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    Cerise sur le ghetto de Sam Touzani : le pouvoir de dire non

    De Sam Touzani. Mise en scène de Gennaro Pitisci. Avec Sam Touzani et Mathieu Gabriel (musicien). Du 16 janvier au 18 février 2024 au Théâtre Le Public.

    Humour, amour et tendresse se partagent les devants de la scène de la dernière création de Sam Touzani, Belge d’origine marocaine, né dans une famille musulmane et devenu athée. Artiste protéiforme (danseur, chorégraphe, auteur…) et militant laïc, le comédien propose un seul en scène passionnant, soutenu par le beatbox et autres sons orchestrés par l’excellent Mathieu Gabriel. Partant du constat qu’il aurait tant souhaité avoir des « parents normaux », l’artiste nous parle de la logorrhée de son père, perturbé par une dette qu’il n’a pu rembourser, du courage de sa mère qui a tenu tête à l’ambassade du Maroc en 1972 et des faits marquants qui ont jalonnés son enfance. Un spectacle très touchant.

    La scène est nue, séparée du backstage par un voile laissant discrètement entrevoir Mathieu Gabriel, maître du son. Energique, Sam Touzani apparaît, débutant son spectacle par l’histoire de son père. A 12 ans, ce dernier se fait voler l’argent de plusieurs familles du village après s’être endormi au pied d’un cèdre et, affreusement gêné, s’enfuit tout seul vers l’Algérie. Après avoir passé 3 ans auprès de missionnaires chrétiens, il est envoyé en Europe par l’armée française. Plus tard, il se marie et s’installe chaussée de Gand, à Molenbeek. Pourquoi ce père ne s’arrête-t-il jamais de parler ? Mystère. Ca aurait été tellement plus facile d’avoir des parents normaux : « je ne veux pas qu’on traite mon père de fou ».

    Militant laïc convaincu, le comédien évoque quelques évènements de sa vie musulmane, la cérémonie de circoncision, vécue du haut de ses 5 ans, pendant laquelle, on a « zigouillé sa zigounette » ou les coups dont il a été victime à 15 ans, après avoir croqué distraitement une cerise en plein ramadan. Il a vite compris : « Ce n’est pas avec Allah que j’allais avoir des problèmes mais avec son fan club ». Avec son langage haut en couleur, ses nombreux jeux de mots et ses mimiques ne laissant aucun doute sur ses capacités de danseur, Sam Touzani nous transpose tour à tour dans le rif marocain, sur le marché de Molenbeek ou dans la pièce réservée à la prière, seul endroit dans lequel son père ne parle pas.

    Ne sachant ni lire ni écrire, droits et honnêtes, les parents du comédien ont toujours été très reconnaissants à la Belgique de les avoir accueillis. Engagé, bienveillant, humain, féministe, Sam Touzani puise le meilleur de toutes les cultures et c’est avec le sourire qu’il dépeint les heurs et malheurs de son parcours : « Nous ne sommes pas condamnés à vivre éternellement dans un monde de barbares ». Clôturant son spectacle par une note d’ouverture et de tolérance, il nous donne déjà l’envie d’assister au suivant.

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