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    Charlotte Rampling touchante en femme blessée dans Hannah

    Hannah

    d’Andrea Pallaoro

    Drame

    Avec Charlotte Rampling, André Wilms, Stéphanie VanVyve

    Sortie le 7 février 2018

    Pour le premier volet de sa trilogie sur les femmes, le réalisateur italien Andrea Pallaoro livre un film âpre et sensible, tout en non-dits et en tensions, sur une femme chancelante, en état de bascule après l’arrestation de son mari. Cette femme, c’est Hannah, portée à l’écran de bout en bout par Charlotte Rampling, totalement bouleversante dans ce rôle d’épouse marquée par le destin.

    Le film s’ouvre sur une scène étrange : un long plan fixe d’Hannah qui émet de drôles de cris, en proie à de singulières douleurs. Un certain malaise s’installe avant d’être dissipé par un plan plus large où l’on découvre avec soulagement qu’elle ne faisait que des exercices d’entrainement dans le cadre d’un cours de théâtre amateur. De nouveau un trouble mais, cette fois-ci, dans un appartement. Hannah est installée à table avec son mari pour dîner, sous une lumière blafarde, et ne dit mot. La tension est palpable. S’ensuit une brève séquence où le couple prend un taxi pour se rendre dans un centre carcéral. Nouvelle coupure : on retrouve Hannah seule, chez elle, éteinte, rongée par l’angoisse, livrée à une nouvelle vie qu’elle n’a pas désirée.

    Le réalisateur italien ne dessine que les contours des faits reprochés à l’époux ; il délaisse volontairement cette partie pour mieux se consacrer aux affres d’Hannah. Après avoir mené longuement une vie de couple, celle-ci va devoir désormais composer seule. Mais comment faire face ? C’est un peu l’enfer qui se profile pour elle tant le poids de son destin semble lourd à porter. Quelques indices nous portent à croire que l’incarcération de son mari est liée à une affaire de mœurs. Hannah, par déni ou par loyauté, le soutient. Elle cherche à préserver l’équilibre familial malgré les doutes qui l’assaillent. Mais ses tentatives resteront vaines car son fils ne veut catégoriquement plus entendre parler de ses parents.

    Alors face à la douleur de l’absence, aux non-dits corrosifs et aux fêlures familiales, Hannah essaie de se maintenir à flot. Elle meuble ses journées du mieux qu’elle peut. Elle effectue des tâches ménagères chez des gens fortunés, tente de s’évader en nageant ou en suivant des cours de théâtre dont les textes à apprendre font étrangement écho à ce qu’elle vit ou pourrait vivre dans son couple. Mais emportée par son tumulte intérieur, elle perd peu à peu de l’assurance dans ses activités.

    Dans un univers aux tons froids, Andrea Pallaoro dresse le portrait intimiste et poignant d’une femme blessée. A l’aide de plans serrés, il traque les expressions du visage d’Hannah campée magnifiquement par Charlotte Rampling. Il filme ses yeux qui trahissent l’émotion contenue. La peur, la honte et l’humiliation s’entremêlent et hantent son quotidien. Derrière un miroir, dans le reflet d’une vitre, on suit son empreinte. On guette le point de bascule. Mais Hannah, bousculée par les vicissitudes de la vie, est à l’image de son prénom palindrome : elle ne prend pas de direction particulière. Prisonnière de ses choix, elle semble vouée à tergiverser.

    Si l’interprétation de Charlotte Rampling est admirable d’aliénation, certains choix narratifs et stylistiques sont cependant regrettables. Pour maintenir le suspense, la plupart des scènes ont été coupées avant la fin au risque de rendre par moment le film illisible. Le parti pris de l’intériorité, avec très peu de dialogues, finit par rendre l’histoire pesante. Et les nombreux plans fixes teintés de couleurs froides confèrent à l’ensemble une certaine monotonie ainsi qu’une impression d’inertie.

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