The nature man : On ira gratter le ciel en dessous de Kyoto, on ira chier dans l’étang pour faire de la confiture bio PAS BIEN
J’ai perdu deux heures de ma vie. Comme si j’avais été à une conférence de Maître Gims sur le démantèlement d’EDF par l’Europe ou si j’avais été manifester contre la réforme des retraites en France, j’ai abandonné pour ce film deux heures que je ne retrouverai jamais. Alors c’est sûr, pour les amateurs de camping, de Corée du Sud ou de films chiants, il y avait de quoi se réjouir. Malheureusement je n’appartiens à aucune de ces catégories.
Le pitch était pourtant prometteur. Deux jeunes coréens influenceurs décident d’aller en forêt rencontrer un mec qui assure pouvoir parler aux fantômes. Pendant les dix premières minutes du film on se réjouit de la promesse de frisson forestier. On s’attend à une sorte de Blair Withch Project, où nos deux blaireaux de la ville vont bénéficier d’un contact privilégié avec le monde des esprits. BEN NON. A partir du moment où ils rencontrent le mec (et je déconne pas) il ne se passe RIEN. Ah si, on apprend que leur guide spiritique ne parle pas du tout aux fantômes. Par contre, et c’est sans doute le truc mystérieux du film, il se fait livrer des Deliveroo pendant la nuit, en pleine forêt ! Sinon il fait de la confiture avec sa transpiration et il chie dans l’étang où il puise son eau de source.
Même si le plus futé des deux compères se doute peu à peu que le mec est sans doute cinglé, 1000 fois ils disent qu’ils vont partir, 1000 fois ils restent pour un dernier repas. Bah oui, qui ne voudrait pas manger une dernière fois cette délicieuse confiture bio et cette eau minérale qui s’appelerai Kezak ?
Alors c’est sympa de nous emmener en balade dans la nature coréenne. J’aime beaucoup aussi le retour à la nature, chier dans l’étang, couper un peu son smartphone pour passer 10 jours avec un fou en montagne. Par contre je ne mettrai pas mes plus belles bottes de rando pour aller revoir ce mix entre camping paradis et vol au-dessus d’un nid de coucou. Aucun rythme, scénario aux abonnés absents, j’aurais préféré aller voir Evil Dead Rise avec mon ami Tiger King. T.C.
Detective vs Sleuths : Min-Oh Reeti Ray Poot BIEN
Croyez-vous aux mediums ? Au surnaturel ? Au paranormal ? Mais ouais je suis con. Si vous lisez cette chronique en connaissance de cause en vous attendant à lire quelque chose de qualitatif, c’est que vous croyez déjà aux miracles. Eh bien moi, avant, je n’y croyais pas. Mais ça c’était avant. Croivez-moi ou croivez-moi pas, mais hier, j’ai été confronté à une expérience surnaturelle. J’étais peinard, dans le métro vers le BIFFF, occupé à siffler ma 15e bière de la journée aux alentours de 15h quand un homme aux allures de Jacquouille la Fripouille m’interpellait. « Eh blondasse, tu fais des réductions si on a des morpions ? » Vulgaire. Alors déjà, non, les morpions ne font pas partie de l’option tarif réduit, et puis je me demandais que me voulais ce gueux. Jusqu’à ce qu’il me dise, sur un tout autre ton de voix et avec une élocution radicalement différente : « Ce soir, y a une poucave qui va te trahir ! » Enfin mon arrêt de métro, je laissais là l’importun non sans l’avoir molesté pour son attitude. Mais le futur (et la prochaine chronique) allaient donner raison à sa prédiction.
Eh bien, médium/clochard, c’est aussi ce que fait Jun Lee. Comment ? Elle est à chier ta transition ? Mais nique ton poisson rouge. Du coup Jun Lee, c’est un ancien détective devenu sans chez-soi (oui c’est comme ça qu’on dit) mais qui parvient à parler avec les futures victimes de meurtres. Sauf que ceux-ci se manifestent seulement à lui et pour le monde extérieur, il ressemble juste à un schizo puant. Mais il va tout de même aider la police locale à résoudre une série de meurtres concernant des affaires refermées que Jun Lee avait quant à lui bien résolu dans son penthouse à ciel ouvert.
Truffé d’action, de twists et doté d’une bonne dose d’humour, ce Detective vs Sleuths reste parfois un peu prévisible mais joue avec les codes du genre de belle façon. C’est un peu comme un dîner chez la belle famille pendant lequel ton beau-père te propose de l’ecsta. Sur papier, ça paraissait pas gagné mais dans les faits, on peut passer un bon moment. O.E.
Cuckoo’s curse, le coucou massacre toujours deux fois. BIEN
Pour les citadins, à titre informatif, le coucou n’est pas qu’une horloge kitcho-kitch allemande qu’on
retrouve principalement dans les foyers à la décoration soit de mauvais goût soit de mauvais goût, c’est aussi un petit oiseau mignon qui pond ses œufs dans le nid des autres et qui les déloge sans vergogne.
Sur ce… Pour l’histoire, Anna et Mark, vivant à Barcelone, décident d’échanger leur logement avec Hans et Olga, vivant au milieu de la Forêt-Noire. Anna est enceinte, Mark est sympa, Olga est creepy, Hans aussi.
Rien ne va se dérouler comme prévu, rien ne sera « coucou »ru d’avance (jeu de mots co-construit avec les deux charmantes stagiaires qui gèrent nos tickets presse). Si jusqu’ici, vous n’avez pas fait le lien avec le coucou et Anna, on ne peut rien pour vous… On va quand même continuer à vous titiller la pendule.
De un, les performances sont à couper le sifflet.
De deux, la photographie est splendide comme la Forêt-Noire, la pâtisserie.
De trois, c’est drôle et bien dosé.
De quatre, ce film contient le meilleur fusil-mixeur de Tchekhov, sans discussion.
De cinq, le public était drôle. Vraiment drôle. À part ce monsieur qui « est venu ici pour voir un film pas pour entendre des gens gueuler tout le temps » (personne l’avait prévenu pour le BIFF ?)
Sans transition parce que bah, voilà…Mar Targarona, gros kiss et crush sur vous, vous avez réalisé une pépite qui ne m’empêchera pas de dormir. Et pour ça merci! Par contre, je me méfie à présent des petits vieux et ça ne va pas aller en s’arrangeant avec The Elderly on dirait « wink wink teaser ». E.K.
Evil Dead Rise : instinct malternel BIEN
Medine nous avait pourtant prévenu. « Je sais déjà que j’me ferai sûrement fumer par un re-frè proche de moi. Les forêts n’ont jamais été incendié que par leur propre bois. » Et il avait raison. À l’approche d’Evil Dead Rise, notre journaliste Thomas commençait un récital d’excuses de merde en do mineur en commençant par « Non mais tu sais si je veux être d’attaque pour la Night faut que je me repose. » Ou encore « Enchainer les films comme ça j’ai pas encore l’habitude » en passant par « Oui d’accord on va aux toilettes à deux mais après je m’en vais ! » Trahi par les miens, c’est donc accompagné de mon ami imaginaire Thomas Cook que je me rendais à un voyage sanglant et excitant.
Evil Dead Rise. Dire que ce film était attendu par le BIFFF comme un buzz sur Twitter par Georges-Louis Bouchez est un euphémisme. La salle était plus remplie qu’une actrice porno dans un gang bang et sûrement toute aussi bourrée. Et ce ne sont pas les consignes d’un Stéphane qui se prenait pour le personnel de Ryanair pré-décollage qui allait changer la donne. En nous enjoignant à gueuler « Bien » ou « Pas bien » à l’écoute des vannes de la salle, ce dernier faisait preuve d’une once de paternalisme. Comme si le public du BIFFF ne savait pas reconnaître le bien et le mal. Tuer des animaux qui polluent et consomment énormément pour les manger, c’est PAS BIEN. Tuer des humains qui polluent et consomment énormément pour les manger, c’est BIEN. Simple, basique.
Et Evil Dead Rise alors ? Eh ben le film de Lee Cronin lui il est BIEN ! Même TRÈS BIEN. Démarré tout de suite au quart de tour comme un débat sur l’immigration avec ton oncle raciste, le film ne nous laisse pas un seul moment de répit. Multipliant les hommages à l’original (cœur sur la tronçonneuse) ou à d’autres films du genre (Shining et une once d’Human Centipede sur la fin) on part sur un film qui était fait pour le BIFFF. Et 30 ans après la diffusion d’Army of Darkness dans ce même festival, le public a accueilli ce nouvel opus de la saga démarrée par Sam Raimi avec enthousiasme et dans une ambiance de feu. La séance qu’il ne fallait pas manquer en ce début de BIFFF N’EST-CE PAS THOMAS ??? O.E.
Cult Hero : minuit c’est le bon moment pour un film de culte PAS BIEN
C’est toujours accompagné de mon ami imaginaire Thomas Cook que je me rendais à cette première séance de minuit du BIFFF. Pour celles et ceux qui ne l’ont jamais vécue, la séance de minuit au BIFFF c’est véritablement la cerise sur le gâteau, le « BWAH » juste avant un breakdown dans un son metalcore, la creampie dans ton porno. Bref, c’est ce qui fait le sel du festival. On y retrouve une bande de beuglards qui sont venus pour deux choses : de la violence et parce qu’ils se sont perdus. Mais de la violence, on n’en aura eu finalement que très peu dans ce Cult Hero. Pourtant sur papier, ça avait tout pour nous plaire. Après que son mari s’est fait endoctriner dans une secte, Kallie Jones va faire appel à Dale Domazar, le Cult Buster, pour démasquer le gourou de cette bande d’illuminés. Sauf que Kallie est une Karen émasculatrice et que Dale est une version Wish de Tiger King. Dit comme ça, on va s’enjailler. Dans la réalité, c’était quand-même long. Très long. Alors non, je vous vois déjà venir d’ici, je n’ai pas dormi pendant le film. Mais j’ai failli et je veux pas balancer mais derrière moi j’ai entendu quelques ronflements. Et je pense que même mon poto Thomas Cook a somnolé un peu à partir d’1h. Alors oui, il y a quelques moments drôles et le personnage haut en couleur de Dale Domazar nous offre quelques belles punchlines. Mais dans l’ensemble, ça reste insuffisant pour justifier cette heure et demie en moins de sommeil avant la Night. Point positif, c’est tout de même plus divertissant que les trois premiers épisodes du Bifffophone, le podcast du BIFFF, de Sacha et Charles. Là, on est vraiment sur une heure et demie perdue qui vous feront abanonner toute foi en l’humanité. O.E.
Thomas Cals, Elodie Kempenaer et Olivier Eggermont