auteur : Kevin Brooks
édition : Super 8
sortie : mars 2016
genre : thriller
Lorsque Linus se réveille ce jour-là, il était assis sur une chaise roulante à l’intérieur d’un ascenseur avec un horrible mal de tête et un goût âcre en bouche. Le temps de remettre ses idées en place, il explore l’endroit où il se trouve : un espace sans fenêtres ni portes avec 6 chambres, une cuisine et une salle de bain. Le seul lien avec l’extérieur c’est cet ascenseur, blindé évidemment. En poussant plus loin sa recherche, il remarque qu’à intervalles régulier se trouvent des caméras et des micros insérés dans le plafond et protégés par des grilles. Mais que fait-il ici piégé comme un rat ? S’il n’avait pas aidé le pseudo aveugle qui le lui demandait, il n’en serait pas là. Qu’importe, maintenant il est trop tard.
Peu à peu, d’autres personnes arrivent par l’ascenseur. D’abord Jenny, une petite fille de 9 ans au regard plein d’étoiles ; Anja une belle femme prétentieuse et à l’air supérieur ; Bird un homme d’âge mûr gros vaniteux et suffisant, Fred le drogué, grand et fort comme un colosse et enfin Russel, le vieux philosophe. Tous les 6 vont devoir cohabiter dans ce lieu qui semble être un bunker anti-nucléaire selon le bon vouloir de Lui. Lui, dont le pronom est surligné d’une première lettre majuscule pour montrer sa toute-puissance à l’égal d’un dieu, c’est celui qui regarde, c’est celui qui écoute, c’est celui qui joue. C’est surtout celui qui punit.
Chaque tentative d’évasion, chaque rébellion contre l’ordre établi sont suivies d’atroces punitions : changements drastique de températures, détraquement du temps, nourriture empoisonnée, jet de produits chimiques, bruit assourdissant pendant des heures, etc. Rien ne leur sera épargné. Nos 6 protagonistes vont pourtant devoir s’entendre pour survivre, parce que leur vie est tout ce qui leur reste. Mais 6 personnes de tous horizons ont-elles vraiment une chance de s’entendre en vase clos sous cette abominable pression ainsi que de survivre sous la férule d’un psychopathe omnipotent ?
Captifs est un livre vraiment terrifiant, nous prouvant encore une fois que si l’Homme est capable du meilleur, il est au moins autant capable du pire. Sous la plume de Linus, l’ado de 16 ans qui écrit son carnet tous les jours essayant de garder une trace du temps, on suit les méandres de ses réflexions partant de l’injustice profonde et des essais d’évasions ratées à l’acceptation et l’aliénation de l’espoir pour finir par le désespoir le plus total jusqu’au don de soi. On vit son agonie et on ne peut s’empêcher de trouver toute cette histoire monstrueuse.
Si la fin était prévisible dès le début, le chemin pour y arriver est abject. Kevin Brooks nous emmène d’une écriture ferme et énergique avec des phrases courtes allant droit à l’essentiel ce qui permet de garder un rythme rapide. Mais au bout d’un moment, lorsqu’on a compris que la fin que l’on prévoyait serait inéluctable, on n’a plus vraiment envie de poursuivre la lecture. On perd espoir tout comme les personnages et c’est dans ce postulat que ce livre se révèle insidieux. Et lorsque la dernière page est tournée, un malaise tenace nous envahit et ne nous quitte plus avant un bon moment.
The Telegraph a dit de ce bouquin qu’il était « ignoble et dangereux ». Franchement, on n’aurait pas dit mieux.