De Guillaume Druez. Mise en scène de Carole Lambert et Émilie Parmentier. Avec Quentin Chaveriat et Amandine Chevigny. Du 6 novembre au 22 novembre 2019 au Théâtre Les Riches-Claires. Crédit photo : Bartolomeo La Punzina
Folie. Tout n’est que folie. La vie, les rêves, les gens… C’est en tout cas ce que nous ressentons face à cette mise en scène de Carole Lambert et d’Émilie Parmentier. Dans l’univers réduit d’une simple pièce, nous observons l’Homme dans son état naturel. D’un côté, le fils. De l’autre côté, la mère. A travers leurs interactions enchantées et en chanson, noyant un mal-être sous-jacent, cette tragi-comédie explore toute l’incompréhension de l’Homme face à l’Homme, de l’enfant face à la figure maternelle et de la figure maternelle face à l’enfant.
A peine entrés dans la salle, nous plongeons dans l’univers de la pièce. Sur scène, dans l’ombre, le décor d’un salon chaleureux se devine. Dans un coin, nous pouvons déjà observer Vinciane, la mère, perdue au cœur d’une conversation téléphonique silencieuse. Mais notre regard semble attiré par un simple bocal, posé sur une petite table éclairée. Dans ce bocal, un poisson rouge. Ce poisson, c’est Octave. Octave, c’est aussi le public. Tout comme lui, nous observons, yeux grands ouverts, dériver nos deux personnages.
Vinciane aime son fils. Pourtant, elle semble ne pas toujours parvenir à le comprendre. Dimitri aime sa mère. Pourtant, il semble haïr l’incompréhension de cette dernière. Vient alors le temps des aveux, le temps des confidences, mais aussi le temps des révélations. Il n’est plus temps de garder ses pensées pour soi. Sur les planches, Vinciane et Dimitri finissent par tout se dire, en paroles ou en chansons. Et alors que la vérité nous semble acquise, parfois tendre, parfois douloureuse, un retournement de situation nous amène à douter de ce que nous croyions savoir. Et nous voilà perdus, au même titre qu’un petit poisson si éloigné du monde des humains.
Nous sortons de la salle ravis. Ravis de la compréhension de notre incompréhension. Ravis de nous perdre dans nos réflexions. Tant l’énergie des acteurs que celle de la mise en scène nous noie dans cet univers qu’est Bocal. Et bien que cette noyade puisse paraître inconfortable, jamais nous n’en connûmes de plus agréable.