À l’occasion de la sortie de son nouveau single Dans sa tête, nous avons rencontré Cloudie, chanteuse pop indépendante. À 27 ans, elle aborde sans détour des thèmes comme la santé mentale, son univers créatif, le lien avec ses fans et pourquoi avoir attendu pour se lancer dans la musique.
Écouter pour la première fois les mélodies pop fruitées de Cloudie, c’est un peu comme flotter sur un nuage. La chanteuse maîtrise l’art de capturer ces petits frissons amoureux et cette douce ivresse de l’inconnu. Elle les emballe dans des hymnes pop comme On va où ? et À demain, portés par des rythmes légers et une voix douce, capables de désarmer même les plus sceptiques de l’amour.
Chanter ses émotions ? Pour Cloudie, c’était une évidence depuis toujours. À seulement six ans, elle entre à la Maîtrise de l’Opéra de Liège, où elle découvre sa passion pour la musique. Quelques années plus tard, en tant que jeune adulte, elle explore la scène pop rock dans un groupe avec des amis de l’université de liège avant de se lancer en solo.
Après un premier EP pop, Alter Ego (2023), où chaque titre explorait une facette différente de sa personnalité, et un single estival Hot Girl Summer (2024), Cloudie revient plus affirmée que jamais avec Dans sa tête. Ce single, en guise d’avant-goût, annonce un second projet plus mature, explosif et coloré, prévu pour le printemps 2025.
Comment est-ce que vous vous sentez à la veille de la sortie de Dans sa tête?
À la fois, je suis surexcitée, parce que c’est un accomplissement de ouf et à la fois, je suis stressée, parce que l’un des aspects les plus difficiles d’être un artiste indépendant, c’est que tout repose sur toi. Du coup, je me dis que si quelque chose tourne mal, c’est à moi de gérer. Je dois vérifier que tout est en ordre : les plateformes, les visuels, la promo, etc. Mais c’est surtout l’excitation qui prend le dessus : recevoir les retours des gens, découvrir leurs avis, et enfin partager ce sur quoi je travaille depuis si longtemps. Parce qu’au final, il y a tellement de temps qui s’écoule entre la création d’une chanson et sa sortie. Surtout pour celle-ci. J’ai retrouvé un mémo vocal du jour où je l’ai commencée : c’était en mars 2022.
À propos de la chanson, vous avez dit sur les réseaux sociaux que “sortir cette chanson me donne le vertige. J’en ai la nausée”. Qu’est-ce qui vous fait ressentir cela par rapport au morceau ?
Le morceau aborde plusieurs éléments. On va dire que le sujet principal, c’est la santé mentale et plus spécifiquement, tout ce qui peut en découler, toutes les différentes maladies, que ce soit la dépression, que ce soit l’addiction, que ce soit toutes ces choses-là.
Je trouve que c’est un sujet à la fois très personnel et qui touche tellement de monde qu’il est difficile de trouver le bon angle pour l’aborder sans être moralisateur. C’est un sujet délicat, où l’on peut facilement tomber dans des clichés ou exprimer des choses d’une manière qui n’était pas prévue, mais que les gens perçoivent ainsi. Ce sont des thématiques qu’il faut traiter avec précaution. D’autant plus que, pour cette chanson, je l’ai vraiment écrite sur le vif. J’ai toujours un peu peur de me dire qu’au final, c’est les mots que j’avais envie de dire à ce moment-là, c’est les mots qui m’ont fait du bien d’écrire. Et t’as toujours un peu peur que ça blesse d’autres gens, malgré toi.
Vous avez peur de la réaction du public ?
Oui, un peu. Le sujet est tellement important que je suis qui pour parler de ça. Et je voulais essayer de l’aborder d’une manière différente. J’ai toujours vécu une proche de gens qui se sont touchés fortement par ce genre de problème. Et c’était plus cet axe de se dire à un moment donné, quand est-ce que tu peux aider tes proches et jusqu’où est-ce que tu peux les aider sans te perdre toi et après te retrouver dans une situation où toi-même, tu te sens mal.
Est-ce qu’il y a un moment où vous vous êtes perdu vous-mêmes ?
Oui, et je pense que c’est à ce moment-là que cette chanson est née. C’était un instant où je me suis dit, comme si ça m’avait frappée : cette chanson est sortie de moi, presque comme un instinct. Et aussitôt, j’ai pris du recul en me disant : « OK, là, il faut que tu te recentres sur toi-même ». Parce que si tu n’es plus toi-même, tu ne peux ni aider les autres ni être présent pour ceux qui t’aiment et qui traversent des moments difficiles.
Qu’est-ce que vous voulez que les gens retiennent de votre chanson ?
Je pense que le message principal, c’est de se dire que, déjà, on n’est jamais tout seul dans ce genre de situation et qu’on se rend pas forcément compte de qui peut vivre quel genre d’histoire et que c’est important de toujours avoir le recul nécessaire, de pas juger les gens par leurs réactions, peu importe, parce qu’on sait pas ce que les gens vivent et que c’est important d’en parler, évidemment.
Que ça soit quand ça nous touche directement, nous, les problèmes du santé mental ou quand ça touche un proche et que, par écho, ça nous touche nous et qu’au final, justement, on sait pas où mettre la limite, on sait pas où est ce moment de dire stop et que même là, il faut pas hésiter à en parler. C’est pas parce que c’est pas notre histoire directement que ça nous touche pas. C’est pas parce que c’est pas notre maladie directement que ça nous affecte pas et que c’est tout aussi important d’en parler quand on est un side que quand on le vit.
Avec ce single, on a l’impression que vous franchissez une nouvelle étape dans votre univers artistique, et peut-être même dans votre carrière, en vous dévoilant davantage à votre public. Est-ce que vous vous sentez prêtes à ce que certains fans commencent à se confier à vous, notamment en messages privés, et que vous devenez un peu leur confidente ? Avez-vous réfléchi à cette possibilité ?
J’ai déjà vécu plusieurs fois des situations où des personnes sont venues se confier à moi. Même à petite échelle, je réalise l’impact que mes chansons peuvent avoir. Quand je pense à des artistes comme Louane ou Angèle, je me dis qu’à leur niveau, ça doit être difficile de ne pas absorber toutes les émotions des autres.
Je suis très empathique et ça peut m’affecter quand c’est trop. Mais à mon échelle, c’est plus facile. C’est presque comme si je connaissais ces personnes, parce que ce sont souvent les mêmes que je croise comme ceux qui ont fait Liège-Paris pour venir me voir. C’est complètement fou mais avec ces auditeurs, c’est presque familial. Je commence à connaître leur vie, et je me sens à l’aise de dire : « Là, je ne peux pas gérer cette info », et je sais qu’ils comprendront. Leur bienveillance me permet de poser des limites sans problème.
Pour les personnes qui ne te connaissent pas du tout, comment décrirais-tu ton univers artistique et ton image ?
Je pense que la meilleure manière d’appréhender mon projet, c’est de partir du nom. « Cloudie », c’est bien sûr en référence au nuage, qui représente deux facettes importantes pour moi. D’un côté, il y a le côté enfantin, le petit nuage qu’un enfant de 4 ans dessine, naïf et mignon. C’est un peu comme ça que j’écris mes chansons, de manière honnête et spontanée, comme je parle. Et de l’autre côté, le nuage, c’est aussi l’orage, qui symbolise pour moi le stress, l’anxiété, la peur, des émotions plus sombres. Ce contraste entre la légèreté et la mélancolie reflète bien mon univers. Si je devais résumer mon projet en un mot, ce serait ça : une sorte de mélancolie heureuse, une ambiance qui mélange des paroles parfois profondes avec des mélodies où tu te dis « Ah, c’est sympa, on peut danser dessus ! ».
Ce thème du nuage, il est apparu à quelle période ?
Il est vraiment apparu dès le début du projet. Quand je cherchais un nom, j’ai passé des heures à brainstormer avec ma famille et mes proches. Je voulais absolument intégrer mes initiales dans le nom, tout en ayant un symbole qui me parle vraiment. Finalement, j’ai trouvé un nom qui combine les deux : un clin d’œil à mon nom et à ce que le nuage représente pour moi.
C’est drôle que vous parlez de vos proches, parce que vous disiez que vos parents voulaient surtout que vous fassiez des études. Qu’est-ce qui a changé depuis 2023 ?
J’ai eu mon diplôme ! (rires) Mes parents ont toujours soutenu la musique, mais pas comme premier choix de carrière. Pour eux, la sécurité passait avant tout. Avec le recul, je suis vraiment contente d’avoir fait des études de marketing. Ça m’aide énormément en tant qu’artiste indépendante, soit pour gérer moi-même ma promo, soit pour mieux comprendre les aspects techniques. Maintenant que j’ai mon diplôme, mes parents sont complètement derrière moi. Ils viennent à tous mes concerts, sans exception. C’est à la fois adorable et intense, parce que, eh bien, c’est mes parents ! Mais avoir un soutien inconditionnel comme ça, c’est vraiment précieux.
Avez-vous un featuring en tête que vous aimeriez réaliser prochainement ?
Peut-être qu’il y a quelques collaborations en préparation. Je ne peux pas en dire trop, mais ça montre que mon projet évolue. Je me sens assez bien dans ma propre musique pour envisager de mixer nos univers et créer quelque chose d’incroyable ensemble.
Vous avez décidé de vous lancer en tant qu’artiste solo à 25 ans, alors que beaucoup de musiciens commencent plus jeunes. Pensez à Angèle, qui a percé à 20 ans. Comment vous ressentez le fait de vous lancer, disons, un peu plus tard ?
Aïe, c’est vrai ! Mon anniversaire est dans une semaine et j’aurai 27 ans. Ça commence à faire vieux ! Je ressens des sentiments partagés à ce sujet. Parfois, je me dis que c’est trop tard, que je perds mon temps, mais d’autres fois, je me rappelle des artistes comme Sabrina Carpenter ou Dua Lipa qui ont le même âge que moi et qui explosent maintenant.
Je me dis donc que ça n’a pas vraiment d’importance. À 20 ans, j’étais tellement immature. Je n’aurais pas pu réaliser un dixième de ce que je fais aujourd’hui. Finalement, je suis contente d’avoir pris le temps de trouver ce que je voulais vraiment. Avant, je faisais surtout des covers et des petites chansons mignonnes, sans grande ambition. Maintenant, je sais que je veux en faire un vrai projet professionnel. Je pense que, plus jeune, je n’aurais pas pu assumer tout ça comme je le fais aujourd’hui.
Dernière question, est-ce qu’on peut avoir une exclusivité pour nos lecteurs?
Oh ! Là, je réfléchis. Je réfléchis si Tania va être fâchée si je le dis comme ça. Je dis l’info, mais je dis pas la date c’est un bon juste milieu. On a un EP qui suivra ce single dans un futur moyen, dirons-nous. Et avec cet EP, il sera organisé une release party au Botanique Qui sera incroyable et que j’annonce très bientôt sur mes réseaux sociaux.
Donc ça, c’est la trop bonne nouvelle. Me dire que je vais jouer au Botanique, c’est genre… Je suis surexcitée comme une enfant. C’est genre une salle mythique de Bruxelles. Et c’est trop bien. Donc ouais, une release party au Botanique.
Dans sa tête est disponible sur les plateformes de streaming.