Titre : Chien 51
Auteur : Laurent Gaudé
Editions : Actes Sud
Date de parution : 17 août 2022
Genre : Roman, dystopie, thriller
Romancier, nouvelliste et dramaturge, lauréat du prix Goncourt pour Le Soleil des Scorta, Laurent Gaudé nous revient avec Chien 51, une dystopie qui devrait toucher un grand nombre de lecteurs tant ses éléments se rapprochent de notre propre ligne du temps.
Policier déclassé fouillant la zone 3 de Magnapole sous les pluies acides et la chaleur écrasante, Zem Sparak recherche dans les visions que lui procure la technologie le souvenir de l’Athènes de sa jeunesse. Mais il y a bien longtemps que son pays n’existe plus, racheté par une multinationale, GoldTex. Un matin, dans ce quartier abandonné à sa misère, un corps retrouvé ouvert le long du sternum va rompre le renoncement dans lequel Zem s’est depuis longtemps retranché.
Bien que la trame de ce roman soit efficace et que l’on ne s’ennuie pas une seule seconde en le lisant, la profondeur et l’originalité du scénario ne sont pas les arguments principaux de cette œuvre. L’attrait du récit provient de l’univers décrit par Laurent Gaudé, une société dystopique ressemblant furieusement à la nôtre, à quelques détails près. Tout en suivant l’enquête de Zem Sparak et Salia Malberg, le lecteur ne peut dès lors qu’établir des parallèles avec notre présent et se demander avec effroi si nous pourrions sombrer dans un tel enfer, à moins que nous ne l’ayons déjà fait en partie.
Reflet d’un monde capitaliste qui érige comme valeurs principales le travail et le profit, Chien 51 nous parle également d’un monde qui regarde uniquement vers l’avant, fonçant pied au plancher, au risque d’en oublier son passé, ce qui devrait également faire écho auprès des lecteurs à l’heure où l’on n’a jamais autant produit de contenu et où la conservation d’œuvres plus anciennes pose question.
Pour le plus grand bonheur des lecteurs, le nouveau roman de Laurent Gaudé est donc loin d’être uniquement un thriller d’anticipation, c’est également une excellente réflexion sur le chemin que l’on ne devrait pas emprunter, au risque de perdre une grande partie de notre humanité.