Jurassic Punk : bataille dégénaration
On vous voit là les gens qui viennent au BIFF que pour placer leurs vannes, on vous a moins entendu pendant le petit docu par contre. Parce que y avait peu de vannes à faire. C’était carré comme un logiciel. C’était émouvant comme ce gars me disant qu’il venait de croiser Laura Felpin sur qui il a un crush. C’était drôle comme aucune intervention d’Olivier Eggermont en séance.
Jurassic punk donne ce qu’il vend, du Jurassic et du punk. Pour le punk, on a Steve « Spatz » Williams. Juste un type qui s’est dit qu’on pouvait faire de l’animation qui dépote (oui, on dit dépote au Suricate, qu’est-ce que vous allez faire ?) avec un ordinateur. Comme par exemple une colonne d’eau animée, un T-1000 fluide ou des fucking dinosaures à la texture plus vraie que nature.
Eh ouais, c’est lui, le « Spatz », il a littéralement modifié la face des animations au cinéma, donné le ton des blockbusters pour les 30 années à venir et a sombré dans l’alcoolisme. Entre deux bières (sûrement à moins de deux jetons) sifflées et quelques rancœurs placées, la bataille entre la vieille et l’ancienne technologie se mène et on prend sa patte de T-Rex a la regarder. E.K.
Project Wolf Hunting : avec Vanish Oxi Action, nettoyez les tâches de sang tenaces
Vous avez tâché votre belle tenue de prisonnier de guerre avec des litres de sang de prisonniers et de policiers à bord d’un bateau pour la Corée ? Pas de panique ! Avec Vanish Oxi Action et ses effets détachants incroyables et hygiène parfaite, vous pouvez continuer à tabasser des gens avec leur propre bras préalablement arraché de leur corps. Mélangez 1/4 de dose de Vanish avec 3/4 d’eau à maximum 40°C, appliquez le mélange sur la tache pendant 5 minutes maximum, frottez la tache avec le dos de la dosette, mettez-vous un doigt dans le cul, allez chanter « Une Souris Verte » avec un Gnome des forêts du Nord unijambiste dansant à la pleine lune au milieu des douzes statuettes enroulées dans du jambon, nettoyez et faites sécher la dosette avant de la remettre dans le pot. Après avoir prétraité, lavez normalement.
Vous l’avez compris, avec Project Wolf Hunting, on est sur de la barbarie qui tache, qui casse des gueules et qui libère des litres de sang. Jugez plutôt : Hongsun Kim, le réalisateur du film, nous a confié avant la projection avoir utilisé 2,5 tonnes de sang pendant le tournage. De quoi donner une crise d’apoplexie à notre Bambitman national (voir la chronique du film Les Complices ci-dessous). Alors oui, on ne va pas se mentir, on était venu là pour voir de la violence. Parce que les films d’animation japonais tout mignons, les comédies noires avec les zombies et autres harcèlements d’une prof psychopathe, ça va un temps. Mais on est aussi venu au BIFFF pour libérer notre sadisme inconscient. Car le BIFFF, c’est aussi une catharsis des temps modernes pour ados attardés et sociopathes en puissance. Et avec Project Wolf Hunting, on a canalisé tout ça pour un bon bout de temps ! Avec ses scènes ultra-violentes, ses giclées de sang omniprésentes, ses scènes de baston soignées et ses démembrements aussi fréquents qu’une érection chez mon professeur de maternelle, on entre très vite dans cette réalisation qui mêle allègrement violence bourrine et twists scénaristiques. Aucun répit, à partir du moment où la machine est lancée, on n’arrive pas à l’arrêter et elle pilonne sans discontinuer (that’s what she said). Au final, on sort de ce Project Wolf Hunting sans avoir vu passer ses 2h et avec le sentiment qu’au final, tuer son voisin parce qu’il nous pique notre place de parking, c’est pas si grave quand on met ça en perspective. Eh oui, au BIFFF on apprend aussi de belles leçons de vie. O.E.
Nightmare, un film à dormir debout
Cauchemar est composé des mots « caucher » qui veut dire presser et de « mare » qui signifie fantôme. Dans le folklore nordique, Marh est un esprit malveillant qui perturbe le sommeil. On peut faire le parallèle avec les célèbres paralysies du sommeil caractérisées par un état de conscience sans capacité d’effectuer de mouvement volontaire pendant l’état hypnagogique ou hypnopompique.
Voilà, franchement, c’est ce qu’on pourra retirer de mieux de ce film dont l’intérêt se situe donc plus à ce niveau qu’au niveau de son scénario, de sa mise en scène et de sa gestion du suspens claquée au sol. Pour vous dire, ma nièce me concocte des jumps scares plus efficaces.
Pour finir, soulignons l’importance de soigner les premières apparitions des démons, entités ou tout autre Jason Voorhees pour créer cette tension propice au frisson. Nightmare l’a soignée avec le derche en nous l’offrant en fond de plan, qualité 144p et c’était parfaitement déceptif. On nous promettait un hybride entre Rosemary’s Baby et Nightmare on Elm Street, on cherche encore Elm Street et on préfère voir Rosemary’s Baby plutôt que cette engeance norvégienne. E.K.
Les complices ou Bambitman
Vous avez déjà rêvé de voir un mix entre Hitman, Bambi et Dikkenek ? Moi non. Mais c’est ce que j’ai vu hier au BIFFF en découvrant « Les complices » ! On retrouve Max (Francois Damiens) en tueur à gage hématophobe qui doit soudainement changer de carrière. Bah oui, contrairement à un spectateur du BIFFF qui se gave de sang de pucelle naine unijambiste tous les soirs, le pauvre Max il défaille à chaque fois qu’il voit une goutte de sang. Pas facile pour un tueur professionnel… En plein doute existentiel, il rencontre ses voisins relous : Stéphanie (Laura Felpin) et Karim (William Lebghil). SPOILER ALERT : il finit par bien les aimer car même s’ils sont cons en fait ils sont vachement attachants. De bandit à agent immobilier (toujours bandit donc, quand on voit leurs commissions), Max devra accomplir une dernière mission pour se sortir du réseau.
On retrouve ici le canevas scénaristique connu de films comme la Chèvre, le Boulet ou Tais-toi : un gros méchant tout dur est forcé de vivre une aventure avec les rigolos de service.
Et le pari est réussi, on se délecte d’une comédie française ni beauf ni cheap. Faut dire que si elle est aussi drôle c’est sans doute que l’acteur principal est belge.
Sans tomber dans les clichés du genre, Cécilia Rouaud signe une fresque d’une grande justesse où l’on ne s’ennuie jamais. Réalisée avec nos amis d’Outre Quiévrain, cette production franco-belge prend le meilleur des deux mondes en conférant au film un humour décalé et absurde où les vannes, saillies et bons mots se distillent comme dans un sketch du Palmashow. La précision des dialogues donne au film une véritable identité et on s’attache très vite à ces personnages dont, finalement, on se fout un peu. Ils ne sont en fait qu’un prétexte. Une chose est sûre, on attend le 2 avec impatience, autant que le César pour François. T.C.
Elodie Kempenaer, Thomas Cals et Olivier Eggermont