De Pier Paolo Pasolini, mise en scène : Lazare Gousseau avec Jacques Bruckmann, Pedro Cabanas, Paul Camus, Arnaud Chéron, Lazare Gousseau, Alizée Larsimont, Jean-Claude Luçon, Marie Luçon, Arthur Marbaix et Eléna Pérez – crédit photo Alessia Contu
Du 18 octobre au 5 novembre 2016 à 20h30 au Rideau de Bruxelles
Pier Paolo Pasolini est principalement connu pour son œuvre cinématographique. Il est donc intéressant de découvrir son œuvre théâtrale. C’est au Rideau de Bruxelles que le défi est relevé. Si l’entreprise se révèle vite ambitieuse, elle risque d’en perdre plus d’un tout au long des deux heures et demi d’un spectacle qui explose de partout.
Calderon de Pasolini s’inspire largement de La vie est un rêve de Pedro Calderon de la Barca. L’autre influence majeure qui traverse la pièce est le peintre Diego Velazquez, une scène reprenant même l’imagerie du tableau Le réalisme sauvage.
L’intrigue suit les réveils successifs de Rosaura, toujours durant la même nuit de 1967. En pleine Espagne franquiste, elle est fille d’un riche industriel à 20 ans, prostituée des bidonvilles à 30 ans, bourgeoise frustrée à 40 ans. A chaque fois, elle ne reconnait pas le monde où elle est et découvre sa vie, les contraintes du monde où elle vit et à chaque fois un amour impossible.
En plongeant son histoire dans l’Espagne sous Franco, Pasolini tend à dénoncer cette dictature. Si le verbe est impressionnant et l’histoire bouleversante, il reste encore au spectateur à suivre l’enchaînement des situations et à saisir toutes les clés de compréhension nécessaire pour ingurgiter totalement une pièce qui ne s’arrête que très peu de temps sur les explications réalistes de l’intrigue. Il faut arriver à tenir le fil du déroulement entre les interventions de l’auteur, les essais de théâtre classique, l’intrusion dans une toile de maître, etc.
Si vous arrivez à passer cet obstacle, le plaisir est bien plus présent. Cela dû en grande partie aux efforts scénographiques qui nous font voyager entre chaque monde et à l’énergie d’acteurs investis dans leurs rôles (même si le fait de travestir les acteurs ou le grands guignolesques de certains personnages/costumes est surprenant, mais fit mouche auprès d’une bonne partie du public).
Une chose est sûre, il y a tellement à voir et à digérer dans Calderon, mis en scène par Lazare Rousseau, qu’on ne s’ennuie pas une seconde malgré la durée du spectacle.