transportent véritablement dans l’univers malsain et transpirant du chantier. On y perçoit la solitude, l’enfermement, l’ennui, qui corrompt les hommes et les réduisent à un état presque animal. Comme souvent chez Koltès, la folie n’est pas loin ; les personnages vacillent entre lucidité et fantasmes, toujours sur le point de basculer.

    On regrettera justement ici un traitement peut-être trop unilatéral des personnages, dont la folie, clairement affichée, sera utilisée comme un des ressorts principaux du jeu. On aurait pu apprécier plus de nuances dans les voix, pour mieux rendre honneur aux tirades – certes nombreuses, et parfois ardues – qui constituent le texte. Mais l’ensemble est cohérent ; certains moments forts transmettent avec brio l’absurdité de l’existence des personnages, qui peinent à trouver du sens dans le monde clos qui les abrite.

    Une pièce relativement difficile donc, et il faudra s’armer de concentration pour la traverser sans encombres. Mais une pièce qui vaut le coup, pour la portée de son sujet, l’actualité des problématiques qu’elle évoque, et la beauté des tableaux qui nous sont offerts par l’équipe artistique.

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