auteur: Christine Leunens
éditions : Philippe Rey, collection Fugues
date de sortie : 16 octobre 2014
genre : Poche, guerre, huis-clos, psychologie
Johannes Bretzler naît à Vienne en 1927. Bientôt, l’Autriche sera annexée par l’Allemagne et enfants et adolescents sont immergés dans les Jeunesses hitlériennes qui s’insinuent dans toutes les écoles. Soumis à un lavage de cerveau perpétuel, Johannes se montre particulièrement enfiévré et vénère par-dessus tout son mentor Adolf Hitler. Il rêve de pouvoir faire partie de sa garde rapprochée : un honneur auquel seuls les plus parfaits physiquement ainsi que les plus soumis à sa cause peuvent prétendre. Johannes, pressé de faire ses preuves, prend part au combat mais en revient affreusement mutilé et défiguré, à seulement 17 ans. C’est alors que démobilisé, il découvre Elsa, une jeune juive cachée par ses parents dans un cagibi de la maison. Lui, l’anti-juif est d’abord fasciné par le pouvoir qu’il pourrait avoir sur elle : il ne considère pas Elsa comme une invitée, mais comme sa prisonnière. Mais peu à peu, la douceur de la jeune fille, et son apparent manque de dégoût pour ses infirmités, vont faire naître chez lui un amour dévorant et particulièrement malsain. A la fin de la guerre, refusant de laisser partir Elsa, il lui dit que ce sont les nazis qui ont gagné la guerre. Si elle veut vivre, elle doit rester cachée…
S’ensuit alors une hécatombe dans la vie de Johannes, qui se retrouve finalement seul avec sa proie pour une très longue cohabitation où l’on se demande qui manipule l’autre en fin de compte. Johannes écartelé entre sa passion et sa haine qui retient Elsa prisonnière à force de mensonges ? Ou bien Elsa, qui sous ses airs innocents, semble bien avoir tout compris de la duplicité de son geôlier et l’entraîne dans un jeu de dupes des plus morbides ?
Un huis-clos entre deux personnages ravagés par ces années de guerre, un jeu pervers entre un chasseur et sa proie qui nous pousse à nous balancer au bord de ce gouffre où les protagonistes se laisseraient volontiers tomber si l’instinct de survie n’était pas le plus fort. Le ciel en cage nous laisse une impression de dégoût effroyable pour les déséquilibres mentaux pouvant naître de la nature humaine et alimentés par la perversion qu’utilise l’un pour se venger de l’autre et vice versa. Un récit inquiétant, angoissant, voire monstrueux quelquefois, mais extrêmement puissant.