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    [BIFFF Jour 9] : La Made in Asia au BIFFF car c’est pas la taille qui compte et le retour en chanson d’Isaac Ezban

    Gentleman : La Ligue des Gentlemen Pas Très Clairs

    Ça y est, c’est officiel, le cinéma coréen est devenu une référence. Comment le dire ? Eh bien il se permet de produire des films pourris comme Gentleman à côté des excellents films dont il nous a habitués. Parce que dorénavant, pour chaque Parasites, Memories of Murder ou I Saw The Devil, on aura un Gentleman. Mais qu’est-ce qui fait de Gentleman un film pourri ? N’es-tu pas trop dur dans ton jugement, Olivier ? À quoi équivaut la quadrature du cercle sur son aire équivaut à Pi r² ? Que faisais-tu en mini-jupe à l’Avenue Louise hier soir ? Parce que son scénario part dans tous les sens sans aucune cohérence, de l’humour qui tombe à plat et un scénario écrit sur une feuille de PQ. Non. L’aire équivaut à 3,16049. Je ramène de la moulah à la maison.

    Maintenant que vous avez les réponses à toutes les questions existentielles que vous vous posiez, Le Suricate vous offre une surprise. En effet, n’écoutant que mon courage, je suis parti enquêter sur le réseau occulte le plus casse-couille de tous les temps : les Témoins de Jéhova. Or, il se trouve que deux agents de cette société mystérieuse étaient postés à deux pas du BIFFF dans la journée d’hier. Tentative d’exorciser le mal présent (en nombre) dans les travées du Palais 10 ? Espionnage industriel pour le compte de la SA Jésus and co ? Ou simple hasard ? Voici le compte rendu de ma tentative d’infiltration incognito.

    Olivier : Bonjour, je suis pseudo-journaliste pour un webzine qui parle du BIFFF. Que pensez-vous des cultes sataniques rendus à deux pas de votre emplacement dans cet antre du démon ?

    Témoin de Jéhova 1 : Je préfère ne pas répondre à votre question, c’est une information personnelle.

    Olivier : D’accord, mais que pensent les Témoins de Jéhova d’un festival comme le BIFFF qui vomit allègrement sur la religion via des films hérétiques ?

    Témoin de Jéhova 2 : On vous dit que nous ne répondrons pas à vos questions monsieur. Si vous voulez des informations, vous pouvez aller sur notre site internet ou bien lisez la bible. (Elle me tend une bible).

    Olivier : Y a des images dedans ? Bah de toute façon je me suis déjà fait spoiler la fin. Mais du coup moi ce qui m’intéresse c’est plutôt de savoir si vous êtes venus purger cette maison du Diable qu’est le BIFFF ?

    Témoin de Jéhova 1 : Monsieur, on vous a dit qu’on ne vous répondra pas maintenant partez ou on appelle la police.

    J’ai l’impression qu’ils me cachent quelque chose. Mais vu qu’il était déjà 16h30, je devais rejoindre le Ciné 1 pour Emergency Declaration. Je décidais néanmoins de continuer mon enquête et de creuser plus loin comme tout bon journaliste d’investigation. Appelez-moi Olive Lucet. O.E.

    Farador, dors dors l’humour dors.

    3 amis d’enfance sont en campagne depuis 18 ans dans le jeu de rôle Farador. Un jour (ce serait bien qu’une fois on soit plus précis sur ce jour.), la soeur du maître du jeu débarque et fout la merde ou libère cette bande de « geek ouin ouin » coincée dans leur adolescence, à chacun son interprétation (non pas, vraiment.).

    18 ans de campagne, c’est long. Un peu comme ce film. Et c’est pas grave. On sait que la pénibilité de la longueur dépend du contexte « wink wink allusion sexuelle ». Si je vous parle de sexe, c’est pas seulement pour faire mousser le nombre incalculable de nos lecteurs (si seulement), c’est que le parallèle, il est vite répondu. Farador s’apparente à une première fois ; maladroite, qui veut bien faire, pétrie de bonnes intentions et de clichés, précoce et un peu nulle.

    « Tape dans le fond  » qu’elle disait l’autre québécoise. Oui, ça tape un peu le fond pour les personnages. Le gros sympa, la jolie lesbienne, l’ex ténébreux, le timide dominé et le pervers dominant et chiant. C’tout.  Lancé de dès : « 0  » en charisme, « 6 » en gênance.

    On s’en sort mieux quand on est amené dans l’univers de Farador.  C’est bin l’fun et c’est smatt. Parce que l’humour lourdingue y est le bienvenu, c’est gras, gros, beauf, cliché, tendre en même temps. Bref, tu capotes malheureusement pas assez longtemps.

    En fait, c’est plate, plate comme la volonté de Thomas à venir voir les films qu’il a sélectionnés, plate comme la terre, plate comme un plateau de jeu de rôle, plate comme cette chronique que j’arrive pas à faire lever. J’vous laisse là, l’air de rien, Farador m’a au moins donné l’envie de me faire un petit jeu de rôle.

    Personnage : journaliste petite nature
    Force : tiens l’alcool et les blagues d’Olivier
    Faiblesse : crois qu’elle n’en a pas. E.K.

    Emergency Declaration : vive la solidarité internationale

    Tout juste remis de ma tentative infructueuse d’infiltration undercover des Témoins de Jéhova, je débarquais dans le Ciné 1. Et allez ! Un autre film coréen ! Je vous jure que s’il est aussi nul que Gentleman, je me barre après 20 minutes et je vais boire des Troef. Heureusement, avec Emergency Declaration, on n’est pas dans la même catégorie. Déjà parce qu’il y a du budget et ça se voit. Les acteurs sont crédibles déjà. En même temps, on se retrouve avec ni plus ni moins que Lee Byung-Hun (le mec masqué dans Squid Game) et Song Kang-Ho (le padre dans Parasite). Ça calme. Et puis, l’histoire paraît trop réelle que pour ne pas nous toucher. Voyez plutôt : un bio-terroriste a infecté tout un avion avec un virus inconnu et extrêmement léthal. Les passagers de l’avion doivent maintenant lutter pour leur survie tout en se posant une question existentielle : pourront-ils se poser sur le sol d’un pays au risque d’infecter d’autres personnes dans la population et de déclencher une épidémie ? Qu’en pense Yi Fon-Latim, le virologue star en Corée ? En tout cas, si c’est pour vivre encore deux ans sans vrai BIFFF, moi je vais direct chercher un lance-missile et je te le dégomme comme un coucou en plein vol ton avion !

    Globalement cohérent et bien réalisé, le film de Jae-Rim Han a cependant un gros défaut : celui de la longueur. Alors oui, il est intéressant d’analyser les réactions humaines à une menace mystérieuse et on se prend à retrouver plusieurs éléments présents durant la pandémie covid dans la façon dont les protagonistes agissent. Mais le fim s’attarde parfois trop sur de tels éléments pour créer un mélodrame nuisible au rythme global. Si la performance des acteurs est fantastique, Emergency Declaration enfonce trop de portes ouvertes et traîne trop dans son déroulé que pour passer le cap du chouette film à regarder en soirée. O.E.

    Re-Animated  ; c’est CLAIREMENT pas la taille qui compte.

    Ouuuh, c’était tellement bien. Qualité constante pour ces 8 courts-métrages animés et un max de premières belges. On va tous les citer, parce que ça fait des caractères en plus et surtout parce qu’ils le valent.

    The Smile de Erik Van Schaaik ; ascension et décadence kink de Knud le crocodile au sourire Colgate. Humour en absurdie, dénonciation du star sytem et références cinéphiles kiffantes.

    WhattkilledTimmyBeson de Nick Cremers : conte en noir et blanc poétique et horrifique. Une des meilleures apparitions de monstres depuis le début du festival.

    PerfectCity : The Mother ; Shengwei Zhou ; quand l’expression « prendre soin de ses racines et se faire dégommer par elles » prend tout son sens.

    Slouch de Michael Bohnensting ; l’inspiration incarnée et mauvaise conseillère. Bijou visuel, délicat et doux-amer.

    Sucks to be the moon de Tyler March et Eric Paperth ; rap contest entre le Soleil et la Lune. Spoiler, les humains meurent à la fin.

    Pussy Love de Linda Krauss ; ode au sexe et à l’érotisme (confession, 4 minutes c’est beaucoup trop court jouir)

    Giant and the Seeds de Sarah Shabani : « Pas compris mais c’était splendide et poétique »

    Gnomes de Ruwan Heggelman : ça va le BIFFF? On recycle ses courts? On l’avait déjà vu celui-là. Okay, il est efficace, je te comprends.

    Pour tous les amoureux des choses courtes et efficaces, c’était l’orgasme assuré. Vous savez ce qui fait la qualité de tout ça? Le rythme, les gens, le rythme. Et il y en avait pour sûr. Définitivement, un de mes meilleurs moments du festival. E.K.

    Life For Sale : 50 cents pour ta VDM

    Et si vous deviez vendre votre vie (ou plutôt votre mort du coup) vous la vendriez combien ? C’est la question qu’on en vient immanquablement à se poser en regardant Life For Sale. Dans cette comédie noire, on suit Liang qui veut mettre fin à ses jours. Il vient de se faire virer, il n’a pas d’amis, sa vie c’est de la merde et il préfère se branler dans son lit plutôt que de draguer la voisine qui vient picoler chez lui et qui dort sur son canapé. Alors oui, dis comme ça, la situation concerne 90% de notre lectorat. Mais s’il vous plait, pensez au Suricate qui n’aura plus de lecteurs si vous passez l’arme à gauche.

    On suit allègrement Liang dans ses aventures de plus en plus glauques et tordues avec un bonheur indescriptible. Parce que c’est sûr, mettre sa vie en vente sur eBay, ça n’attire pas des enfants de cœur. Truffé d’humour, tantôt d’une sobriété bienvenue, tantôt d’une exagération crasse, ce Life For Sale parvient rapidement à nous emmener dans un univers qui mêle allègrement les genres sans avoir l’air de se mettre de limite et ça, c’est BIEN. Mais le plus appréciable dans Life For Sale, c’est qu’il ne se donne pas des prétentions qu’il ne pourrait pas remplir. Très vite, on sait dans quelle direction le film va aller et il ne va pas nous décevoir là-dedans. Cependant, s’il ne nous décevra pas, il ne se donnera pas la capacité non plus de nous surprendre. La réalisation de Tom Teng est donc à double tranchant même s’il peut se targuer de réaliser un beau coup pour un premier film. Et comme dirait Palpatine, nous suivrons sa carrière avec grand intérêt. O.E.

    The Pod generation ; Pod! Pod! Pod! Qui est là?

    Moi, je dirai que c’est une fable politique mais bon,  hein, pour ce que j’en sais. Du coup, j’vais dire que ça parle d’un couple à la pointe de la technologie qui choisit de faire un bébé dans un pod avant de se rendre compte que les meilleures confiotes ont les fait dans les vieilles marmites. On y ajoute un soupçon de consceince et questionnement lié à l’écologie ainsi qu’une pincée de théorie de l’attachement et pod! vous avez envie de faire des bébés (ah non, c’est pas ça le sujet). Ahum, non, l’écologie, notre rapport à la nature et ce qu’on considère être « naturel », du type être enceinte ou aller en thérapie, sont les sujets même du film.

    The Pod Generation est beau, beau comme un coucher de soleil, comme les yeux d’Olivier quand le ciné 1 en délire l’applaudit pour sa blague sur la nourriture du BIFFF. C’est léché voire peut être un peu aseptisé. Et l’histoire sans forcément nous surprendre nous prend avec elle, du bout des doigts pour par infecter le pod tout de même.

    Il y a de la justesse partout  et tout le temps, justesse de rythme, des dialogues, du jeu d’acteurs, dans l’humour. The Pod Generation fait du bien sans laisser pourtant une trace incroyable après. On le voit, on apprécie, on repart, on oublie. Lisse comme un pod. On aurait aimé voir un peu plus de liquide amniotique. Mention spéciale pour les deux têtes d’affiche tout de même, dont Emilia Clarke qui a l’habitude dompter des oeufs.

    (Mea culpa pour la taille de cette chronique. C’est pas la taille qui compte quand il y a la qualité. Ici, on a des doutes.). E.K.

    Evil Eye : Hola Mamita

    Dire qu’Isaac Ezban est un habitué du BIFFF serait réducteur. Notre réalisateur à moustache préféré vient en effet nous rendre visite une fois par an. Il fait clairement partie de la famille. Et en parlant de famille que l’on ne va visiter qu’une fois par an, quand est-ce que vous êtes allés dire bonjour à votre mamy pour la dernière fois ? Parce que je vous assure qu’après avoir vu Evil Eye, vous attendrez encore quelques années avant d’y aller. Après The Incident, Mexico Bárbaro et Los Parecidos, le réalisateur mexicain nous revient avec ce qu’il qualifie de son premier vrai film d’horreur. Et on ne peut que lui donner raison. Là où Los Parecidos nous faisait découvrir le mystère des messieurs moustachus, Evil Eye nous emmène dans un folklore local qui mêle histoire pour enfants, horreur et jumpscare. Tellement de jumpscares que j’ai cru que le cul d’Elodie, assise à ma gauche, était monté sur ressorts. Ça doit être pratique n’empêche. Surtout pour le twerk.

    Comme dans ses précédentes productions, on retrouve la patte d’Isaac Ezban via une mise en situation aussi longue que sa chanson. Heureusement, grâce à une grand-mère encore plus démoniaque qu’un cookie aux raisins, on se retrouve très vite captivé par l’ambiance et la mise en scène. Captivé mais aussi induit en erreur par des fausses pistes et doutes quant à la suite des événements. Même si à partir du moment où le brouillard de doutes se dissipe, la fin devient un tantinet longue voire même dispensable sur certains points.

    Bref, un film d’horreur pur avec un style old school assumé et des références appuyées aux classiques (Shining pour le générique d’intro notamment) mais d’une efficacité redoutable. Et on lui passe aisément ses quelques défauts. Merci Isaac et à l’année prochaine ! O.E.

    Elodie Kempenaer et Olivier Eggermont

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