Interstate
Déjà, nos yeux de biffeureuses sont les premiers à se poser sur le film de Jean-Luc Herbulot.
Et Interstate ou Jour de colère se passe en partie dans nos chères Ardennes et dans les Pouilles.
Franck remplit ses contrats avec froideur, sans vergogne et professionnalisme. Ce ne sont que des contrats, rien de plus. Pourtant, il va laisser filer sa dernière cible et ce sera sa plus grosse erreur.
Alors qu’il mange les kilomètres pour rejoindre sa douce Laura, il croise la route de Virgil, un étudiant paumé qu’on a laissé au milieu de nulle part pour son bizutage. Et pris d’une nouvelle faiblesse, il va le prendre en stop. Ce sera sa deuxième plus grosse erreur.
En premier plan, il y a l’ambiance sonore qui dépote. Dès qu’elle arrive, elle ne nous lâche pas le tympan du début jusqu’à la fin ce qui nous plonge presque à l’étouffée dans l’histoire. Pas le temps de poser ou d’exposer, un uppercut rythmé dans la rétine pour bien nous faire sentir que la colère sera le fil rouge de ce film, sans respiration possible. Visuellement, les plans sont propres et quelques plans zénithaux au ralenti apportent de l’ampleur à l’action et aux acteurs. Acteurs et actrice excellents aussi ; Asia Argento et Joey Starr percutent l’écran et leur duo/couple, on y croit, on s’y attache vite. Et Joaquim Fossi dans le rôle de Virgil plie le game.
Autant, je n’ai aucun scrupule à révéler salement les intrigues des mauvais films autant là, j’ai juste envie de vous laisser la surprise et la joie. Le fil rouge, ce fil de colère est intelligent et se marie si bien avec cette part de surnaturel dans le scénario. Chacun y mettra les degrés qu’il veut, qu’on se le prenne au sens métaphorique, philosophique, fantastique, ce sera toujours efficace, clair et cohérent. C’est savoureux quand un scénario te susurre « Viens on sera bien, promis, je ne ferai pas de la merde » et qu’il tient parole.
Et comme Verdi le disait « Quantus tremor est futúrus, quando judex est ventúrus, cuncta stricte discussúrus «
Point chant beatbox au top/10, Anthony Jaswinski nous régale et Cédric Prévost nous régale d’anecdotes adultéro-italienne, on adore.
Kidnapping Inc.
Okay festival, tu as programmé les films en fonction des anecdotes qu’ils fourniraient ?
Non parce qu’après les anecdotes croustillantes d’Interstate, nous avons ici des anecdotes dramatico-politique qui file le frisson et qui donnent très vite le ton pour cette séance.
Ce qui n’est qu’un kidnapping banal pour Zoé et Doc tourne bien vite à la conspiration politique et nos deux pauvres exécuteurs vont enchaîner les quiproquos et les coups de feu et de sang.
En Haïti, la situation est mortifère ; corruption, insécurité et kidnapping régulier. Lors du tournage, une partie de l’équipe se fait kidnapper. Avec Kidnapping Inc, Bruno Mourral montre ce qui gangrène ce pays avec un sens de l’humour et du comique de situation délicieux.
Le duo est exquis, il fonctionne à la perfection, leurs interactions font mouche et les dialogues qui semblent presque anecdotiques dans ce fouillis d’actions et de sons ne le sont absolument pas ; on y apprend ce qu’il faut pour s’attacher aux personnages (si j’étais dans le jury du BIFFF un de mes critères serait celui-là). À l’image du débit de paroles de nos deux bras-cassés, le film te débite ses scènes à un rythme effréné, des cuts, des zooms, des transitions aux forceps, ça envoie du pâté. Peut-être un peu trop, du coup, je ne suis pas sûre d’avoir bien compris les tenants et aboutissants du complot et c’est dommage, il avait l’air intéressant.
Au final, c’est du plaisir simple de regarder ce film. On ressort de la séance ravi visuellement, repu (avec légère indigestion) scénaristiquement, refait musicalement et touché humainement.
Porter le drame au plus loin en l’enrobant de plans catchy et coloré, c’est en partie ça le cinéma. Un vecteur incroyable pour raconter le pire dans le rire. Hommage aux deux personnes mortes pendant le tournage. Hommage aux habitants d’Haïti et à tous ceux qui vivent le conflit au quotidien.
Point chant 9/10, on ne s’attendait pas à cette chanson et cette voix, un peu comme Kidnapping Inc, on ne s’attendait pas à ça et c’était excellent.