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    [BIFFF 2023 Séance de clôture] : Adieu mon pays

    On la redoute autant qu’on la sait inéluctable. Parce qu’elle arrive chaque année au mois d’avril et qu’elle laisse des milliers de personnes dans un désarroi hébété. Non, je ne parle pas de l’élimination du PSG en Ligue des Champions mais bel et bien de la fin du BIFFF. Mélange subtil de soulagement, d’exténuation et surtout de nostalgie, le point final du meilleur festival du monde est toujours un tourbillon d’émotions difficiles à contenir. Mais cette année, il aura été particulièrement puissant, en adéquation avec la qualité de cette édition qui nous aura réservé des surprises, des confirmations et des moments fantastiques. Et tout cela, c’est avant tout grâce à une organisation pico bello qui s’est rajeunie cette année avec le départ du dernier fondateur Guy Delmote. Avec plus de 40.000 spectateurs, le festival retrouve aussi une affluence au niveau des années Bozar pour son retour à un format traditionnel.

    Bravo donc à Youssef et Jonathan qui ont réussi l’exploit de mettre sur pied une édition d’un tel niveau 6 mois seulement après le dernier BIFFF. Merci à eux et merci à toutes les équipes du festival avec eux qui ont fait un travail formidable. Merci aux bénévoles qui n’ont pas compté leurs heures durant ces 13 jours intenses avec un remerciement particulier pour les stagiaires presse qui ont illuminé chacune de nos arrivées au festival de leurs sourires et de leur bonne humeur. Merci enfin à tous les réalisateurs et personnels des films projetés au BIFFF. Ravissement, rire, tristesse, joie, ennui, dégoût, colère, perplexité, frustration, angoisse, gerbe, caca, surprise, satisfaction et encore bien d’autres. Voici une liste non exhaustives des émotions que leurs films aura provoqué dans nos petits corps fragiles et malmenés par 13 jours aussi intense qu’un tournage porno sous coke/viagra dans la villa de Charlie Sheen.

    Et pour clôturer cette cuvée millésimée, le festival rendait aussi ses verdicts dans les différentes compétitions après les traditionnels discours de fin de festival qui faisaient la part belle entre le BIEN et le PAS BIEN (oui Jonathan, il n’était pas trop long ton discours t’inquiète).

    Et le premier grand gagnant du festival aura été Soft & Quiet de Beth de Araújo qui remporte le prix de la critique et l’Emerging Raven qui récompense un réalisateur pour son premier film (avec une mention spéciale pour Farador). Un succès qui se comprend aisément tant ce film qui traite des monstres ordinaires avec talent en un long plan séquence nous aura marqué. L’autre film qui a marqué tout le festival et qui ressort triomphant, c’est Sisu de Jalmari Helander. Ce défouloir finlandais qui a dégommé des nazis à un rythme industriel remporte sans surprise le prix du public  ainsi qu’une mention spéciale dans la compétition internationale. Une compétition internationale qui aura quant à elle couronné d’un Golden Raven l’excellent Talk to Me de Danny et Michael Philippou. Un véritable bijou d’horreur simple et efficace. Dans le même temps, Infinity Pool et Suzume remportaient un Silver Raven totalement mérités tout comme le prix de la meilleure branlette du festival pour Infinity Pool décerné par les journalistes du Suricate. Côté européen et Thriller, c’est la Hongrie qui aura été mise à l’honneur avec Halfway Home d’Isti Madarasz pour la compétition européenne et The Grandson de Kristóf Deák pour le Black Raven. Enfin, c’est The Coffee Table de Caye Casas qui remportait le White Raven (DE CHEVAL) avec une mention spéciale pour le rôle de Lily Sullivan dans Monolith. La compétition de court-métrages couronnait quant à elle Signal de Jérôme Pierrat (BeTv Award), The Foreman’s Wife de Marius Chodé (LaTrois Award), Amours Noires de Michel Collige (Youth Jury Award), Drifter de Joost Jansen (Grand Prix de la compétition belge), Turkey Jeanne de Pauline Ouvrard (Silver Meliès) et Alex’s Machine de Mael Le Mée (Grand prix de la compétition internationale).

    Après moults prix et chansons, place au film de clôture et le très attendu Unwelcome.

    Unwelcome : clôture par la petite porte

    Savez-vous ce qui rassemble les Parisiens et les Anglais ? Où qu’ils aillent dans le monde, on a envie de les chasser à coups de pioches au cul et d’enclumes dans la gueule. Et on peut le comprendre. Parce que d’un côté, les Anglais ont massacré des populations sur à peu près toute la planète et de l’autre les Parisiens…je pense que ça ne nécessite même pas d’explication non ?

    Et pourtant, Jamie et Maya pensaient refaire leur vie en Irlande à coup de Guiness et de légendes locales après avoir vécu une expérience traumatisante à Londres. Et non, on ne parle pas de goûter la cuisine anglaise. Pourtant, ils vont vite se rendre compte qu’à côté des péquenots à la sympathie rustique, il y a aussi dans les petites villes des trous de balle, voire même des trous de baux, qui se baladent en Volkswagen Golf tunée et arborent un tatouage tribal avec des chiffres romains. Et si l’antidote contre les idiots en Angleterre est de changer de Premier ministre, en Irlande, on fait appel aux gnomes locaux. Et ils viennent directement livrés avec un appétit prononcé pour le sang, les démembrements et les couteaux.

    Unwelcome, c’est ce qu’aurait donné le film des Schtroumpfs s’il avait été réalisé par Guy Ritchie. En tout cas la dernière demi-heure du film. Parce que pendant la première heure, on s’est quand-même un peu fait chier. Entre longueurs évitables, démonstrations répétées de la poltronnerie de Jamie et moments vaguement angoissants dans la forêt, ça tire en longueur comme la carrière de Britney Spears. Et il en faut plus que la tête d’Hodor dans un sac pour nous sustenter. Car à l’image des Minimoys locaux, le public du BIFFF a aussi besoin d’une ration régulière de tripaille sinon il devient insupportable. Enfin, encore plus qu’il ne l’est déjà.

    Car comme on dit au BIFFF, « one ton of blood a day keeps the motherfuckers away ». Et ça tombe bien parce qu’on a eu notre quota de sang pour l’année. Les sociopathes en nous peuvent donc à nouveau sommeiller en paix jusqu’à l’an prochain. Il se réveillera à nouveau le 9 avril 2024 pour douze jours à gueuler des insanités et se péter la santé. En attendant, comme l’a dit Stéphane, on va retrouver des choses inconnues comme les légumes, le sommeil et le monde extérieur.

    À l’an prochain pour une nouvelle édition du meilleur festival du monde. O.E.

    Olivier Eggermont
    Olivier Eggermont
    Journaliste du Suricate Magazine

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