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    [BIFFF 2025 Jour 2] : du jumpscare salace, de l’ASMR fadasse, des asiatiques badass et des cadavres loquaces

    C’est parti pour la seconde journée de ce BIFFF qui marque le coup d’envoi réel du festival après une soirée d’ouverture réussie ! Petit tour du monde entre Hong Kong, le Canada, le Royaume-Uni, la Serbie et la Corée avec un point commun : 34% de taxes imposées par Donald Trump. Mais aussi l’amour du fantastique bien sûr ! Alors embarquez à bord du Suricate Express avec notre capitaine Olivier Eggermont, les commandants de bord Loïc Smars et Matthieu Matthys, la responsable de sécurité Cheyenne Quévy, notre hôtesse de l’air Christian Kilian et l’illégale cachée dans la soute Elodie Kempenaer !

    I, The Executioner : le petit guide du super héros pas bien

    Deuxième journée de BIFFF, on se réveille déjà avec une petite pâteuse mais rien d’insurmontable. Au fur et à mesure des années, on a appris à se ménager pour pouvoir tenir les deux semaines. C’est fini les afters jusqu’à 5h du matin au maitrank après un obscure film japonais de 00h30 pendant lequel Loïc s’est endormi sur mon épaule. Maintenant, on se gère ! Et entre le combo café-caca et les exercices du matin, on prend un petit moment pour réviser son guide du super héros pas bien au BIFFF ! Alors, on reprend avec moi.

    Sauver l’humanité en détruisant des villes entières et en tuant tous leurs habitants : BIEN.

    Tuer des ordures que le système de justice défaillant a permis de passer entre les gouttes et de s’en sortir avec des peines minimes en comparaison de leurs actes : PAS BIEN.

    Tuer des milliers d’innocents au tournoi d’arts martiaux parce qu’on a laissé Babidi prendre le contrôle de son esprit afin de fumer sa mère à Sangoku : BIEN.

    Exécuter des criminels reconnus qui n’ont pas été attrapés par la police : PAS BIEN.

    Oui, c’est parfois difficile de s’y retrouver. Mais si Haechi avait révisé son guide du super héros pas bien, il aurait su que ce qu’il faisait était mal. Et le mal, c’est pas cool (à lire avec la voix de la Princesse Mathilde). Suite de The Veteran, réalisé lui aussi par Ryoo Seung-wan, ce I, The Executioner (ou Veteran 2) donne tout de suite le ton : on va avoir droit à de la bonne baston bien chorégraphiée ponctuée de moments humoristiques. Et il va tenir cette promesse tout du long. Porté par un excellent rythme, le film ne s’essouffle pas et même s’il ne prétend pas au grandiose, il arrive à nous faire passer un bon moment. Et ça, c’est BIEN ! O.E.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : Marine Le Pen avec supplément bracelet électronique.

    Rabbit Trap, la séance ASMR de Jacquie-Michel Jarre

    ET VOILÀ ! Non pas le rital de Poltronesofà, mais bien le premier Silent Screening de ce BIFFF 2025 ! Dès la file d’entrée, c’est le sujet qui fait débat, entre les « enfin moins de gens qui braillent ! » et les « Je ne vois pas l’intérêt dans ce genre de festival ! ». Clairement, les avis sont partagés. C’est donc sur Rabbit Trap – « trou du lapin » pour ceux qui ont redoublé anglais LV1 avec Loïc – qui a été sacrifié sur l’autel du silence. Un horror folk prenant place en 1974, année de presque sortie d’un certain autre horror folk, The Wicker Man, avec l’inénarrable Christopher Lee. Difficile en effet de ne pas y voir une similitude, version Berberian Sound Studio.

    Rabbit Trap, c’est l’histoire de Daphne et Darcy, un couple de preneurs de son exilé dans la campagne galloise pour écouter le vent contourner les cailloux, la sphaigne pousser et… LES PETS DE TROLLS !

    CHUUUTTT !!!

    Ah oui, silent screening oblige. Jacquie et Michel Jarre sont donc partis se mettre au vert dans une baraque miteuse pour prendre des vibes. Alors ça, c’est la version soft. Au regard du premier quart d’heure de bibine (oui, il n’y a plus de bobines de nos jours), on se rend vite compte que les deux tourtereaux sont en réalité des FETICHISTES DE L’ASMR !

    CHUUUTTT !!!

    Comme Youtube n’existait pas encore et les influenceuses aux longs ongles non plus, ils se susurrent des mots doux dans le micro, puis se frottent la bonnette sur les poils de l’autre, le glissent sur la peau… Il n’y a pas à dire, ça donne un bon effet, moite et intense, auréolé par les dessous de bras de Dev Patel et Rosy McEwen, le sosie officiel de Nicole Kidman pré-chirurgie esthétique dans Eyes Wide SSHHUUUTTT !!!

    Oui, ça va, on a compris ! Mais voilà que notre couple tombe sur un cercle de champignons pas très bio – aka un rond de sorcières – et là, boum, déferlante occulte. Un jeune galeux débarque, l’ambiance vire à la tension chelou, et nos deux zinzins passent du trip sensoriel à la descente mystico-forestière. Les lapins les matent de travers, bref ça va CHIER !

    CHHHUUUUTTTT !!!

    Pour la suite, le film est alors fait d’acouphènes, d’infra-basses surnaturelles, de sifflements malaisants et autres bruits, du genre à te faire douter si t’as pas chopé un truc dans l’oreille gauche à force de partager tes Airpods. Mais le problème principal du long métrage demeure sans conteste son manque d’introduction des personnages. On n’a pas d’empathie envers eux et on n’attend qu’une seule chose : QU’ILS NOUS CHOPENT UNE MYXOMATOSE !

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : deux lapins qui se reniflent le fiac sur une couette de lit.

    Twilight of the Warriors : Walled In (City of Darkness) : le kitsch Made in China

    Alors oui, je sais, Hong Kong ce n’est pas tout à fait la Chine et les différences sont parfois énormes. OK, le cinéma hongkongais a son identité propre. Bien sûr, je savais que Hong Kong signifie en mandarin « Port Parfumé ». Mais on s’en fout, c’est la Chine quand-même donc me faites pas chier.

    Et s’il y a bien quelque chose qui me fascine avec la Chine, c’est cette propension à afficher des versions kitsch de films étrangers qu’ils modifient à leur sauce. Prenez Twilight of the Warriors par exemple. On prend un peu de Gangs of New York, une séquence qui rend clairement hommage à Scarface et pas mal de Escape from New York de John Carpenter et on obtient un résultat détonnant. Heureusement, le film de Soi Cheang ne se résume pas qu’à ses références. Avec des scènes d’action impressionnantes et une production léchée, il arrive à faire oublier son côté kitsch et à transformer l’essai. Alors OK, certaines scènes sont tellement exagérées et l’intrigue est parfois un sac de casse-tête. Ouais, y a un gadji tu sais pas pourquoi mais il a des super pouvoirs. On t’explique pas, c’est comme ça. Bien sûr, t’en as un qui se balade en motocross dans des escaliers d’immeuble. Et alors ? T’as jamais eu la flemme de te déplacer à pied ? Peut-être que c’était un cadeau de sa mère et qu’il avait envie de l’essayer. Et quand on t’offre une motocross et que tu vis dans la version hongkongaise de District 13, les occasions sont rares. Au final, le plus important c’est que ce Twilight of the Warrior est plutôt efficace et malgré certains moments légèrement what the fuck, ça se goupille pas trop mal et on en vient à l’apprécier. C’est du grand spectacle et qu’on se le dise, on n’était pas venu là pour voir Rosetta. Et puis, j’ai pas de Gopro. O.E.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : un pangolin du marché.

    Broken Bird : Mourir d’ennui ?

    Sybil voit peut-être l’avenir, mais nous, on ne voit pas le bout de son film. Et pourtant, sur le papier, ça avait de quoi intriguer… Sybil (Rebecca Calder), comme les prophétesses de la Grèce antique ? Ouais, mais ses visions aux teintes chaudes, quand elles se réalisent, prennent disons…. une forme grosso modo macabre. Sybil, elle fait carrière à la morgue, sous la houlette d’un patron nécromantique (un vrai modèle pour elle). Les vivants ? Trop mous. Elle les préfère bien morts, histoire de profiter de la rigidité cadavérique et hum hum… que disais-je déjà ? Depuis qu’elle a perdu ses parents dans un accident de la route, Sybil est à l’ouest : dans son petit monde de vers (poétiques, mais pas seulement), elle cherche à recréer la chaleur d’un foyer… avec la froideur de cadavres glanés ça et là. Gare à ceux qui oseraient entraver sa quête !

    Broken Bird, premier long-métrage de Joanne Mitchell, n’est jamais qu’une itération de son court (Sybil), agrémentée de quelques DLC narratifs, aussi dispensables que rébarbatifs. Sur les sièges du ciné 2, on se décomposait plus vite que les macchabées de Sybil. Mais bon, que pouvions-nous attendre d’un petit oiseau cassé, sinon qu’il s’écrase ? C.K.

    Animal capturé pour le BIFFFODEX : Moi, j’étais prêt à capturer des bifffimons, mais pas moyen d’en trouver un seul de vivant dans ce film. Cependant, pas d’inquiétude, professeur Suricate : j’ai mis la main sur un renard taxidermisé. Eh quoi ? On a bien le droit de partager les hobbies de Norman Bates, non ?

    It Feeds : (jump)scary movie

    Stéphane l’avait annoncé, et au Suricate on écoute toujours Stéphane et on lui beugle à l’occasion une ou deux conneries pendant qu’il parle pour le déconcentrer : avec It Feeds on rentrait dans le vrai BIFFF. Le BIFFF qui tâche, où on a des esprits qui viennent te dérouiller la gueule, des démons bien flippants et surtout du jumpscare. Et dans It Feeds, beaucoup de jumpscares. Alors on va faire une petite expérience sociale. Pour les personnes qui veulent voir It Feeds dans les meilleures conditions, mettez le son sur un casque et le volume au maximum. Les autres, dites rien. Pour toutes plaintes en raison de crises cardiaques, adressez-vous au docteur Smars à l’adresse loic.smars@doctissimo.be ou allez au fumoir du BIFFF, vous avez une chance sur deux de croiser le docteur Smars. Car oui, le film de Chad Archibald joue beaucoup sur les jumpscares. Un peu trop même. Avec son air de fils illégitime d’Insidious et Freddy les Griffes de la Nuit avec une légère touche d’Inception, le film nous emmène directement dans un univers bien sombre où Cynthia arrive à pénétrer l’esprit de ses patients pour régler leurs traumas. Des traumas représentés bien sûr par des entités pas très sympas qui vont vouloir lui dézinguer la gueule. Et puis, elle croise Riley qui se balade avec une entité démoniaque qui lui pourrit la vie, lui suce son énergie vitale tel un parasite en plus se permet de faire de même avec les gens qu’elle côtoie. Un peu comme un carolo avec les allocations de chômage.

    Après avoir produit Vicious Fun (Corbeau d’Or au BIFFF 2021), Chad Archibald revient cette fois derrière la caméra pour ce It Feeds efficace mais qui manque parfois d’originalité. Dommage car l’ambiance pesante et poisseuse du film aurait pu donner lieu à une angoisse qui ne repose pas uniquement sur les jumpscares pour exister. En cela, il suit la tendance des réalisations de James Wan en privilégiant parfois trop le sursaut aux dépends du frisson. Et on peut le déplorer car le potentiel était là pour faire mieux. Big up aussi à mon ORL qui va me voir débarquer avec des acouphènes après cette séance. Et pour une fois fois, c’est pas à cause d’une rave à laquelle j’aurais été sans boule quies. O.E.

    Animal attrapé pour le BIFFFODEX : un tympan percé

    Olivier Eggermont
    Olivier Eggermont
    Journaliste du Suricate Magazine

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