Vampire cleanup department : vampires-sauteurs façon Duracell
Une société secrète, VCD, Vampire Cleanup Department, est là pour protéger Honk-Kong des méchants vampires. Leur couverture, des fonctionnaires de la propreté publique, des balayeurs quoi. Sorte de Buffy contre les vampires parodique et kitch à la sauce Hong-Kongaise. Malgré quelques longueurs, on s’amuse assez bien, avec quelques jolies trouvailles scénaristiques et des vampires-sauteurs façon Duracell qui font (presque) peur. Ajoutez à ça le récit initiatique d’un chasseur de vampire qui tombe amoureux d’une jolie vampiresse sortie de l’onde, vous obtenez un film frais, pas très sérieux et sans prétention. Un petit bonheur de série B qui aide (un peu) à récupérer après quelques fins de soirée tardives et arrosées.
Interchange : oh le beau zoziau !
Ce film malaisien ressemble fort à The Bride, pour deux raisons. Tout d’abord l’exploitation du négatif photographique sur cadre (Mais casse ce cadre bordel ! Merci !) qui emprisonne l’âme et ensuite dans le fait que le film n’est jamais à la hauteur de son ambition. Tous les deux partent d’une idée originale intéressante (rites anciens russes et légende inconnue de Bornéo) mais n’arrivent jamais à la hauteur de leur promesse. Ici, la qualité des plans intérieurs, le jeu d’acteurs et le ridicule de certains effets spéciaux anéantissent la belle histoire qui se déroule sous nos yeux. Malgré tout, certains pourraient se laisser porter par l’univers d’Interchange si ils font abstraction des nombreux défauts du film et de sa longueur (dur dur de remplir pour atteindre 1h30).
The White King : Gloire à la mère-patrie !
La mise en place d’un régime totalitaire, flirtant entre futurisme et réalité, est toujours intéressante. The White King raconte l’histoire d’un jeune garçon plongé dans la dure réalité de ce style de régime en voyant son père emmené comme prisonnier et sa mère et lui subir la vie de traîtres à la Mère-Patrie. Si dans un premier temps, on attend un souffle épique ou le démarrage en trombe d’une histoire plutôt lente, on finit par doucement entrer dans cet univers réaliste ou l’épique n’existe pas. Le jeune héros reste un gamin qui affronte sa vie en encaissant au fur et à mesure tout en restant un enfant attiré par une vie facile ou influencé par les adultes et leur mauvaise influence. Et si la fin peut sembler frustrante, elle insuffle une bouffée d’optimisme dans ce monde qui tarde à bouger. (On profite en prime de la présentation du réalisateur d’origine belge, Jörg Tittel, venu chanter Les Bonbons de Jacques Brel tout en jetant des sucreries au public)
Memoirs of a murderer : remake à l’américaine. Mais japonais.
Eh non, les Américains n’ont pas le monopole des remakes de films asiatiques ! Cinq ans après le brillant Confession of Murderer réalisé par le Coréen Jeong Byeong-Gil, le film a droit à son remake version nipponne réalisé par Yu Irie. Et si le réalisateur ne s’est pas contenté de reprendre le scénario à la lettre pour le remettre en scène, ce remake n’arrive malheureusement pas à faire honneur à son aîné. Loin d’arriver à recréer la tension dramatique du film qui, pour ceux qui s’en souviennent, avait remporté le prix du thriller en 2013, Memoirs of a Murderer a au moins l’avantage de nous fournir une fin alternative et une histoire quelque peu modifiée. Cependant, la mise en scène est moins sobre et l’ambiance moins glauque que dans Confession of Murderer. Si le film japonais évite le crash souvent promis aux remakes, il n’arrive pas à sublimer l’original. Quoi de plus normal finalement ?
The Limehouse Golem : flashback, flashforward et flash uchronique
Vous êtes fasciné par Jack l’éventreur et l’Angleterre victorienne ou tout simplement Bill Nighy est votre acteur fétiche de film britannique? Bienvenue dans cette histoire qui dans une boucle de flashback, flashforward et flash uchronique nous entraîne dans une intrigue en immersion totale dans l’univers de Sir Conan Doyle avec quelques nuances d’Edgar Alan Poe. On se prend au jeu des divers scénarii possible dans cette enquête qui vise à innocenter une pauvre actrice accusée (à tort ?) du meurtre de son mari. Un inspecteur de Scotland yard va tout faire pour trouver l’identité du meurtrier qui se fait appeler « Le Golem de Limehouse ». Malgré un scénario assez convenu, on prend plaisir à suivre cette enquête qui nous balade dans l’univers de la scène musicale du Londres de la fin du 19ème siècle où parmi les suspects potentiels se trouve un certain Karl Marx dans toute sa splendeur capillaire.
The autopsie of Jane Doe : avoir-peur-même-si-on-sait-que-c’est-pas-possible
Voilà exactement le film qui nous fait vibrer au BIFFF. Le réalisateur du percutant Trollhunter nous revient avec un bon vieux film gore où se mêlent mysticisme, science et sursauts intempestifs orchestrés à l’ancienne comme à l’âge d’or du cinéma d’épouvante. Ces films où l’on s’entend dire au personnage : « attention derrière toi, c’est affreux ! ». Avec une mise en scène d’une rare virtuosité, on atteint là la quintessence de ce qu’est un bon film de genre. Jouant avec tous les codes, l’auteur nous entraîne dans une histoire capillotractée à souhait mais qui réveille en nous ce pourquoi on aime ce festival : avoir-peur-même-si-on-sait-que-c’est-pas-possible. Rien ne nous est épargné et c’est ça qui est beau. Du verset biblique tiré du lévitique, au bon vieux mort-qui-n’est-pas-vraiment-mort-en-fait, en passant par des théories mythologiques de l’histoire américaine, on nous balade dans un film à la fois étonnant et « roots » qui fera le bonheur de tous les amateurs du genre.
Hypersomnia :
On attendait énormément de cet Hypersomnia qui se présentait clairement comme un des favoris au prix du 7e parallèle. Il faut dire qu’avec une histoire qui mêle onirisme, prostitution, perte de la réalité et torture gratuite, ça avait tout pour nous plaire. Et si le concept du film intrigue et interpelle, celui-ci n’est malheureusement pas exploité à fond dans la trame de l’histoire. Cet Hypersomnia a le mérite d’avoir un bon rythme et une structure narrative qui tient bien la route mais n’arrive pas à pousser son concept à fond pour nous emmener définitivement dans un onirisme assumé. Parfois trop terre-à-terre, il n’arrive pas à aller au fond des choses. Dommage car le film promettait de grandes choses mais n’est pas une déception pour autant.
Bruno Pons, Loïc Smars et Olivier Eggermont