More

    [BIFFF 2022 : Jour 8] Des sorcières, des roux et des Gudhjemmadyppa

    Virtual Realidad : méta tête sur mon épaule, pour que mon amour te frôle

    Expliquer un film et le chroniquer est parfois malaisé quand on a soi-même du mal à le comprendre. Il faut dire qu’après plus d’une semaine de festival et la seule Troll comme carburant, les cerveaux de nos journalistes commencent à devenir aussi émoussés que la carrière de Megan Fox. Sans rire, je me sens comme (la violence de cette blague nous oblige à la réserver à un public aguerri, si vous voulez connaître la suite, veuillez la demander au journaliste qui a écrit cette chronique quand vous le croiserez, c’est un gars d’1m60 qui se balade avec un air arrogant et une teinture blonde de chez Wish). Difficile donc dans cet état de comprendre toutes les subtilités de Virtual Realidad.

    Alors en gros, c’est l’histoire d’une équipe de tournage qui fait un film mais dont le réalisateur a fait un pacte avec une intelligence artificielle maléfique (appelons la Sailor Moon) pour que son film devienne un classique du cinéma d’horreur. Au moment de visionner le film monté par Sailor Moon, les acteurs se rendent compte que ce qui se passe dans le film leur arrive dans la vraie vie. Dommage, c’est un film d’horreur et pas un porno. Mais du coup, ils réalisent aussi qu’ils peuvent communiquer avec leurs doubles du film et que ce qu’ils font dans la réalité a un impact sur le film. Mais est-ce vraiment la réalité ? Tant de questions sans réponse. Où est passé le scénario du film ? Pourquoi les Tic Tac au melon ont-ils été retiré de la vente ? Où est passé Orlando Bloom ? Le papillon-caniche vient-il directement d’une chenille-chihuahua ?

    Bref, le film a parfois le don de se compliquer la vie et étale surtout une belle collection de clichés du genre. Alors que si tu veux faire un classique aujourd’hui, il faut être disruptif gros ! C’est pas en faisant mourir tes personnages dans un ordre aussi prévisible qu’un discours d’Yves Van Laethem que tu vas y arriver. Rien de bien nouveau sous le soleil dans le film d’Hernan Findling même s’il réussit à nous enjailler pendant un bon moment grâce à un bon rythme. Méta-figue, méta-raisin. O.E.

     

    Witch Hunt : mort aux roux !

    Imaginez. Les États-Unis sont devenus une théocratie qui discrimine les femmes en les privant de certains droits fondamentaux pour des raisons religieuses insensées. Encore pire, le pays enferme certains de ses citoyens et les déporte pour des choses avec lesquelles ils n’ont absolument rien à voir mais qui concernaient leurs parents. Et tout cela se fait bien sûr avec l’appui d’une population amorphe, moralement vicieuse et fourbe malgré un vernis de pudibonderie d’opérette et dans un climat de suspicion généralisée où il faut punir les gens pour leurs différences. Difficile à imaginer n’est-ce pas ? Essayez tout de même.

    Vous l’aurez compris, le propos de ce Witch Hunt est hautement politique. Elle Callahan s’attaque ici à la bigoterie américaine et à la propension de cette société qui s’auto-proclame la plus évoluée du monde à appliquer des recettes moyenâgeuses. Mais qu’est-ce donc ça, Moyen-Âge, vous demanderait Jacqouille la Fripouille. Les Ricains seraient bien incapables de vous répondre puisqu’ils ont exterminé presque tous les peuples sur leur territoire qui ont connu cette période de l’Histoire. Ceci explique cela.

    Malgré certaines lenteurs et quelques ficelles plutôt grosses, ce Witch Hunt arrive à dénoncer avec justesse certaines situations actuelles en utilisant le film de genre comme média. Le tout avec efficacité et grâce à un excellent casting. La réalisation d’Elle Callahan nous pousse à réfléchir sur les clivages créés artificiellement pour diviser des populations à des fins politiques. Et quels seront les prochains ? Les gens qui crient « couchés » quand on crie « assis » dans la salle ? Les personnes qui mettent le début de leur rouleau de PQ côté extérieur plutôt que côté intérieur ? Les monstres qui ont inventé les cookies au raisin en les faisant passer pour des cookies normaux ? La chasse aux sorcières est sans fin. O.E.

     

     

    The Last Client: Steve fait le job !

    18h30, fin de la récré. Direction le Ciné 1 et sa climatisation sur thermostat 15 pour admirer The Last Client, un thriller psychologique scandinave qui sent bon la pluie et la grisaille. Et dès les premières minutes de bobine, on comprend très vite que, contrairement aux Saint-Gillois, il n’y a pas que le vélo dans la vie des Danois, puisqu’une prostituée est éventrée par un inconnu qui s’empresse dans la foulée d’arracher le fœtus qu’elle porte en elle. C’est dégueulasse nous direz-vous ? Mais attendez de goûter au Solæg (œuf cuisiné dans des épluchures d’oignon, placé dans de la saumure pendant trois semaines), ça c’est dégueulasse !

    Bref… On se retrouve quelques temps plus tard dans le cabinet d’une psychologue de renom. Celle-ci, interprétée par l’excellente Signe Egholm Olsen, accueille le dernier client de la journée, Mark, l’enfant illégitime de Steve Jobs et Charles Michel. Comment ça, c’est immonde ? Attends de goûter au Gudhjemmadyppa (du bacon sauce aigre-douce accompagné de morue bouillie), ça c’est immonde !

    Bref… le bougre fait drôlement peur à la psy qui tente de le faire sortir de son bureau. Sauf que Steve Michel ne l’entend pas de cette oreille et décide de la prendre en otage. Pas très hygge comme pratique, mais on approuve ! Qui est ce Charles Jobs ? Quelles sont ses intentions ? Des questions qui trouveront petit à petit des réponses, dans ce puzzle psychologique de très bonne facture. Car oui, The Last Client est un bon film, un peu lent dans sa première partie, mais au dénouement aussi inattendu que surprenant.

    Nous ne vous en dirons pas plus, mais une chose est sûre : vous ne laisserez plus jamais un Tampax dans une poubelle à l’avenir ! M.M.

     

    Dual : C’est l’heure du dududududududududuuuDUAAAALL

    Vous avez déjà rêvé de pouvoir créer un clone de vous alors que vous êtes sur le point de mourir afin de vous remplacer et que vos proches ne soient pas trop tristes après votre décès ? Si vous avez répondu oui à cette question, je ne vous comprends pas du tout. Moi je veux que les gens me pleurent, me regrettent, qu’on me rende des hommages, qu’on évoque mon nom pour dire à quel point j’ai marqué la vie des gens. Tout ça pendant au moins 24h. Après, qu’on se bourre la gueule en pensant à moi jusqu’à ce qu’on oublie mon existence. Ce texte peut bien évidemment servir de manuel d’instruction en cas de décès prématuré. Oui Jonathan, j’accepterai avec plaisir une élévation posthume de chevalier à l’Ordre du Corbeau. Dans l’éventualité d’une mort soudaine, suspectez en premier lieu Loïc Smars qui a mis beaucoup d’entrain hier à se charger de la fatwa sur moi qui ne manquera pas d’arriver après mon article sur Zalava.

    Bon, je m’égare comme la carrière de Robert De Niro à partir des années 2000. Dual c’est donc l’histoire de Sarah qui vient d’apprendre qu’il ne lui reste que quelques semaines/mois à vivre. Elle décide donc de se faire cloner pour que Sarah 2 puisse prendre sa place au moment fatidique. Sauf que ce moment ne vient pas et que Sarah est même en rémission totale. La poisse. Et comment une société évoluée décide-t-elle de régler ce genre de cohabitation entre deux clones ? Mais par un combat à mort bien entendu !

    D’un cynisme grinçant, délirant, hilarant et plein d’autres mots en -ant, ce Dual parvient dès les premières minutes à marquer le coup grâce à un univers légèrement dystopique mais pas trop et à une actrice principale (Karen Gillan) tout simplement parfaite. Le film de Riley Stearns frappe juste à tous les coups et crée un univers juste assez déjanté que pour être drôle mais pas trop pour qu’on puisse encore s’y identifier. Dual, c’est un conte acerbe des temps modernes qui désigne les problèmes sans moralisation et se moque ouvertement de notre temps. Et on en redemande. Mention spéciale aussi à Aaron Paul (Breaking Bad) tout simplement parfait dans son rôle. Vivement le 2 ! O.E.

     

    The Witch Part 2 : The Other One, Dragon Ball Witch

    En 2018 sortait la première partie de la trilogie de Hoon-jung Park, le scénariste de I saw the devil et c’est peu dire que The Witch nous avait fait une très forte impression. Visuellement époustouflant et doté d’un scénario qui baladait le spectateur de surprise en surprise, il nous avait emporté jusqu’au climax, nous laissant orphelin pour de nombreux mois. Heureusement, les organisateurs du BIFFF ont eu l’excellente idée de programmer la seconde partie de la trilogie, véritable carton au box-office sud-coréen avec près de 2.8 millions d’entrées depuis sa sortie en juin.

    Si le premier film sorti en 2018 nous avait étonné grâce à un mélange de moments assez calmes et convenus – notamment les scènes de karaoké où le réalisateur évoquait des moments typiques de l’adolescence – l’ambiance est fort différente dans cette seconde partie. Même si Hoon-jung Park nous propose encore quelques scènes cocasses où l’héroïne découvre avec intérêt les dérives des réseaux sociaux en matière culinaire, voulant à nouveau jouer sur le contraste entre innocence supposée de l’adolescence vs pouvoirs psychiques effrayants de la jeune fille, ce ressort narratif semble un peu épuisé ici, l’effet de surprise ne jouant plus.

    Dès lors, The witch Part 2. The other one s’appuie en grande partie sur la maitrise technique de son réalisateur et sur la maestria visuelle de son directeur de la photographie pour nous offrir un film à très grand spectacle, visuellement encore plus époustouflant que le premier, qui se rapproche à certains égards des films de super-héros hollywoodiens. Certes, la dichotomie entre la personnalité joyeuse et enjouée de certains personnages et le caractère implacable et sans pitié de ceux-ci lorsqu’ils se sentent menacés ou que leur soif de sang prend le dessus est toujours présente, mais elle s’insère moins facilement dans la trame narrative au vu de l’absence d’effet de surprise et de la surabondance des scènes d’action sur-vitaminées.

    Surprendre deux fois le public avec les mêmes éléments n’est pas chose aisée et ceux qui auront vu la première partie de cette trilogie seront peut être déçu par cette suite. Néanmoins, même si on n’est pas sorti de la salle choqué en se demandant si cette adolescente au visage poupin avait réellement tué la moitié des personnages du film, on doit reconnaître que The witch Part 2. The other one nous a fait passer un bon moment et que l’on attend avec impatience la réunion familiale qui mettra un terme à ce triptyque. V.P.

    Olivier Eggermont
    Olivier Eggermont
    Journaliste du Suricate Magazine

    Derniers Articles