The Lure
d’Agnieszka Smoczynska
Drame, Thriller
Avec Marta Mazurka, Michalina Olszanska, Jakub Gierszal
The Lure, présenté dans la sélection Panorama au Brussels Film Festival, est le premier long-métrage de la réalisatrice Agnieszka Smoczynska. Sélectionné dans la compétition World Cinema Dramatic au festival de Sundance, The Lure revisite avec surprise le conte de La Petite Sirène d’Andersen en jouant avec les codes de certains genres cinématographiques tels que la comédie musicale, le thriller et les films de vampires.
« Pêchez-nous, on ne va pas vous manger », chantent les deux sirènes d’une voix angélique. La séquence d’ouverture nous propose une rencontre inédite et pour le moins inattendue avec ces deux créatures entre femme et poisson, nommées Or et Argent. The Lure n’aura de cesse de surprendre le spectateur, tant par ses personnages que ses décors, que par des dialogues incongrus ou paroles de chansons surprenantes.
Dans un décor kitsch de boîtes de nuit des années 80, Or et Argent participent à des numéros chantés et dansés. En mettant en scène des corps éblouissants à la Vénus de Boticelli, la réalisatrice place la femme — forte, à la puissance érotique développée — au premier plan.
Ces petites sirènes, tout droit issues d’un conte pour enfants, se transforment soudainement en héroïne de thriller vampirique. Leur queue de poisson, immense et visqueuse, associée à des dents de vampires, transforment ces sirènes en véritable créatures assoiffées de sang.
Elément majeur dans le film de Agnieszka Smoczynska, la monstruosité du corps est un savant mélange de genres, à l’instar du film lui-même. Lorsque la sirène tombe amoureuse du jeune homme blond au visage de poupon, Argent doit perdre sa queue et recevoir des jambes pour pouvoir vivre cet amour. En réalité, elle cherche surtout à avoir un sexe féminin et se débarrasser de la culotte de « Poupée Barbie ». Magnifique image que ces deux corps de femmes coupées en deux, la greffe d’une paire de jambes pour un corps sexué.
Œuvre résolument stylistique, The Lure privilégie un enchainement de tableaux féériques, au détriment parfois d’un scénario noyé, mais qui définitivement surprend et séduit un spectateur avide d’innovations.