Mais où est Nicolas Cage ?
Décidément, démons et dialogues incessants semblent finalement être étroitement liés. Après le bavard Corbin Nash, en voici une nouvelle preuve si besoin était (et besoin n’était pas trop, en fait), avec Charismata. S’intéressant à Rebecca, une jeune policière lancée sur la piste d’un serial killer sataniste, le film choisit de prime abord une approche réaliste du métier de policier, avec ce que cela comporte de discussions entre collègues. De quoi offrir au spectateur quelques dialogues savoureux, mais également de quoi permettre au film de s’éloigner des clichés généralement associés aux enquêtes autour de meurtres rituels. Du moins jusqu’à l’irruption mal gérée du fantastique au sein de cet univers. La greffe ne prenant pas, le long-métrage peine à installer l’ambiance trouble qu’il souhaiterait vraisemblablement vouloir distiller. La cause incombe en grande partie à une réalisation qui manque de relief et à une intrigue qui prend trop son temps pour, au final, ne pas raconter grand chose. Reste une fin inattendue et assez cruelle, qui ne parvient cependant pas à attiser l’intérêt du spectateur après une enquête pas si intéressante que ça et à la résolution prévisible. Donc faites-nous plaisir les gens, si jamais vous voulez faire un film avec un tant soit peu de démon, remplacez tous les dialogues par des explosions. Et prenez Nicolas Cage pour le rôle titre. Là on tiendra un vrai film.
Fait pas si courant que ça au BIFFF, avec Cop Baby, on a eu pile poil ce qu’on attendait. On nous avait promis une comédie russe avec un vieux flic qui devient un bébé et va affronter les mafias locales et on a eu un vieux flic qui devient un bébé et qui avec son père de substitution, flic raté de surcroît, va combattre les mafias locales. Si, encore une fois, les Russes ne font que copier la recette hollywoodienne et que certaines scènes sont à la limite du déchet, que le bébé plasticine/image de synthèse est parfois énervant, il faut avouer que Cop Baby est une sympathique comédie familiale. Quoi de mieux, au milieu d’un festival de cinéma fantastique, que de prendre une petite pause dans l’horreur et se détendre une heure et demi devant les tribulations d’un grand dadais et d’un bébé à la voix de vieillard ? Le tout, grâce aussi à l’interprétation hilarante d’Andrey Nazimov et la gueule badass de Sergueï Garmach. Ce genre de films russes, contrairement à, par exemple, Frontier, on peut en bouffer des tonnes au BIFFF !
Tu reconnais bien là le style des Bad Boys de Marseille
« Ici, c’est Mars, surface rouge, la population panique. Histoires tragiques, atmosphère tendue, volcanique. Linges pendus, murs salis, Boss, trafic. Tapent au cœur de la zique automatique de ma clique », nous contaient Akhenaton et Shurik’n en 1995. Mais dans le Marseilles de l’Afrique du Sud, c’est pas pétanque et pastis mais plutôt grosses patates dans la gueule et règlements de compte. Ah ben comme dans le Marseille de France en fait.
Au milieu de tout ça, le jeune Tau va faire manger des pissenlits par la racine à un groupe de policiers avant de se tailler vite fait bien fait. Mais comme le bougre aime autant foutre le bordel qu’un sourd-muet dans un concours de slam, il revient quelques années plus tard histoire de retrouver ses vieux potos.
Un peu long, ce Five Fingers for Marseilles se pose comme un western classique tout en apportant quelques touches personnelles. On retrouve le héros solitaire, les acolytes badass, une belle scène de baston finale, … Un bon petit hommage à Sergio Leone en somme. Finalement, Michael Matthews réussit à nous transporter dans cette ambiance spéciale. Au point qu’on perçoit même la touche d’harmonica venue parfumer la savane africaine.
Et le soir tard, les renards se ruent sur l’oseille. Tu reconnais bien là le style des Bad Boys de Marseille.
Milutin s’envoient en l’air
Il y a des fois où l’on se dit que les journalistes qui couvrent le BIFFF n’ont pas froid au yeux. Comme lorsqu’ils décident d’aller visionner un film de science-fiction serbe avec une actrice pornographique dans le rôle principal. Parce que dis comme ça, avouons-le, ça fait quand même beaucoup d’éléments hasardeux pour un seul long-métrage. Et bien force est de reconnaître qu’Ederlezi Rising valait néanmoins sacrément le détour. Milutin, le héros, est présenté comme un être sentimentalement blessé et solitaire. Envoyé en mission dans l’espace, il se voit cependant adjoindre une androïde censée répondre à tous ses besoins. Le début de leur relation se base donc en grande partie sur des rapports sexuels, avant que certains sentiments ne finissent par entrer en jeu. L’homme peut ainsi projeter ses fantasmes et ses frustrations sur la femme robot, pensant pouvoir influer sur sa personnalité et la façonner comme il le souhaite. Milutin étant assuré de toujours garder le contrôle, à la fois psychologique et corporel,sur sa partenaire, ce type de possession finira par ne plus lui suffire. À partir de là, rien ne se passera comme prévu…
Interrogeant notamment les rapports de soumission, Ederlezi Rising évite d’aller trop loin dans le glauque ou dans le sordide. Le film commence comme un thriller psychologique qui n’est pas sans quelque peu rappeler l’Ex Machina d’Alex Garland, avant d’emprunter d’autres directions, parfois plutôt inattendues. Imprévisible, le long-métrage se suit avec intérêt jusqu’au dénouement qui, bien qu’en-deçà du reste, n’en est pas pour autant déplaisant. Si l’on ajoute à cela des images léchées et un casting impeccable (les deux acteurs principaux tiennent le film sur leurs épaules), on se retrouve avec une jolie surprise. On n’en attendait clairement pas tant, mais le voyage valait sacrément le détour !
Les psychos qui connaissent pas charo
Posé sous Jack dans leur bendo, Sadie et McKayla posent leur yeukou avec les Tragedy Girls. Le but ? Choper le psychopathe qui s’est cru dans Vendredi 13 et en apprendre le plus possible sur l’art de tuer pour pouvoir organiser elles-mêmes leur petite boucherie à domicile. Kévin Durant a clairement sorti sa marque, sorti sa trap, les gonzesses l’ont pris pour leur modèle.
À croire que Tyler MacIntyre a fait son film exprès pour le BIFFF. Des grosses références en veux-tu en voilà, du sang partout, des morts inventives et la mort de Pita Salade-tout de Hunger Games, que demande le BIFFF ? Mais rien de plus en fait. Véritable satyre du cinéma de genre (avec des références assumées à Destination finale, Souviens-Toi l’été Dernier ou encore le magnifique Sexy Killer) ce Tragedy Girls ne s’arrête pas là. Il arrive à jouer avec les codes du genre en y alliant l’obsession maladive des jeunes pour la reconnaissance sur les réseaux sociaux. Et tu sais ce qui arrive si tu m’as pas follow back quand je t’ai follow ?
Véritable petit bijou d’humour noir, de violence édulcorée et de cynisme jouissif, Tragedy Girls réussit totalement son pari et nous a déchaînés du début à la fin. On en redemande !
Tag Along 2 : bis repetita
C’est devant une salle aussi vide que la boîte crânienne de Donald Trump que Wei-Hao Cheng est venu présenter son Tag-Along 2. Il faut dire que le premier opus n’avait pas remporté un franc succès au BIFFF 2016. On donnait tout de même sa chance au 2 pour rattraper le coup. Caramba encore raté ! Finalement, ce Tag-Along 2 est une copie du premier dans tous ses défauts. Et vu que nous aussi, on préfère parfois se contenter de faire du copier-coller, voici la critique de Tag Along 1 en 2016 mais qui est tout aussi pertinente pour le 2.
Tout d’abord, je paie une bière avant le film de 00h30 aujourd’hui à celui qui arrive à m’expliquer les différents twists de Tag-Along 2. Parce que franchement, j’ai pas tout compris.
Basé sur une légende urbaine qui raconte que les fantômes des montages viennent enlever des personnes si quelqu’un prononce son nom en entier, le film navigue entre moments stressants et délire.
Pourtant, tout avait bien démarré. L’histoire se mettait bien en place et on avait même droit à quelques moments de suspense sympathiques. Et puis, bardaf, c’est l’embardée. Soit la production a viré son scénariste à la moitié du film, soit celui-ci s’attendait à faire un court-métrage et est tombé des nues quand on lui a dit qu’il devait durer 1h30.
Quoi qu’il en soit, ce Tag-Along 2 s’essouffle plutôt vite et tombe très vite dans des incohérences plutôt crasses. Même si le fantôme de la petite fille, ressemble à une représentation en jeux vidéo de The Ring, cela ne gêne pas trop. Mais certaines séquences d’action difficilement explicables font suite à des moments parfois trop longs. Dommage, cette production taiwanaise venait pourtant avec quelques chouettes idées mais n’aura pas su s’y tenir.
Et aujourd’hui, y a quoi ?
En Ciné 2, on continue avec la fête Del Toro en présentant son long, primé au BIFFF il y a un bout de temps : Cronos (sera-t-il là pour recevoir enfin son prix ?). Ensuite Luciferina, un film argentin sur une malédiction familiale, Before we Vanish, où un jeune étudiant va massacrer tout le monde, mais c’est normal, c’est un extraterrestre et Painkillers, où un chirurgien de renom va trouver le sang de plus en plus succulent. La nuit se finira avec Sunny, genre de Saw japonais plutôt rustique.
Dans la grande salle, la journée commence avec la rediffusion de I Kill Giants, déjà chroniqué ici. La soirée sera composée de : Tigers Are not Afraid, un contre de fée macabre au goût de tacos ; Shock Wave, un thriller venu d’Hong Kong suivant un démineur dans une prise d’otage géante ; Memoir of a Murderer, où un ancien tueur atteint d’Alzheimer craint pour sa fille. Un tueur sévit dans le coin.