Scénario : François Rivière et Laureline Mattiussi
Dessin : Laureline Mattiussi
Éditeur : Casterman
Sortie : 16 août 2020
Genre : Biographie, Roman graphique
Le nouveau roman graphique consacré à Jean Cocteau (1889-1963) sorti aujourd’hui chez Casterman est très différent des bandes dessinées biographiques habituelles. À travers des illustrations en noir et blanc et de nombreuses scènes sans dialogue, Cocteau, l’enfant terrible rend hommage à la vie et à l’œuvre de cet artiste multiple qui a marqué l’art, la littérature et le cinéma du XXe siècle.
Une approche originale
Plutôt que de reproduire des dessins, des photos de Cocteau ou des images de ses films, Laureline Mattiussi s’est inspirée de son univers artistique dans ses propres dessins. On retrouve donc au fil des pages des thèmes récurrents chers à l’artiste : des masques, des têtes d’animaux, des marins, ou encore des arlequins. On découvre aussi les personnages clés qui ont accompagné son parcours, de Raymond Radiguet à Jean Marais, en passant par Proust, Anna de Noailles, Picasso et Max Jacob.
Si le texte contient quelques citations et fragments de poèmes, les scènes dialogues sont régulièrement entrecoupée de passages muets plus oniriques qui rappellent l’importance de l’imaginaire pour Cocteau. Alors qu’il a traversé deux guerres mondiales, l’artiste s’intéresse eu à la politique et au réel, préférant se réfugier dans l’art et dans la provocation.
Un personnage adulé et détesté
Afin d’offrir une vision critique du personnage, les scénaristes ont imaginé un faux procès qui met en scène Cocteau face aux « juges » de la postérité. Ceux-ci lui reprochent notamment son côté mondain et son dilettantisme, ses aventures passionnelles (il était homosexuel), ou encore son mauvais caractère. Peu apprécié de ses contemporains surréalistes, Jean Cocteau a malgré tout eu son lot d’admirateurs, notamment après le succès de son film La Belle et la Bête en 1946. En 1955, il est même élu à l’Académie française.
Très documenté, Cocteau, l’enfant terrible évoque de nombreux moments charnières peu connus du grand public, comme le « choc esthétique » de l’artiste en découvrant Le Sacre du Printemps en 1913, son engagement comme ambulancier pendant la première guerre mondiale, ou encore la réception de sa pièce de théâtre avant-gardiste, Parade, en 1917. Mieux vaut toutefois avoir quelques connaissances de base sur l’œuvre de Cocteau pour apprécier toutes les références glissées au fil de l’ouvrage.