Child’s Play
de Lars Klevberg
Horreur
Avec Aubrey Plaza, Gabriel Bateman, Brian Tyree Henry, Tim Matheson, David Lewis
Sorti le 19 juin 2019
Alors que les aventures de la « poupée sanglante » Chucky ont donné lieu à sept films depuis une trentaine d’années – de l’original de Tom Holland en 1988 au DTV Cult of Chucky il y a seulement deux ans – voici que le film initial se voit accorder l’insigne honneur de se faire « remaker » ou « rebooter » selon le terme choisi. Et si le fan de genre est parfois enclin à regarder la vague de remakes de ses « classiques » chéris ayant actuellement cours d’un mauvais œil, le spectateur de bonne foi pourra se réjouir devant cette nouvelle version qui a l’énorme mérite de ne précisément pas proposer une copie de l’original.
Quitte à partir sur des bases identiques, autant s’en éloigner pour proposer un tout autre film que celui qui a été vu et revu par son public cible et sa cohorte d’adorateurs. C’est selon ce précepte que le scénariste Tyler Burton Smith et le réalisateur Lars Klevberg semblent avoir construit leur version de Child’s Play, laquelle ne garde finalement de l’originale que l’idée du jouet maléfique se retournant contre ses propriétaires ainsi que le « design » de la poupée.
Tandis que, dans le film de Tom Holland, la poupée Chucky était hantée par l’âme d’un tueur en série ayant utilisé la magie vaudou pour s’y réincarner, le nouveau Chucky est une intelligence artificielle à laquelle un programmateur exploité par ses employeurs à attribué une personnalité hautement sociopathe. Et, alors que l’aspect animiste du scénario du premier film en était un des principaux atouts, le versant plus terre-à-terre et anticipatif de celui-ci lui donne paradoxalement toute une série de nouvelles possibilités scénaristiques et visuelles, qui sont pleinement exploitées.
Bien qu’à peine plus long que son modèle – 1h30 pour une 1h20 – le nouveau Child’s Play s’avère beaucoup plus touffu et foisonnant, tâtant de plusieurs genres différents dont la comédie, et proposant de pair une satire plutôt efficace de la manière dont les nouvelles technologies ont « contaminé » tous les étages de la société et un hommage plutôt réjouissant aux films Amblin, influence que l’on n’attendait pourtant absolument pas dans un film de Chucky.
Visuellement maîtrisé et assez beau, Child’s Play s’impose au gré de sa vision comme un film véritablement protéiforme, bien plus riche qu’il n’y paraît de prime abord et parsemé – comme le contrat quant à un tel film le stipulait implicitement – de quelques scènes gores jouissives. La réussite inattendue du film lui procure à sa vision une dimension assez inédite concernant un remake que l’on avait trop vite, et sans même le voir, catégorisé comme un produit formaté.