C’mon C’mon
de Mike Mills
Drame
Avec Joaquin Phoenix, Gaby Hoffmann, Woody Norman
Sorti le 26 janvier 2022
Johnny réalise un reportage radio sur les peurs et les envies d’enfants de tout âge concernant leur avenir. Alors qu’il reprend brièvement contact avec sa sœur avec qui il ne communique que très peu, il se retrouve à garder son neveu Jesse, un enfant de neuf ans excentrique qui aime prétendre être un orphelin abandonné et élaborer des théories complotistes.
Entièrement tourné en noir et blanc, le film donne aux images de villes un aspect graphique et apaisant, loin du clinquant qu’on retrouve souvent dans les images de Los Angeles et New York.
A mesure que Johnny apprend à connaître et à s’occuper de son neveu, il se retrouve confronté à de nombreux questionnements concernant sa vie actuelle en solitaire et ses relations avec les autres, en particulier avec sa sœur avec qui il renoue peu à peu un dialogue perdu depuis la mort de leur mère. Si les protagonistes sont sympathiques et ont droit à quelques belles scènes riches en émotions, le film dans sa globalité semble malheureusement tomber à plat à cause de certains choix de narrations qui manquent de pertinence au vu des thèmes abordés.
Le film parle notamment d’écouter – de vraiment écouter -, il apparaît donc particulièrement curieux que le point de vue de Viv, la mère de Jesse et sœur de Johnny, ne soit jamais réellement abordé malgré les difficultés qu’elle endure et le souhait du réalisateur de parler de la parentalité et du standard improbable auquel sont soumis les mères.
Quant aux morceaux choisis d’interviews avec les enfants, qui ne jouent pas de personnages et exposent donc leurs réelles inquiétudes et ambitions sans artifices, ils auraient non seulement mérités leur propre film, mais participe ici à affaiblir le poids des scènes tournées avec les acteurs.
Contrairement à ce que le bref synopsis du film peut laisser à entendre, le récit n’est jamais vraiment à propos des enfants, mais bien de ce que ces enfants, leur sincérité, leur honnêteté, leurs questionnements crus et sans filtre, apportent à Johnny en tant qu’adulte sur ce qu’il doit changer dans sa vie, sans lui laisser la possibilité de se dérober face à des questions embarrassantes auxquelles il ne veut vraiment pas réfléchir.
Le récit paraît alors déséquilibré, entre d’un côté la fiction, où tout semble se régler bien comme il faut malgré les accrochages ponctuels, et de l’autre les scènes de témoignages réels beaucoup plus intenses, qui sont laissées de côté de manière assez abrupt.
La caméra resserre sur les dilemmes d’un quinquagénaire qui se sent seul, en nous faisant entr’apercevoir une série de brefs portraits qui aurait clairement méritée d’être approfondie.
Même si on éprouve de la sympathie pour les protagonistes qui nous offrent quelques beaux moments, et malgré une photographie superbe et un travail du son minutieux, on regrette tout de même tous ceux que la narration a laissés de côté.