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    [BIFFF 2020 (ou presque)] Daniel Radcliffe prisonnier, Jesse Eissenberg piégé et Nicolas Cage possédé

    On ne va pas le répéter à chaque fois, le BIFFF est annulé. Les vacances de Pâques aussi, ça fait un mois que ces fichus gosses sont en vacances et que leurs parents s’obstinent à faire semblant de travailler à la maison. Mais qui dit annulation ou blocage à la maison, ne dit pas s’interdire ce plaisir coupable de regarder des films pourris, chelous, dingues, subversifs, dérangeants, gores, etc. Pour cela on a écumé les plateformes de VOD pour trouver un paquet de films correspondant à l’esprit de ce cher festival et vous partager deux trois idées pour pouvoir amener le BIFFF dans votre salon. Tuez encore ? Jamais plus !


    Escape From Pretoria, Harry Potter est enfin interné à Azkaban !

    Le BIFFF, c’est énormément de délires mais aussi beaucoup de fatigue ! Le coup de mou de mi-parcours est bien présent cette année. Mais comme par enchantement (car dans toute belle histoire il existe un « mais »), le facteur m’a apporté une belle surprise ce matin. Et pour cause, perdu au milieu d’une caisse bien trop grande pour lui, un magnifique petit chaton venait de m’être envoyé par Guillaume. Certes, la bête était décédée à cause des délais de livraison de Chronopost, mais c’est le geste qui compte ! Ni une ni deux, j’ai illico remplacé les entrailles de cette petite boule de poils avec le reste de paille du hamster. Le voilà donc, posant fièrement sur le bord de ma cheminée aux côtés du caniche du voisin, prêt à admirer Escape From Pretoria avec Daniel Radcliffe en guest star !

    Tout d’abord, il faut souligner que Escape From Pretoria est inspiré d’une histoire vraie, celle de Tim Jenkin, un Sud-Africain blanc anti-apartheid, ayant été arrêté, enfermé et condamné à 12 ans de prison pour avoir installé des « tracts bombes » à plusieurs endroits au nom de l’ANC et de sa branche armée en 1978. Détenu à la prison centrale pour blancs de Pretoria, celui-ci parviendra à s’évader près de deux ans après son incarcération, en compagnie de son comparse Stephen Lee et d’un autre détenu politique, Alex Moumbaris. Pour ce faire, il créera une à une les neuf clés en bois qui lui serviront à ouvrir les portes menant vers l’extérieur.

    Certes, l’apartheid, politique institutionnelle de séparation et de ségrégation raciale, a été aboli en 1991. Toutefois, les inégalités toujours très prégnantes dans la société sud-africaine, la multitude d’acteurs encore en vie à l’heure actuelle (notamment Wouter Basson), de même que la fracture sociale et les multiples violences qui ont suivi cette abolition, nous ont suggéré d’éviter toute blague à ce sujet. Nous pourrons donc nous contenter de dire que « Escape From Pretoria » est  un film utile, à la fois intelligent et pudique dans sa manière d’aborder un lourd témoignage.

    Cependant, si on élude l’aspect historique du film, une chose nous a tout de même troublés. En effet, ayant vu le film en version française, quelle ne fût pas notre surprise d’entendre un détenu appeler le surveillant « Mounir ». Alors d’accord, tout le monde a le droit de s’appeler Mounir, mais vu la tronche du surveillant et son obédience politique, nous aurions plutôt eu tendance à l’appeler Adolf. C’est alors qu’un autre est également appelé Mounir. A ce moment, notre esprit embrouillé nous dit de définitivement lâcher le joint de notre main droite et d’arrêter de caresser le chaton de Guillaume de la main gauche… Jusqu’à l’instant où nous entendons un détenu qualifier un surveillant de « boère ». OK, on a compris ! Je savais que ce cours de néerlandais en secondaire me servirait un jour ! M.M.

    Vivarium  : feel good movie rafraîchissant.

    Bon, je pense qu’on en a réellement marre du corovivi-19, donc je me suis mis comme défi de ne pas en parler dans ma chronique de Vivarium. Et ça tombe bien, car le film suit un couple amené à visiter une maison dans un nouveau lotissement encore inhabité. Ça c’est dépaysant  ! Mais voilà qu’ils s’y retrouvent mystérieusement pris au piège. Ah. Isolés. Gni. On pourrait même dire confinés. Gna. Sans personne alentour. Gnigna. Avec une menace invisible qui plane. Gnignagnignagnou  ! VA BIEN TE FAIRE VOIR LE FILM  ! Heureusement que je connais le projectionniste. Un petit billet dans sa poche, et voilà-t-y pas qu’il stoppe net la projection  ! Pour nous passer… Frozen 2. Youpi  ! De la joie  ! De la neige  ! Des chansons terrifiantes  ! Ça m’apprendra à soudoyer un mec bourré tiens. G.L.

    Color out of space  : le Saint Nicolas nous sauvera tous (Guillaume Limatola)

    28 ans après son très recommandable Dust Devil, et après avoir enchaîné entre courts, moyens-métrages et films documentaires, Richard Stanley revient enfin au long-métrage de fiction. Et attention, il a fait les choses en grand. Déjà, Color out of space  est adapté d’une nouvelle de Lovecraft, et ensuite, l’un des rôles titres est tenu par ni plus ni moins que Nicolas Cage. Et là j’en perçois qui frémissent. Les plus puristes allument des cierges. Les plus énervés s’entraînent au champ de tir. La troisième guerre mondiale se prépare clairement. Pour être tout à fait honnête, avant de voir le résultat final, j’étais également du rang des craintifs. Il faut dire qu’il y a des raisons d’avoir peur  : on parle quand même de Nicolas Cage. Et quand on mentionne l’immortel génie qui, on l’oublie souvent, a quand même travaillé avec certains des plus grands réalisateurs actuels (dont Michael Bay, gage de qualité depuis Bad Boys 2, chef d’œuvre ultime et définitif), on espère quand même qu’il trouvera un scénario qui lui permettra de montrer l’étendue de son talent. Que penser alors du choix de s’inspirer d’un écrivain obscur dont le nom laisse craindre le pire («  L’artisanat de l’amour  », ça sonne quand même comme le pseudo d’un auteur de fan-fiction Twilight, on est d’accord)  ? Force est de reconnaître que le résultat final surprend de la plus belle des manières.

    Partant d’un postulat assez abstrait (une météorite tombée du ciel libère une couleur qui va peu à peu contaminer les membres d’une famille), Richard Stanley réussit cependant à rendre tangible l’indicible, parvenant à retranscrire une menace impalpable en montrant les effets dévastateurs qu’elle a sur des personnages scrutés de près. Il est aidé dans sa tâche par des acteurs impliqués, à commencer Nicolas Cage, qui semble jouer dans 8 films différents d’une scène à l’autre. Loin de constituer un défaut, cet état de fait participe au contraire à l’imprévisibilité du projet. Comme le spectateur, les différents protagonistes ne comprennent pas forcément ce qui leur arrive, et c’est ce flou ambiant qui va aider la peur a germer sur la durée. À la fois drame intimiste et étude de l’éclatement d’une cellule familiale d’une grande justesse, le film n’en délaisse ainsi pas pour autant ses aspects horrifiques. Mieux, il jouit d’une ambiance de plus en plus anxiogène, qui le rend inconfortable et le transforme peu à peu en une expérience sensorielle inattendue et revigorante. Passionnant et surprenant de bout en bout, Color out of space se place donc pour l’instant comme l’un des favoris de cette cuvée du BIFFF. Au point que le film a été salué par une salve d’applaudissement qui a semblé se répercuter dans toute la ville, à la fin de la projection (vers 20h).

    Mais aussi réussi que soit le long-métrage, il reste néanmoins UNE question fondamentale  : est-il pour autant fidèle à la nouvelle de laquelle il s’inspire  ? Question à laquelle nous répondrons fièrement  : Aucune idée, je ne l’ai pas lue, il n’y a pas Nicolas Cage dedans. G.L.

    Guillaume Limatola et Matthieu Matthys

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