auteur : Georges Minois
édition : Perrin
sortie : mai 2018
genre : histoire
Si je vous dis que Blanche de Castille est la troisième enfant – et fille – d’Alphonse VIII de Castille et d’Aliénor d’Angleterre, un couple royal très uni pour le Moyen Âge, cela vous évoque-t-il quelque chose? Avouons que ça pêche un peu de ce côté-là, n’est-ce pas? Mais si je vous dit que Blanche de Castille fut la mère de Louis IX, qui sera connu sous le nom de saint Louis? Tout de suite, vous voyez beaucoup mieux où je veux en venir. Moyen Âge, croisades, début des guerres de religions, prémices à la guerre de Cent Ans, etc. Mais il ne s’agit pas ici d’une énième biographie centrée sur un personnage historique obscur pour alimenter le vivier déjà bien fourni de ce genre littéraire. Le but était d’exhumer de l’oubli une femme de pouvoir qui influa grandement sur son temps.
Blanche de Castille vécu une enfance heureuse à la cour d’Espagne jusqu’à ce que sa légendaire grand-mère Aliénor d’Aquitaine, qui réussit le tour de force d’être reine de France puis d’Angleterre, 80 ans bien sonnés, entreprenne le voyage pour trouver une épouse au fils du roi de France Philippe Auguste. N’importe laquelle des princesses ferait l’affaire mais le choix est limité entre Urraca, 13 ans et Blanche, 12 ans. La légende veut qu’Aliénor d’Aquitaine aurait choisit la seconde parce qu’elle portait un prénom qui sonnerait mieux aux oreilles du peuple français. La réputation d’habileté et d’intelligence d’Aliénor d’Aquitaine n’étant plus à faire, gageons qu’il y avait d’autres raisons à ce choix que la sonorité d’un prénom!
C’est donc à 12 ans que Blanche de Castille arrive en France pour épouser le prince Louis, un mariage qui passera quasiment inaperçu. Pour comprendre, plantons le décor. Le Paris du XIIe siècle est un vaste chantier et la ville est frappée d’interdit pontifical lancé contre le roi de France Philippe Auguste parce qu’il pratiquait la polygamie. Cela avait pour conséquence qu’aucun service religieux ne pouvait avoir lieu et que les cloches des églises devaient rester silencieuses… Philippe Auguste était un roi autoritaire et acariâtre avec lequel elle devra co-habiter durant 23 ans avant de pouvoir monter sur le trône de France en compagnie de son époux devenu le roi Louis VIII. Mais malheureusement, le règne de Louis VIII fut de courte durée – à peine 3 ans -, il meurt en croisade et Blanche de Castille après d’âpres luttes, obtient la régence au nom de son fils encore trop jeune pour gouverner.
Mais ce que l’on retiendra le plus de Blanche de Castille, c’est son rôle de mère et d’éducatrice qui fut mis en avant durant le procès de canonisation de son fils. De l’union heureuse de Blanche et de Louis naîtront 14 enfants dont seulement 5 parviendront jusqu’à l’âge adulte. Louis IX deviendra le seul saint parmi les rois de France et Isabelle se consacrera à la religion. Mais Blanche de Castille n’était pas uniquement une mère qui s’attacha à éduquer ses enfants à une époque où cela n’était pas la règle, elle fut aussi une femme de pouvoir qui agrandit le Domaine royal, fonde plusieurs abbayes sur le modèle de l’œuvre de Bernard de Clairvaux et vient en aide aux plus démunis en créant des orphelinats.
Blanche de Castille est un portrait dépoussiéré d’une véritable femme de pouvoir qui continua à tirer les ficelles en coulisse longtemps après avoir remis le trône dans les mains de son fils, d’une reine de France qui semble sortir tout droit d’un roman courtois et qui reprend vie sous la plume de Georges Minois.