Bigfoot Junior
de Ben Stassen et Jeremie Degruson
Animation
Sorti le 2 août 2017
Si on lui parle de film belge, le spectateur lambda fait immédiatement référence à un film d’auteur au sujet dramatiquement social, du style de ceux réalisés, co-produits ou produits par les frères Dardenne. Pourtant, bien loin de ces clichés, le cinéma belge prouve depuis deux décennies qu’il est capable de s’émanciper dans de nombreux genres, comme celui de l’animation.
Et l’un des papes de l’animation noir-jaune-rouge n’est autre que l’aubelois Ben Stassen. De fait, depuis 1994 et la création des studios nWave, l’homme règne en maître sur l’animation 3D si l’on occulte les majors américaines dont les budgets sont cinq à dix fois supérieurs. Pourtant, d’un point de vue critique, nWave a longtemps été à la traîne des grands studios. En 2008, alors que Fly me to the Moon dévoilait Ben Stassen au grand public, DreamWorks envoyait du lourd avec Kung Fu Panda et Pixar engrangeait plus d’un demi-milliard de dollars grâce à Wall-E. Partant de ce constat, on voyait mal comment nWave pouvait sortir son épingle du jeu sans devenir le vassal d’une major à l’instar des Français de Mac Guff (Moi, Moche et méchant), aujourd’hui propriété d’Universal.
Pourtant, neuf ans plus tard, Ben Stassen est toujours là. Après avoir sorti l’an dernier le très acclamé Robinson Crusoé, le Belge dévoile Bigfoot Junior, un long métrage d’aventure époustouflant de précision et de beauté qui devrait ravir les enfants du monde entier.
Deuxième collaboration entre Ben Stassen et Jeremie Degruson après Le Manoir Magique (même si le second travaille depuis longtemps pour nWave comme directeur artistique), Bigfoot Junior nous emmène en Amérique du Nord où un jeune garçon de 13 ans, Adam Harrison, est confronté à des changements physiques importants, voire soudains. Des cheveux qui poussent à une vitesse folle et des pieds qui grandissent instantanément, peu de chance que ce soit la puberté. C’est alors qu’Adam découvre l’existence de son père mais surtout, qui il est, à savoir le célèbre bigfoot.
Comme dit précédemment, Bigfoot Junior (The Son of Bigfoot dans sa version anglophone) symbolise un réel bond en avant dans la démarche artistique des studios nWave. Si le travail de la 3D reste la marque de fabrique visuelle de la boîte, le travail des textures et des rendus a considérablement pris de l’ampleur dans le résultat final. Tout y est beau, tout y est précis et tout y est esthétique, à l’instar des fourrures des animaux ou encore des mouvements de caméra à faire pâlir un John Lasseter.
Mais ce n’est pas tout, car là où les studios belges montrent aussi une avancée admirable, c’est dans l’écriture du scénario. Fini les scripts trop enfantins et place à l’aventure familiale où les petits et les grands s’émerveillent ensemble. Cette prouesse est en grande partie à mettre à l’actif de Ben Stassen qui, en déclinant l’offre de travailler en sous-traitance pour Waterman Entertainement sur Alvin et les Chipmunks, s’est vu proposer une dizaine de scénarios à acquérir, dont celui de Bigfoot Junior, écrit par les talentueux Bob Barlen et Cal Brunker à qui l’on doit Escape from Planet Earth sorti en 2013 aux Etats-Unis et inédit chez nous.
Enfin, ajoutez à cela une bande originale entrainante signée Puggy et vous obtenez un long métrage d’animation qu’il ne faut surtout pas rater en cette période de vacances scolaires.