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    [BIFFF 2022] Top, flop, notes d’Olivier Eggermont

    Retrouvez en conclusion de cette édition du BIFFF ce qui a fait vibrer ou ce qui a agacé nos journalistes envoyés sur place. Des tops, des flops et des notes à gogo, c’est parti !

    La dernière fois que le BIFFF avait eu lieu, une facture de gaz coûtait encore 70€/mois en appartement, on te regardait comme Steve Buscemi dans un concours de Miss si tu te baladais avec un masque chirurgical dans le métro et Dumb and Dumber allaient bientôt respectivement prendre les rênes de l’Angleterre et la porte de la présidence des États-Unis. Pendant deux ans, on a surtout compté les jours qui nous séparaient du prochain BIFFF, en vain. C’est vous dire notre bonheur lorsque l’édition 2022 a finalement bien été confirmée. Et qu’importe que le lieu ait changé, qu’il y ait des problèmes de son, que des séances soient annulés et que les sièges soient moins confortables pour dormir durant un film de 00h30. Car cette édition 2022 du BIFFF nous a gâté comme jaja. Après quelques petits couacs compréhensibles de début d’édition, l’organisation a vite rectifié le tir et finalement proposé une édition qui restera dans les annales. Tout d’abord parce que le BIFFF a déménagé et s’est établi au Palais 10. Alors oui, c’est loin et c’est moins chouette que Bozar mais après une période d’adaptation, on s’y est fait et on a pris nos habitudes dans ce nouvel écrin. Il faut dire que l’espace extérieur avec les foodtrucks aide beaucoup. Et si ce BIFFF 2022 perdurera dans nos mémoires, c’est aussi grâce à une programmation de haute voltige. Car quand on doit se creuser la tête pour établir un flop 5, c’est que les programmateurs ont très bien fait leur job. Mention spéciale aussi à Freaks Out qui est pour moi le meilleur film que j’aie jamais vu au BIFFF. Tout simplement. Mention spéciale aussi à Guy Delmotte qui fêtait cette année un départ à la retraite bien mérité. Merci pour ces années de bonheur. Et merci à tous les bénévoles, les organisateurs, les stagiaires, les gens du Magic Land Théâtre, ma maman, mon papa, la personne qui a inventé la Troll, les gens qui font des blagues drôles pendant les films, les gens qui disent « ta gueule » au gars qui n’arrête pas de faire des remarques/blagues de merde sur les films (le même chaque année, TA GUEULE), au Suricate et à tous ceux qui font de ce festival un bonheur de deux semaines.

    PARCE QUE LE BIFFF C’EST LE MEILLEUR FESTIVAL DU MONDE.

    Vous nous refaites la même l’an prochain avec du Maitrank ? Jean-Luc, tu nous manques!

    Le top 5

    5. Dual : C’est l’heure du dududududududududduuuuuuduuuuuuDUEEEEEEEEL

    D’un cynisme grinçant, délirant, hilarant et plein d’autres mots en -ant, ce Dual parvient dès les premières minutes à marquer le coup grâce à un univers légèrement dystopique mais pas trop et à une actrice principale (Karen Gillan) tout simplement parfaite. Le film de Riley Stearns frappe juste à tous les coups et crée un univers juste assez déjanté que pour être drôle mais pas trop pour qu’on puisse encore s’y identifier. Dual, c’est un conte acerbe des temps modernes qui désigne les problèmes sans moralisation et se moque ouvertement de notre temps. Et on en redemande. Vivement le 2 !

    4. Cop Secret : Macho Macho Man

    Quand on a vu le scénario de Cop Secret, on ne va pas vous mentir, on a eu peur. Déjà parce qu’avec un synopsis pareil (un flic sous testostérone qui se découvre une idylle avec son concurrent métrosexuel) on avait forcément peur d’un bête film stéréotypé et ringard. Mais aussi parce que le niveau de beauferie des journalistes du Suricate est tel que le site aurait sûrement été blacklisté pour des blagues grasses et débiles à la pelle. Heureusement, Cop Secret a dépassé largement toutes nos attentes en nous présentant une authentique histoire d’amour LGBT sans tomber dans le cliché et en proposant un produit final de qualité. Parodiant allègrement les films d’action de années 90 (et en particulier Die Hard 3), ce Cop Secret est une petite pépite, d’autant que c’est le premier film de son réalisateur Hannes Halldórsson, ancien gardien de l’équipe nationale d’Islande.

    3. Mad Heidi : orgie savoyarde

    Autant le reconnaître tout de suite, s’il n’avait pas été projeté au BIFFF, je n’aurais sûrement pas mis Mad Heidi dans ce top 5. Non pas que le film soit mauvais. Il est drôle, il a du rythme et il joue parfaitement de son humour décalé et dystopique. Mais c’est surtout parce que le BIFFF est une dimension parallèle qui permet à certains films de s’élever au-dessus de leur niveau normal. Un peu comme Végéta qui se transforme en Super Saiyan 4 avec l’aide de Bulma ou Lance Armstrong qui gagne le Tour de France grâce à l’EPO. Demandez à Iron Sky 2. De la même manière, ce Mad Heidi nous a offert la séance la plus dingue de ce BIFFF grâce à un humour qui tâche, de la violence gratuite et du fromage. Beaucoup de fromage. Et même si on n’était pas loin de la corruption de journaliste avec le frometon distribué après le film, on en redemande.

    2. Huesera : El bebé de Rosemary

    Véritable claque d’horreur viscérale, ce Huesera s’impose sans sourciller comme un des films phares de cette édition du BIFFF. Avec des références évidentes à un classique comme Rosemary’s Baby, la réalisation de Michelle Garza arrive à nous plonger d’emblée dans un univers sombre, torturé et parsemé d’un sentiment d’angoisse indicible. Le genre de film que l’on ressent avant tout avec les tripes, qui nous prend à la gorge et ne nous lâche jamais. On attend avec impatience les vrais résultats des jurys où il ne manquera pas d’être récompensé.

    1. Freaks Out : Squadra Bizzarra

    Finir champion d’Europe pour ne pas être capable de se qualifier pour la Coupe du Monde, c’est la hess. C’est un sentiment similaire qu’a vécu Freaks Out durant le BIFFF. Incontestablement le meilleur film du festival, il n’était présent dans aucune compétition. Et heureusement pour les autres films en lice. Parce que Freaks Out c’est avant tout une ode au cinéma et un vrai blockbuster de qualité. Et on espère que Disney a pris des notes devant le film parce qu’à lui seul, Freaks Out a enterré tous les films de super héros de ces cinq dernières années. Tel des frites trempées dans un milkshake vanille au Hard Rock Café (on ne juge pas tant qu’on n’a pas goûté !), la production belgo-italienne aura constitué l’apogée du festival cette année. Parce que Freaks Out c’est le genre de film que tu peux même conseiller à tes amis qui ne vont pas au BIFFF. Et ça, c’est plutôt rare.

     

    Le flop 5

    5. Blast : vive la mobilité douce

    Non content d’être Français, ce qui est déjà un défaut qui justifie tous les outrages, le réalisateur Vanya Peirani-Vignes nous a même confié avant le film avoir enfermé son actrice principale (Nora Arnezeder) dans une voiture pendant deux heures avant le tournage pour la préparer au film. Et avec cette anecdote, j’ai officiellement écoulé tout ce qu’il y avait d’intéressant à dire sur ce Blast. Alors oui, le concept du film est intéressant et arrive à nous tenir en haleine pendant la première demi-heure. Mais passé ce cap, on commence à s’ennuyer et les twists du scénario sont aussi prévisibles qu’une faciale dans un porno. Sur ce, je dois vous laisser, faut que j’aille faire des freins à main dans mon quartier en Hummer. Bisous.

     

    4. Don’t Come Back Alive : Ne reviens pas, prends tes affaires rentr’chez toi

    « Bae, ne reviens pas. Prends tes affaires, rentre chez toi. Non, ne reviens pas. Prends tes affaires, rentre chez toi. » C’est ce que j’ai envie de dire au réalisateur du film Néstor Sanchez Sotelo.

    Vous l’avez senti ? Oui oui, mon ennui profond devant ce film. Alors on va mettre les choses au clair une bonne fois pour toute : NON, introduire un(e) albinos ou toute personne à l’apparence physique vaguement inquiétante ne rend pas un film soudainement bon. Au mieux, ça peut apporter un petit plus quand c’est bien fait, au pire on se croirait dans un cirque qui voudrait montrer sa bête de foire. En moins d’1h30, Don’t Come Back Alive réussit l’exploit de nous énumérer tous les clichés du film de possession démoniaque ET du film de secte satanique. C’est fort. Et au final, le film ira très vite rejoindre le rayon des séances de 14h dont on ne se rappelle pas dans quelques années. « Et na-na-ni, na-na-na. M’raconte pas tes salades. C’est soi tu viens, soit tu t’tailles. Nous on va pas parler thaï. Y a des Shegueys, d’la moula. »

     

    3. Night at the Eagle Inn : Un hôtel ? Trivagore

    Dire que ce Night at the Eagle Inn est prévisible est un euphémisme tant les ficelles sont grosses (CMB). Cela ne veut pas dire pour autant que le film soit foncièrement mauvais. Juste qu’en voyant les premières 10 minutes, on sait déjà comment il se terminera. Mais de toute façon, la surprise c’est surestimé. Un jour, mon ex a voulu me faire une surprise en utilisant durant la nuit le god ceinture que je lui avais offert pour son. Eh bien je peux vous dire que certaines surprises élargissent les horizons. Truffé de références à Shining, Psychose, La 4e Dimension et autres, ce Night at the Eagle Inn se veut avant tout être un film d’hommage à ces classiques avant d’avoir sa propre personnalité et identité. Dommage car il y avait matière à faire beaucoup mieux et surtout plus original. Original comme la Coupe du Monde au Qatar qui sera la première à se dérouler dans la péninsule arabique et la première à avoir lieu en fin d’année et non durant l’été. Un événement splendide dans un pays qui respecte le droit des femmes et des LGBTQI+. Wahla c’est la vérité.

     

    2. Next Door : Tu t’es vu quand t’as bu ?

    Entamer un film de 14h au BIFFF, c’est comme jouer à pile ou face. Pile ça va être sympa, face ça va être de la merde. Sauf qu’avec Next Door, la pièce est tombée sur la tranche. Et là, ça veut dire que la réalisation de Ji-ho Yeom est aussi nulle que jouer un Monopoly avec des communistes. Entre de nombreuses lenteurs, un héros aussi teubé que Kylian Mbappé en conférence de presse et une histoire écrite vite-fait sur un sous-verre de bar, ça fait beaucoup. Rien ne viendra malheureusement sauver ce Next Door pas même une fin prévisible et à l’image du reste : dispensable.

    1. Ajagajantharam : À tes souhaits

    À un festival en Inde, un dresseur d’éléphant met une tarte à un gars bourré, ses potes vont vouloir se venger et rameutent tout le village pour leur défoncer la gueule. Grosse baston.

    Et voilà en 10 secondes ce que Rajajajajaghatha nous livre en près de deux heures. Si au moins le réalisateur avait retiré tous les ralentis inutiles du film censé donner un côté épique (spoiler alert : c’est raté) à sa réalisation, le film aurait duré une heure en moins. Bref, on s’est fait chier malgré quelques chansons plutôt enthousiasmantes pour un public qui a tenté de faire l’impossible : se divertir et passer un bon moment devant ce Thajajagagatumaram. À mi-chemin entre un documentaire LN24 sur la culture indienne et la fête de village beauf des consanguins du coin, le bébé de Tinu Pappachan n’arrive jamais vraiment à démarrer et à offrir quelque chose de cohérent. Heureusement que la baston finale vient nous donner quelques moments magiques comme seul Bollywood peut le faire. Pour le reste, on passe son chemin.

     

    Les notes des films vus !

    Ajagajantharam : On rêvait de revivre la hype de Baahubali au BIFFF 2018, on aura finalement eu la vibe d’une maison de retraite Orpea.

    Next Door : Un enchaînement de décisions stupides et navrantes comme un mercato du Paris-Saint-Germain.

    Night at the Eagle Inn : Un hôtel ? Trivagore.

    Don’t Come Back Alive : C’est soi tu viens, soit tu t’tailles. Nous on va pas parler thaï. Y a des Shegueys, d’la moula.

    Blast : 30 minutes d’intérêt et 1h d’ennui comme un album d’Angèle qu’on écoute trois fois.

    Life of Mariko in Kabukicho : Mais qu’est-ce que je fous là ?

    Virtual Reality : Tant de questions sans réponse. Est-ce vraiment la réalité ? Où est passé le scénario du film ? Pourquoi les Tic Tac au melon ont-ils été retiré de la vente ? Où est passé Orlando Bloom ? Le papillon-caniche vient-il directement d’une chenille-chihuahua ?

    No Looking Back : une opération spéciale militaire pour sauver le scénario ?

    The Black Minutes : Film très nwaar.

    The Breach : Blob l’Eponge.

    Scare Package 2 : Vivement le 1 !

    Midnight Peepshow : la passe de quatre.

    The Witch 2, The Other One : Apparemment il fallait voir le 1.

    The Price We Pay : PUTAIN MAIS C’EST QUI TAMURA ???

    Scare Package : plan à 7.

    Cursed, Dead Man’s Prey : Yamakazombies.

    Saloum : Saloum alekhem mes gâtés.

    Wyrmwood Apocalypse : big up au mec en quad qui apparaît 4 fois, fait des petits tours et puis se casse comme un prince. La star du film, c’est toi poto.

    Witch Hunt : Imaginez : les États-Unis sont devenus une théocratie qui discrimine les femmes en les privant de certains droits fondamentaux pour des raisons religieuses insensées. Difficile n’est-ce pas ?

    American Carnage : Ils auraient dû laisser Matthieu Matthys écrire la fin.

    Jane : C’est pour la petite bourgeoisie qui boit du champaaaaagne.

    Fall : un bon film pour s’envoyer en l’air.

    Vesper : t’aimes ça les plantes ? Dans 20/30 ans y en aura plus.

    Limbo : limbo et piña colada, ambiance club med en noir et blanc.

    The Killer : Taken version coréenne.

    Nightride : plaisir solitaire en plan séquence.

    Moloch : Malédiction sexuellement transmissible.

    The Last Client : Thriller glacial et complexe d’Œdipe.

    Redemption of a Rogue : Toujours autant d’pluie chez moi.

    Silent Night : Un film sponsorisé par la communauté antivax et Coca Cola.

    Summer Scars : Il était une fois deux frères. Deux fauves, deux trous dans l’cerveau, poto, deux paires.

    Virus-32 : Des zombies qui passent la seconde.

    Deadstream : Vous prenez Jackass d’un côté et vous le faites forniquer avec les trucs les plus cons que vous pouvez trouver sur Youtube, vous ajoutez un peu d’Evil Dead et vous obtenez Deadstream.

    Let the Wrong One In : Faut que j’la morde pendant qu’ses parents sont pas là. Couleur vermeille elle m’appelle Daddy Dracula.

    Studio 666 : Un égo-trip jouissif en gore majeur.

    Mexzombies : les zombies contre les gros.

    Zalava : un village de badcheye gendeh.

    Dual : Un conte acerbe des temps modernes qui désigne les problèmes sans moralisation et se moque ouvertement de notre temps.

    Cop Secret : Macho Macho Men.

    Mad Heidi : Une orgie savoyarde sanglante et jouissive. Que demande le BIFFF ? Exactement ça.

    Freaks Out : Prends ça dans ta gueule, Disney !

    Huesera : El bébé de Rosemary

    Olivier Eggermont
    Olivier Eggermont
    Journaliste du Suricate Magazine

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