Coeur de pédé, raconte l’histoire d’un trentenaire dont le coeur a été brisé par son partenaire. Toute rupture est douloureuse, celle-ci a la particularité d’ouvrir une fenêtre sur la communauté gay bruxelloise. « Pédé » n’est plus péjoratif, que du contraire. Une réappropriation qui tue l’insulte. Le docteur le lui confirme, il a vomi des bouts de coeur. « Peut-on vivre le coeur brisé ? » C’est toute la question posée par Guillaume Druez, alors qu’il relate ses déboires amoureux en jouant avec les mots. Dans la dernière partie du spectacle, sa mère (Manuela Sanchez) vient le soutenir, révélant l’attachement qu’il lui porte tout en donnant un nouveau souffle au spectacle. Sincérité au rendez-vous.
A l’origine
Troisième spectacle de cet artiste pluridisciplinaire, après Bocal (2019) et Nous, les grosses (2020), Coeur de pédé s’appelait initialement Monologue travesti. Guillaume a choisi d’éliminer tout artifice et la drag queen s’est transformée en pédé. La pièce est devenue complètement personnelle puisque l’artiste y joue son propre personnage. Une transparence courageuse.
Le fond
Amour et sexe se partagent les devants de la scène. Parfois cru, le monologue est teinté d’humour : « Acheter un nouveau coeur ? Chez Hema, il n’y en a plus. » Guillaume, détenteur d’un diplôme en littérature, maîtrise les mots et joue avec les rimes. L’acteur qui est aussi auteur et metteur en scène partage ses déboires amoureux avec le public, sans fausse pudeur mais sans vulgarité.
Qu’en penser ?
Le récit est brut, dénué de tout artifice et c’est le but recherché. Que vaudrait un tel récit s’il n’était pas sincère ? Bien que le sujet ne soit pas réjouissant, Guillaume ne s’apitoie pas sur lui-même. L’humour rend le récit plus léger. La présence de la mère, comme un hommage discret, va dans le même sens. Un spectacle intéressant, assez court (1 heure), qui ouvre une porte sur un milieu que la majorité d’entre nous ne connaît pas, comme une invitation. Une belle initiative.