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    [BIFFF 2021 online] The Shift : prise d’otage scénaristique

    On a beau fustiger l’hyperconnectivité de notre génération, sans elle vous auriez pu vous inventer un BIFFF en calebard comme nous l’avions fait l’an dernier. Alors oui, l’odeur de choucroute n’y est pas, les arrivées ‘’triomphales et talentueuses’’ de Stéphane pour nous survendre un survival polynésien tourné avec un budget équivalent au PIB de l’Ouganda font défaut et l’ambiance du festival nous manque comme Jeffrey Epstein à un pédophile hollywoodien mais il faut faire avec. D’autant que l’équipe du BIFFF s’est démenée pour nous concocter une programmation qui sent bon l’angoisse, la violence gratuite et le sang. Oui oui, comme un jeudi soir au Bois de la Cambre tout à fait.

    Trêve de plaisanteries, on rentrait directement dans le lard hier avec le film d’ouverture : The Shift. Et pour l’ouverture, on voit que le festival a voulu frapper un grand coup avec un sujet trèèèèèèès sensible puisque cette coproduction belgo-italienne traite d’un attentat terroriste dans une école bruxelloise. Deux ambulanciers, Adamo et Isabelle, interviennent sur place et prennent en charge un jeune garçon blessé qui se révèle être un second terroriste armé d’une autre bombe. Et comme on est en Belgique et qu’on n’a pas les finances pour Jack Bauer, va falloir faire avec les moyens du bord.

    Autant vous le dire tout de suite : la scène d’entrée du film aurait à elle seule calmé le public du film en intro de la Night. Glaçante de réalisme, elle laissait présager d’un film sous tension. Malheureusement, celui-ci s’est paumé dans les rues de Bruxelles comme l’ambulance d’Isabelle et Adamo. Non contents de ne pas respecter la zone 30, ceux-ci se baladent dans notre capitale en se gourant régulièrement de lieux (mauvais stade pour l’intervention policière, mauvais tunnel pour l’accident de voiture,…). Le tout agrémenté de dialogues peu inspirés dans l’ambulance et d’une enquête sous mononucléose dans la cellule de crise pour retrouver le second kamikaze. Et encore, la production peut être heureuse qu’il n’y ait pas encore la taxe kilométrique sinon ça aurait doublé le budget du film.

    Alors oui, la scène d’introduction de The Shift nous prend directement à la gorge et nous tient en haleine. Mais c’est bien ça le problème. Au final, cette première scène nous promet du lourd mais le lourd ne vient finalement jamais. Sauf qu’avec la tension dramatique de celle-ci et les implications personnelles relatives au sujet du film pour tous les Bruxellois, on se sent comme pris en otage dans la suite de ce long-métrage qui se traîne en longueur alors qu’il avait le potentiel pour être l’équivalent belge de Incendies de Denis Villeneuve. Une sérieuse déception amplifiée par les attentes peut-être trop grandes autour du premier long métrage d’Alessandro Tonda. Mention tout de même à Adam Amara pour son interprétation excellente du jeune radicalisé déchiré entre sa soif d’être un « héros » et son envie de vivre et qui tranche dans un casting aussi convaincant qu’une conférence de presse de Frank Vandenbroucke.

    Olivier Eggermont
    Olivier Eggermont
    Journaliste du Suricate Magazine

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