Borotmokmedi
de Dmitry Mamuliya
Drame, Thriller
Dans le cadre de la troisième édition du festival Bridges East of West Film Days qui se tient du 22 au 26 janvier à Bozar, les spectateurs ont eu l’occasion de voir ce jeudi le film du réalisateur Géorgien Dmitry Mamuliya, Borotmokmedi (The Criminal Man), présenté à la Biennale de Venise (Orizzonti) en septembre 2019.
Giorgi Meskhi, ingénieur en chef adjoint dans une usine, assiste par hasard au meurtre du gardien de but de l’équipe nationale. Une scène qui l’affecte profondément, le contamine tel un virus et finit par devenir une obsession. Captivé par tout ce qui touche à ce crime, il étudie les lieux, les potentiels témoins et les victimes collatérales de celui-ci, comme s’il voulait le revivre et en éprouver toutes les émotions. Mais assez rapidement, il élargit sa recherche à d’autres meurtres et débute un processus de transformation mentale, au risque de devenir lui-même un assassin.
Loin des clichés
Le but du réalisateur en tournant ce film était de proposer un film Géorgien qui s’éloigne des clichés habituels de récit aux paysages magnifiques et aux personnages à l’âme pure. L’idée de départ était donc de montrer le parcours d’un homme ordinaire qui à force de suivre la piste d’un criminel endossait progressivement les habitudes de celui-ci.
Une atmosphère malsaine
La première partie du film est assez classique, Giorgi passant du statut de témoin à celui de détective privé. Avec une grande sobriété et une grande économie de dialogues, le réalisateur filme au plus près de ses personnages une situation qui tourne assez vite au voyeurisme. Une atmosphère des plus malsaine s’installe au fur et à mesure que Giorgi commence à perdre le contrôle et peu à peu à dépasser les limites de l’éthique.
Dans la seconde partie du film, la trame se complexifie. Les dialogues se raréfient et le réalisateur semble communiquer au moyen de symboles et de métaphores. Il nous emmène dans la tête du meurtrier en devenir sans nous donner toutes lé clés pour comprendre sa mutation.
Au final, le thème de Borotmokmedi est assez intéressant et la prodigieuse photographie d’Anton Gromov et Alisher Khaidkhodzhaev nous emporte dans un univers malsain et froid. Malheureusement, certains spectateurs n’auront pas toutes les clés pour comprendre la symbolique du film et Dmitry Mamuliya pourrait dès lors en laisser certains sur le bord de la route.