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    Cerebrum, le faiseur de réalités à la Balsamine

    Conférence-théâtre de Yvain Juillard

    du 14 au 24 janvier 2015 à 20h30 au Théâtre de la Balsamine

    Yvain Julliard réunit dans ce seul en scène ses deux passions : la science et le théâtre. Il a étudié la biophysique avec comme spécialisation la modélisation des réseaux neuronaux et la plasticité cérébrale et se passionne pour la notion de réalité. Qu’est-ce que nous voyons ? Est-ce que nous vivons dans une illusion totale ? Chacun a-t-il sa propre réalité ? Le spectacle-conférence commence avec le choix d’un œuf parmi une centaine dans lequel se trouvaient des réponses, écrites par des enfants, à la question : comment sera le monde dans 100 ans? Un enfant répondit : « Dans 100 ans, il n’y aura plus d’humains sur terre ».

    Une foule de questions et d’interrogations découlent de ce postulat de base : pourquoi notre cerveau conditionné produit-il des illusions d’optiques ? Pourquoi le cerveau a-t-il horreur du vide ? Comment fonctionne le cerveau en cas d’amputation en inventant le concept de membre fantôme ? Qu’est-ce que la plasticité du cerveau ou les neurones miroir ? Quel est le fonctionnement des synapses ? Quel sera l’impact du neuro-marketing ? On pose aussi des questions fondamentales telles que : dans 100 ans, aurons-nous encore besoin des humains ? Qui sommes-nous ? Vers où allons-nous ? Vers quoi tendons-nous ? Si la liberté, le libre-arbitre ou encore l’amour ne sont que des illusions, que nous reste-t-il ? Ce n’est pas franchement un spectacle optimiste parce que l’avenir ne l’est pas, si on enlève la magie qui nous porte et nous donne de l’espoir. On regrette, de plus, qu’il n’y ait pas eu de véritables développements, ce n’est qu’un énoncé de faits et jamais on ne creuse plus avant le sujet.

    Malheureusement, rien ne peut rattraper cette conférence-spectacle, la mise en scène est mauvaise : un tableau noir trop peu exploité, une projection 3D d’un cerveau humain, d’illusions d’optique et de l’activité des synapses, trop décousu. Une bonne idée cependant, les dessins à la craie sur le sol noir. L’acteur (est-ce le stress ou une idée farfelue de mise en scène ?) ne connaît pas son texte. D’accord, c’est une première, tout ne peut être parfait, mais l’acteur était fébrile, cherchait ses feuilles disséminées à travers la salle, semblait perdu sans ce support et déstabilisé par ces trous de mémoire extrêmement fréquents. On a un peu l’impression d’assister à un cours d’université ennuyeux.

    C’est franchement décevant d’avoir autant de matière vraiment très intéressante à développer et d’en tirer un résultat médiocre. On ne fait que survoler les problématiques que pose la question de la véracité de la réalité sans jamais les développer et avec de grosses erreurs chronologiques. Par exemple : « le début de l’homme remonte à 200 millions d’années ». Sachant que le premier australopithèque bipède, donc se déplaçant debout, apparaît il y a environ 4,5 millions d’années, la date donnée est erronée ; ou encore « beaucoup de cultures pensent qu’elles n’existeront plus dans 100 ans » : les sociétés que l’on dit « primitives » et qui voient leur nombre diminuer à cause de la déforestation, entre autres, sont menacés et ils le savent, ce qui ne leur donne pas une idée concrète de l’avenir. Ils ont beaucoup de difficulté à s’y projeter et cela est compréhensible. Mais les Hommes ont pour but de se reproduire, de perpétuer la race humaine autant que possible, c’est ce qu’on appelle l’instinct de survie. Chaque homme rêve que dans 100 ans, tout ce qu’il a construit survive après lui.

    Le but de ce spectacle était de redonner le goût des sciences aux gens… Pour la plupart peut-être, mais ceux qui s’y connaissent un peu vont être un peu déçus de ne pas entrer réellement dans le vif du sujet

    Daphné Troniseck
    Daphné Troniseck
    Journaliste du Suricate Magazine

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