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    [BIFFF 2023] Interview avec Philippe Foerster, auteur de la 41e affiche du BIFFF

    Entre fantastique, humour noir et monstres sous marins, interview avec Philippe Foerster, auteur de BD et dessinateur de la 41ème affiche du BIFFF.

    Pour cette 41ème édition du BIFFF l’affiche est réalisée par Philippe Foerster, scénariste et dessinateur liégeois, adepte du festival depuis de nombreuses années. Auteur de bandes dessinées depuis les années 80, il entre chez Fluide Glacial avec lequel il publiera quelques ouvrages tels que Certains l’aiment noir, Nuits blanches ou Hantons sous la pluie. Il poursuit sa carrière chez Spirou où il publie la série Starbuck aux éditions Dupuis et collabore sur différents projets comme scénaristes pour d’autres auteurs de bande dessinée.

    Grand amateur de fantastique et d’humour noir, il retranscrit l’ambiance du festival en version sous marine, sur base de pirate fantôme, de tentacules, de monstres marins et de scaphandrier.

    Anaïs Staelens. Bonjour Philippe Foerster, tout d’abord comment allez-vous?

    Philippe Foerster. Très bien, merci!

    A.S.: Quels liens entretenez-vous avec le BIFFF ? Etes-vous un habitué?

    P.F. Je fus un habitué de BIFFF, il y a de cela bien longtemps. Je n’habite plus Bruxelles depuis une bonne vingtaine d’année, et aller assister à une séance est devenu beaucoup plus difficile que dans ma (lointaine) jeunesse!  Mais effectivement, je l’ai pas mal fréquenté à une période où c’était la seule façon de visionner certains films. J’ai découvert grâce au Bifff, Vidéodrome, par exemple, film qu’il n’y avait absolument pas moyen de voir autrement, car il n’était pas question de le distribuer en Belgique. Je vous parle d’une époque où le fantastique n’avait pas encore pignon sur rue et était très mal vu par l’intelligensia et les critiques de tout poil. J’avais, pour ma part, déjà vu les trois ou quatre films précédents de David Cronenberg. Tous des films – monstres, dérangeants, percutants et très intelligents. Je tenais à voir Vidéodrome, dont j’avais entendu parler par Mad Movies, je pense. Et je n’ai pas été déçu! Un film aux images très bousculantes, fouillant les tréfonds de l’inconscient et aux effets spéciaux artisanaux mais pourtant hyper efficaces et inédits. Avec un contenu prémonitoire, à la Philip K. Dick sur la manipulation des esprits par l’image et la nature du réel. Ce film est resté imprimé dans la mémoire, mais j’en avais beaucoup d’autres aussi. Vous dire lesquels…. c’est loin… Ah, si : étant fan du réalisateur polonais Zulawsky j’avais été voir son film de science-fiction The Golden Globe, une curiosité qu’on ne pouvait voir qu’au BiFFF et pas ailleurs, car si le réalisateur avait abouti le tournage, le reste n’était pas terminé. Zulawsky avait quitté son pays – toujours sous emprise soviétique à ce moment là et n’avait pas achevé le montage. C’est donc un film de quatre heures, non monté, qui a été présenté là au public! Pas évident mais c’était une curiosité que je voulais absolument voir. Je ne l’ai pas regretté. Je pense aussi avoir vu Akira, qui n’était pas, lui non plus, distribué en salle…. Un des premiers « animé », si pas le premier, visible sur grand écran chez nous. La révolution « manga » était en marche! Pour le meilleur et pour le pire! Pour le meilleur dans le cas d’Akira.

    A.S. Votre style de dessin, d’ailleurs souvent en noir et blanc, correspond assez bien à l’ambiance du BIFFF, était-ce une finalement une évidence d’en réaliser une affiche ?

    P.F. Oui, étant un dessinateur du « Fantastique », de l’humour noir, du noir et blanc…. les cadrages, les ombrages, l’interprétation déformante des décors de mes bd étant fort inspirés des films fantastiques, périodes « universal » ou « hammer » et surtout période expressionisme allemand… la rencontre avec le BIFFF a fini par se faire, tout naturellement… J’avais réalisé, il n’y a pas si longtemps une affiche pour une expo rétrospective qui m’était consacrée, au Rouge-Cloître (Auderghem) puis à Blois et, tout le monde m’a dit « Ca fait très affiche du BIFFF! ». En effet, je n’y avais pas réfléchis, mais c’était pas faux…. Faut dire que cette idée qu’ils ont depuis le début, de sortir à chaque fois une affiche noir et blanc sur fond rouge était vraiment très bonne! Cela claque à chaque coup!

    A.S. Dans l’ensemble des affiches précédentes pouvez-vous en faire un top 3 et pourquoi?

    P.F. Je dirais Tardi, Boucq, Hausmann…Mais j’aime vraiment aussi celles de Delaby, Caza et Comès… Et puis celle d’Hergé, marche incroyablement bien. Avec Hergé, on est dans l’efficacité. Il suffisait de prendre une case de Tintin avec beaucoup de noir, d’ajouter le rouge et hop!, on a tout une ambiance, très BIFFF!! Magique! Bref, j’aime celles de Tardi, Hausmann, Delaby pour leur côté foisonnant et  Hergé, Comès, Boucq pour leur simplicité efficace. Mais bon, j’ai plutôt choisi de rentrer dans la première catégorie. J’ai essayé de ne pas faire dans le vampire ou le zombie qui ont été fort pratiqués.. Je me suis lancé dans dans le pirate fantôme, … ce qui implique le grouillement d’éléments maritimes, les tentacules et les pinces de crabe, les têtes de mort, les bandeaux et les crochets !!

    A.S. Etes-vous plutôt zombie, vampire ou extra-terrestre?

    P.F. On a eu une overdose de Vampires, puis, actuellement de Zombies. Il y a eu des zombies partout. Même dans les dessins animés pour enfant. C’est tout juste si il n’y a pas des peluches zombies. Les morts vivants ont perdus tout leur sens, les vampires aussi. Dommage…. J’ai été terriblement marqué par les premiers films de zombies, ceux de Romero. La Nuit des Morts Vivants, un véritable choc…. Maintenant, soit ça parait vidé de substance, au mieux marrant. Trop de zombies tue le zombie! Mais, si je dois choisir, c’est quand même un genre de mort- vivant que je choisirais : Frankenstein.

    A.S. Avez vous assisté à des projections de cette édition ?

    P.F. Non, malheureusement, je n’ai pu voir aucun des films projetés. Mais j’aime bien les films précédents d’ Alex de La Iglesia… Il pratique un humour noir que j’apprécie beaucoup. J’espère voir plus tard celui qui a été projeté à cette édition et qu’il sera à la hauteur de ses précédents opus… Par contre, lors d’une édition précédente, il y six-sept ans, j’ai vu, en dédicaçant au BIFFF, le trailer d’un film de Sono Sion, intitulé Tag. Complètement intrigué, j’ai cherché et trouvé, par la suite, ce film, et puis d’autres de ce japonais frappadingue. Je n’ai pas tout vu de lui, mais une bonne partie de ce que j’ai visionné m’a vraiment fasciné et interpellé. Avec Sono Sion on a droit à des choses différentes, assez effarantes. Merci donc le Bifff de me l’avoir fait découvrir cet artiste et cinéaste! Vraiment hors de nos sentiers battus ce bonhomme…  même pour un japonais!!

    Anaïs Staelens

    Anaïs Staelens
    Anaïs Staelens
    Responsable de la rubrique Arts/Expos Journaliste du Suricate Magazine

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