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    [BIFFF 2025 Jour 3] : une journée très bite passée


    En cette troisième journée du BIFFF, il a été énormément question de phallus. Oui oui, de teub, vous avez bien lu. Qu’elle soit en version animée comme pour Spermageddon, sûrement bouffée par les radiations dans 2073 ou d’une taille démesurée dans Zenithal, elle garde une caractéristique importante : elle dicte les décisions de TOUS les mecs. Qu’elles soient discutables comme dans California King, immondes comme dans Girl with Closed Eyes ou incompréhensibles dans Tummy Monster. Eh oui messieurs, on va arrêter de se voiler la tête dans le sable, elle prend une place beaucoup trop importante dans notre espace décisionnel. Alors si on veut éviter à l’avenir de se faire décabiter (voir Zenithal), va falloir qu’on irrigue plus haut ! Car comme l’avait dit le grand philosophe Kha Hryst : « Si tu veux créer un océan, tu ne dois pas irriguer le fleuve sauvage mais le sommet de la montagne. »

    De vendeur de matelas à kidnappeur

    Contrairement aux vieux briscards de Loïc Smars et Olivier Eggermont qui reviennent inlassablement au front quitte à y laisser un membre (on ne vous dira pas lequel), je ne suis pas une habituée du BIFFF. Pour être tout à fait honnête, je n’avais même jamais mis les pieds dans ce sanctuaire du bon goût. Mais ça, c’était avant. Novice, mais pas ignorante, je savais tout de même que le BIFFF est un festival impétueux – pour le dire gracieusement. Un festival où cinéma ne rime ni avec silence, ni avec convention. Alors moi et ma curiosité avons pris la route du Heysel pour découvrir ce drôle d’endroit, sans trop savoir où nous mettions les pieds. Pour rester dans le registre amoureux de nos premiers articles – parce que, après tout, plus c’est long, plus c’est bon – ma première fois porte, donc, le doux nom de California King

    Le roi de la Californie c’est Perry, un jeune vendeur de matelas prêt à tout pour séduire son crush – interprété par Victoria Justice qui a quand même fait un 360 en passant de Disney Channel au BIFFF. Bref, pour la séduire, ce génie de la Côte Ouest, n’a pas trouvé meilleur alternative que d’organiser le faux kidnapping du frère de la demoiselle. À scénario décalé, ambiance décalée. California King c’est un peu une rencontre entre les frères Cohen et Very Bad Trip sur un ratio 40/60. La comédie américaine se défend dans la catégorie premier degré interdit et assume ses lourdeurs. C’est un peu comme la bière entre les séances, faut en consommer avec modération parce que ça solidifie pas les connections neuronales mais ça fait toujours plaisir. Et puis, on apprend quand même deux trois choses utiles : les vieux ne connaissent pas les raccourcis clavier. Un mauvais matelas ça fait squick. Et si t’as un faible pour quelqu’un, ne fait pas semblant de kidnapper son frère ! C.Q.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : il doit bien avoir une punaise de lit dans un des matelas.

    En 2073, il n’y a plus de porte de toute façon

    Vous voyez ce qu’est l’espoir ? Ce petit bout d’herbe encore verte au loin, très très au loin qu’on souhaite toujours atteindre ? Vous le voyez ce bout d’herbe ? Tant mieux pour vous. Après le visionnage de 2073, moi, j’ai juste eu envie d’aller me noyer dans l’alcool et l’humour gras pour ne plus sentir la chape de plomb que 2073 a déposé sur moi. 2073 n’est pas nuancé, n’est pas subtil, on pourrait presque dire qu’il est grossier dans ces propos qui se résument ainsi « on est dans la merde, on est dans la merde, la technologie nous asservit, ô regarde un peu de bonheur…ah non, en fait, on est dans la merde ».De toute façon, pas le temps de nier là ! Ce serait avoir des fameuses œillères au coin des yeux que de le faire. C’est la merde et Asif Kapadia s’est dit que c’était une bonne idée de nous mettre le nez dans nos propres déjections.

    En 2073, les pouilleux, les rebuts, les pauvres, les échecs sur pattes, les dissidents, les militants, les opposants vivent au ras de la ville et de leur dignité tandis que les riches, dirigeants, techno boys vivent au-dessus des nuages. L’héroïne muette que l’on suit est assiégée par des visions violentes du passé, passé qui est en fait notre présent. Donc nous voilà mis sous tension et ballottés entre une esthétique très léchée post-apo à coup de poussière et de ciel orange et un déferlement d’images contemporaines qui nous rappellent très vivement qu’après le BIFFF, ce serait vraiment bien qu’on se bouge le cul. 2073, c’est une attraction à sensation forte sans descente, c’est une maison hantée par Trump, Zuckerberg, Duterte, Poutine, Modi, Musk, c’est un arrêt cardiaque imminent. Rien n’a fusé dans la salle, pas un commentaire, pas un rire et pas une seule porte à fermer (en 2073, il n’y a plus de porte de toute façon.). E.K.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : le trio de girafes mortes ?

    Tummy Monster, the cool GenZ guy vs the ugly Millenial

    Que ce soit en festival, au cinéma, ou sur le catalogue Netflix du compte de ton ex, il y a deux types de films. Ceux dont on connaît le scénario dès la première seconde ; quand on voit le groupe d’adolescents boutonneux s’engager dans un ouija en plein cœur de la forêt alors que tout, de la pleine lune à John Carpenter, indique que c’est une mauvaise idée. Et puis, il y a les autres. Tummy Monster fait partie de la seconde catégorie. Dans Tummy Monster, un préado trentenaire qui a du mal à cadrer sa vie se fait surprendre en pleine nuit par l’arrivée dans son salon de tatouage d’un client pas comme les autres. Une star planétaire à qui il ne peut pas s’empêcher de demander un selfie. C’est d’autant plus intrigant que le film est inspiré de Justin Bieber et de la compassion qu’il suscite chez le scénariste. Donc, voilà, toute cette dose de bienveillance, à Ciaran Lyons, ça lui a permis d’écrire ce huis clos qui aurait aussi bien pu s’appeler Empathy for Justin finalement. Mais ça s’appelle Tummy Monster, alors laissons un peu tomber cet ancien frangeux prépubère qui était déjà millionnaire avant d’avoir mué. Et revenons-en à nos moutons. 

    Évidemment, ça tourne au vinaigre. S’engage alors une lutte d’égo sur fond de thriller psychologique. Et c’est à ce moment-là qu’on se demande dans quelle direction va bien pouvoir partir le film ? Le suspens est à son comble. Attachez-vous bien. Parce que pour la suite… Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Rub your belly or think you’re an asshole. Bon, si t’es encore là, lecteur, sache que je ne suis pas aussi sadique (et par ailleurs, je dois justifier mon accréditation presse). Je vais, donc, quand même faire une esquisse de critique en trois mots. Syndrome de Stockholm. Moins pour les deux personnages que pour le public cela dit. Tummy Monster, c’est comme une prise d’otage organisée par un enfant de cinq ans qui s’ennuie. C’est un peu, beaucoup, passionnément répétitif. Mais c’est aussi parfois attachant et surprenamment surprenant. Et si, après tout ça, tu as encore du mal à te faire une idée, qu’à cela ne tienne… Rub your belly or think you’re an asshole. C.Q.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : Rub your belly or think you’re an asshole.

    Touch me :  Heureux les traumatisés, le coït inter-espèces leur appartient

    Omae wa mou shindeiru ! Bah quoi ? Ce n’est pas que je veuille jouer les Ken le survivant, mais bon… Quand j’ai appris que le mec du film  — celui qui, comme par hasard, touche le chomdu — avait fait des études de philo, j’avoue que je me suis senti visé. Balle perdue direct face à l’équation fatale : philo = chômage. Alors, comme lui, j’ai pris une bonne résolution : apprendre le japonais, en mode shonen, avec le rêve de devenir le roi des traducteurs. Bon, par contre, si apprendre le japonais doit me valoir de finir tentaculé par Cthulhu — sorti de R’lyeh pour sauver le monde en devenant hardeur dans des hentai — avec la dégaine d’un gourou hippie ultra-désapé, mais bien trop musclé pour venir de Woodstock… JE SIGNE DIRECT. Faut dire qu’il danse mieux que JCVD, et qu’en plus ses déhanchés lui filent des révélations cosmiques. La classe, non ? Et puis, il a ce côté mystérieux à mort… et si ça tourne mal, pas de panique : j’ai toujours de la limonade en stock pour le buter (franchement, les explorateurs de Lovecraft étaient vraiment nuls, ils auraient pu leur régler leur compte aux Grands Anciens avec deux citrons et un perrier). 

    J’ose le dire : avec Touch me, c’est tout l’univers de Lovecraft qui s’enrichit — et il prend cher. Addison Heimann (qui a littéralement botté le cul de plusieurs fantômes pendant la présentation du film) signe un long complètement déjanté dont on retiendra cette grande leçon : pourquoi combattre les monstres quand on peut coucher avec eux ? Vive la thérapie tentaculaire ! C.K.

    Animal capturé pour le BIFFFODEX : Cthulhu, le hardeur

    Tout d’abord un intermède musical pour vous mettre dans l’ambiance :

    Ça va gicler !

    Pour ceuX qui en doutent encore, le film d’animation n’est pas que pour les enfants. Mais attention, on n’est pas dans Persopolis ou Ma vie de courgette. On est plutôt dans le film du même acabit que Sausage Party ou Ronal the Barbarian. Car oui, Spermageddon, comme son nom l’indique ne nous trompe pas sur la marchandise : on s’attend à voir un film avec des spermatozoïdes qui se battent pour atteindre un ovule et on a un film avec des spermatozoïdes qui se battent pour atteindre un ovule. Mais a la différence de certains films ne se reposant que sur leur concept initial, le film est moins bête qu’il n’y paraît et ne manque pas d’ambition. Si la partie se déroulant dans les testicules est bien sûr totalement timbrée avec une tonne de jeuX de mots (et c’est intéressant de voir les différences entre les traductions anglaises et françaises), le film s’intéresse aussi au propriétaire de ces couilles : Jens, qui habite en Norvè(r)ge et qui se rend à un WE entre potes où les sodas prévus ont été remplacés par des bières par son père. Une biture plus tard, il succombe évidemment auX charmes de la jolie Lisa dont il est amoureuX. On suit alors dans le même temps, l’épopée des spermatozoïdes et la découverte de la sexualité entre Jens et Lisa. Mais en plus des bons mots, des performances de comédies musicales (la chanson ci-dessus reprise en choeur aussi par le public) et les maladresses hilarantes de Jens, le film ne se prive pas d’aborder une tonne d’autres sujets bien actuels : décalage entre générations, le consentement, la contraception, la liberté sexuelle, etc. C’est drôle, c’est visuellement bien foutu, et même si pour certains, ça sera parfois un peu lourd, c’est pourtant souvent malin. Ha oui, pour ceuX qui hésitent encore, c’est réalisé par Tommy Wirkola, le timbré qui a fait les deuX Dead Snow. Si vous l’avez raté, pas d’inquiétudes, il devrait vite avoir une seconde vie après son passage dans les festivals. L.S.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : un joli petit spermatozoïde ? C’est mignon un spermatozoïde, non ?

    A girl with closed eyes, le BIFFF pour adultes

    Attention, avec ce Girl with closed eyes, on rentre de plain-pied dans ce qu’on peut appeler le BIFFF pour adultes ! Laissez-moi vous expliquer. Au BIFFF, il y a en réalité deux festivals. Il y a d’un côté le BIFFF pour les enfants immatures et attardés avec des films débiles au scénario bancal avec de la violence gratuite et réalisés avec le budget de Jason Statham en frais de coiffeurs. De l’autre côté, il y a le BIFFF pour adulte qui propose des réalisations adultes, touchantes, à la qualité indéniable et à la production léchée aux petits oignons. Et bien sûr, vous l’avez déjà deviné, au Suricate, on est friands du BIFFF pour enfants attardés. Mais un film pour adulte de temps en temps, ça fait du bien aussi. C’est ce qu’a dû se dire Clara Morgane après avoir vu la tournure que prenait sa carrière musicale.

    A Girl with closed eyes, c’est l’histoire d’une enfant, Min-joo, enlevée et abusée par un psychopathe et qui, une fois adulte, décide d’agrandir l’anus de ce monsieur, un écrivain à succès, avec un shotgun. Logique me direz-vous. Sauf que l’inspectrice venue enquêter sur l’incident note des incohérences dans son récit. D’autant plus troublant qu’elle était une amie de la suspecte avant qu’elle ne se fasse enlever. Et l’enquête qu’elle va mener va faire ressortir de nombreux fantômes du passé. Autant vous le dire tout de suite, il faut parfois s’accrocher pour suivre le rythme scénaristique du film de Sunyoung Chun. Et par « s’accrocher » j’entends bien sûr « réfléchir ». Normal me direz-vous ? Bien sûr, sauf quand on ressort de Tummy Monster et qu’après ça même un épisode des Télétubbies vous parait avoir une intrigue alambiquée. Si vous avez aimé Confession of Murder, ce film est pour vous. Accrocheur et immersif, il se complique parfois inutilement la vie mais il garde un rythme très efficace. Une nouvelle preuve que le cinéma coréen a de très beaux jours devant lui. O.E.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : le micropénis du psychopathe tortionnaire.

    La vie d’Adèle en 2039

    Tout aurait pu bien se passer. Un film de science-fiction français avec Adèle Exarchopoulos (principale raison du trois-quarts du remplissage de la salle) qui semble avoir des ambitions. Un public encore survolté de la séance précédente. Une séquence d’ouverture où un personnage tient une lampe de poche dans la bouche et la chanson de Spermageddon lancée à la cantonade. Mais qu’est-ce qui a bien pu déconner pour que, presque deux heures plus tard, tout monde applaudit de soulagement ? Si cette histoire de prison virtuelle et de fin de démocratie semblait prometteuse, tant dans la forme que sur le propos, les incohérences et les fautes de jeu nous sortent en permanence de l’histoire. Répliques débiles (C’est de l’eau ? Oui, elle est mouillée.), situations invraisemblables (un plan de la base principale des méchants dessinée en trois traits invisibles dans de la terre) et seconds rôles qui semblent à côté de la plaque. Adèle Exarchopoulos semble donner un coup de main au court-métrage de son neveu bourgeois et ses potes dans le jardin avec piscine de papa et maman et Souheila Yacoub a dû être nommée au Césars (espoir féminin) grâce la technique de la copine moche (qui consiste à s’entourer de gens médiocres pour mieux briller). Tout n’est pas à jeter dans ce film qui tente de bien faire, mais les défauts sont bien trop apparents pour rentrer dedans et malheureusement pour lui, le public du BIFFF est impitoyable. L.S.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : une drône de surveillance ? Y a plus d’animaux en 2039.

    Les joies de la décabitation

    Avant de commencer cette chronique, il faut une petite préparation. Prenez votre index et votre majeur et collez-les l’un contre l’autre. Ensuite, tapotez votre joue. Vous êtes à présent prêts pour une bifle. Oui, vous avez bien lu, une bifle, la contraction entre bite et gifle. Si cette pratique sexuelle provenant plus de la légende urbaine ou de la blague de potache existe depuis un moment, elle a été popularisée y a presque 15 ans par un court-métrage de Jean-Baptiste Saurel : La Bifle. Si tout le monde n’a pas vu les 25 minutes de cette fiction présentée à la semaine de la Critique à Cannes, les extraits ont été largement relayés sur le net et ça a permis d’encore plus populariser le terme auprès du plus grand nombre. Le réalisateur et son casting original reviennent maintenant avec une suite : Zénithal. Francis et Sonia sont maintenant en couple depuis dix ans et galèrent à entretenir la flamme et quand Ti-Kong l’ancien rival, à l’énorme bite, de Francis s’approche un peu trop de Sonia, le couple explose. Mais entre temps, Ti-Kong est décabité et le cerveau que contenait sa bite a disparu. Francis est alors suspecté et Sonia va tout faire pour l’innocenter, mais aussi le libérer du gourou qui veut en faire le porte-étendard de sa révolution sexuelle masculiniste vénérant la bifle victorieuse de Francis face à Ti-Kong il y a plus de dix ans. Si on vous conseille ce film, attention, malgré le pitch timbré et la programmation à minuit au BIFFF, ce film n’est ni une dinguerie survoltée ni un film sexuellement explicite, mais un bijou d’absurde et une réflexion moins bête qu’il n’y parait sur le bitocentrisme masculin, fidèle au court-métrage dont il est issu. L.S.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : l’énorme bite de Ti-Kong. Oui c’est bateau mais j’ai pas le choix.

    Cheyenne Quévy, Christian Killian, Elodie Kempenaer, Loïc Smars et Olivier Eggermont

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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