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    Botero en Orient : Une Ode dansante aux courbes généreuses

    Conçu et chorégraphié par Taoufiq Izeddiou, avec Essiane Kaïsha, Karine Girard, Marouane Mezouar et Taoufiq Izeddiou. Du 11 au 14 décembre 2019 au Théâtre NationalCrédit photo : Iris Verhoeyen

    Dans une société où la norme influence nos regards, nos choix, notre vie, un thème récurrent est abordé : la beauté. Si la norme a pu évoluer de décennie en décennie, passant parfois d’une culture des formes à une culture filiforme, chacun est amené un jour où l’autre à se comparer à elle, et pas toujours de la manière la plus douce pour l’amour propre. Dans Botero en Orient, pièce inspirée en grande partie du peintre et sculpteur Fernando Botero et de ses œuvres aux formes exacerbées, la rondeur est mise en avant de manière à nous en présenter ses moindres attraits. Tout en douceur et en sensualité et avec une énergie prenante, les quatre danseurs jouent avec leurs corps et leurs formes généreuses avec fierté, n’hésitant pas à nous les exposer à travers leur nudité.

    A peine entrons-nous dans la salle que nous pouvons déjà observer des mouvements. Chaque danseur est isolé, perché sur un cube qui les présente à nous tel un trophée sur son podium, dans un semi éclairage qui les met chacun quelque peu en avant. Pourtant, ce cube semble nous renvoyer également à la notion de case à laquelle ils demeureraient accrochés. S’ils finissent par voleter et tournebouler de l’une à l’autre, au rythme d’une musique qui se déchaîne et qui les rend déchaînés, en déplaçant ensuite les cubes ils sont également amenés à se retrouver écrasés par ces cases, qui pourraient alors être une analogie de notre société qui, par la norme en place, nous enferme quelquefois. Pourtant, les danseurs, par leur énergie débordante, se relèvent toujours pour reprendre leur Ode charnelle.

    Et soudain, la musique se calme et des mots, discrets d’abord, affirmés ensuite, se font entendre. Ce sont ceux d’Etel Adnan, poétesse et peintre libanaise. Si nous regrettons que nos propres limites langagières nous aient privées de toutes les nuances portées par les mots prononcés en anglais, le sens nous frappe. Fermer la porte, ouvrir la porte, hésiter, manger ou boire, hésiter… Nous, malgré cela, n’hésitons pas à y voir un rapport au corps et à la nourriture. Nous nous y laissons prendre et pourtant, le sens en est bien plus profond. Non, il ne s’agit pas d’addiction aux aliments, apprend-t-on par la suite, mais de guerre et de chaos. Que peut-on donc déduire de l’ensemble de cette performance, au regard de ces informations nouvelles ? L’acceptation du corps serait-elle une représentation de l’acceptation au sens le plus simple du terme ? Cette énergie tournoyante qui nous semblait parler de vie et de fierté, relèverait-elle finalement d’un sentiment de colère ? Et que déduire de ce final où les danseurs reparaissent curieusement recouverts de costumes saugrenus ? Que de questions sans réponses.

    Bien que ce spectacle soit intéressant par sa forme et son fond, nous pouvons déplorer un manque de compréhension face au message que souhaitait nous transmettre Taoufiq Izeddiou, que ce soit par la mise en scène pure ou bien dû à nos propres lacunes d’observateurs. Néanmoins, il nous semble être un excellent choix pour les amateurs de danse qui apprécient les performances engagées, nous n’hésitons donc pas à leur conseiller d’aller explorer les charmes de Botero en Orient.

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