Retrouvez en conclusion de cette édition du BIFFF ce qui a fait vibrer ou ce qui a agacé nos journalistes envoyés sur place. Des tops, des flops et des notes à gogo, c’est parti !
Le Top 5
1. The Phone
2. Bahubali, The Beggining
3. Monster hunt
4. Tag
5. The Priests
Avec quarante films de vus, sur lesquels seulement un quart se sont révélés vraiment décevants, effectuer une sélection aurait pu s’annoncer difficile. Et pourtant, force est de reconnaître que les cinq titres retenus se sont imposés assez facilement, de par leur originalité, malgré une concurrence de qualité (avec entre autres les très appréciés Green room et Baskin). Premier sur le podium, The Phone, très justement récompensé par un Corbeau d’Argent, mêle avec maestria thriller et fantastique. Avec son enquête menée parallèlement dans le passé et le présent, le long-métrage de Kim Bong-joo joue avec les paradoxes temporels et les codes du polar coréen et jouit d’un suspense constant. Changement d’ambiance avec le tout aussi jouissif Bahubali, The Beginning, au scénario classique mais dynamité par les proportions épiques de tout ce qu’entreprend le héros. Drôle, rythmé, d’une naïveté parfois touchante, le spectacle gagne peu à peu en intensité jusqu’à un final monstrueux. Le film de S. S. Rajamouli étant prévu en deux parties, c’est peu dire qu’on attend le volet à venir, qui s’annonce encore plus sanguinaire, de pied ferme. C’est également le cas pour Monster hunt de Raman Hui, dont la fin ouverte laisse espérer une suite. Il faut dire qu’il se révèle vite galvanisant, avec son bestiaire invraisemblable, son rythme effréné, ses péripéties rocambolesques et ses personnages hauts en couleur. Un divertissement on ne peut plus sympathique à déguster en famille. Autre registre, avec Tag de Sono Sion. Le réalisateur insuffle toute sa folie à une œuvre lancée à toute vitesse, multipliant les moments de bravoure gores dans un jeu de massacre doublé d’une réflexion plus subtile qu’il n’y paraît sur le rôle de la femme dans la société japonaise. Dernier film de ce classement, The Priests ne démérite cependant pas, en débutant comme un thriller avant de basculer dans le film d’exorcisme. De quoi permettre de douter de l’existence d’un mal surnaturel (et si le prêtre était simplement fou ?) et nourrir une tension qui culmine dans un final qui laisse à bout de souffle.
Le Flop 5
1. Jeruzalem
2. The Tattoist
3. Extinction
4. Ghost Theater
5. The Virgin Psychics
Vu la quantité astronomique de films sélectionnés, il y en a qui feront forcément polémique. À commencer par Jeruzalem, pourtant reparti avec le prix du jury lors du dernier festival de Gerardmer. En plus de constituer une pub géante pour les Google Glass, le film s’empêtre dans les clichés et livre une vision bien triste de l’apocalypse, dont la majeure partie est vécue de l’intérieur d’une grotte par des héros insupportables. Pas grand chose à sauver donc. Même constat pour The Tattooist, dont le traitement artificiel empêche toute implication émotionnelle. Avec ses personnages qui n’agissent que pour faire avancer un scénario incohérent, le long-métrage déçoit, d’autant plus que l’idée de base (un serial killer use de tatouages pour libérer les pulsions de ses victimes) semblait prometteuse. Déception, c’est le maître mot pour résumer les autres sélectionnés. Qu’on se le dise, on a vu bien pire cette année, mais il faut cependant se rendre à l’évidence, les attentes générées par les « primés » n’ont pas été assouvies. On commence avec Extinction. Après un Secuestrados haletant et rugueux, Miguel Angel Vivas décide de revisiter le film d’infectés sous un jour intimiste. Cela aurait pu être une bonne idée si le scénario n’enchainait pas les banalités avant d’aboutir à un final prévisible et consensuel, malgré des acteurs investis. On peut faire les mêmes reproches à Ghost Theater qui recycle les codes de la j-horror de manière manichéenne et peu intéressante. Dernier de cette liste, et peut-être meilleur film du lot, The Virgin Psychics voit Sono Sion reprendre des thèmes qui lui sont chers (et déjà présents dans Tag), mais de manière beaucoup trop rébarbative pour ne pas finir par agacer. Si les nombreuse répétitions font sens (voir à ce sujet la réponse finale apportée à la question que se pose le héros sur l’identité de l’élue de son cœur) et servent un propos sur les corps objéifiés, difficile de ne pas finir par trouver le temps long, même si la bonne ambiance de la salle (le film fut projeté à minuit) a contribué à atténuer cet effet. Ça va être étrange de retrouver un train de vie normal après tout ceci, et encore plus de retourner dans une salle obscure sans avoir envie de crier sa joie à l’écran. Mais bon, il paraît qu’il est de bon ton de retrouver ses proches, dont le souvenir finissait tout juste de s’effacer après deux semaines de projections quasi non-stop. Même avec ses mauvais films, le BIFFF me manque déjà !
Les notes des films vus !
1/5
Howl : 1/5 – Des personnages aux réactions parmi les plus stupides jamais vues et des monstres pas toujours convaincants, filmés avec un sérieux qui force le respect, ça se doit d’être souligné. Maintenant que c’est fait, on va se faire plaisir et vite oublier ce film.
Jeruzalem : 1/5 – L’apocalypse ressemble donc à un DTV fauché avec des pseudo-zombis. Ça se tient.
Kryptonita : 1/5 – « Eh le gars, je vais refaire la Justice league, sans moyens, ni action, ni scénario. C’est une bonne idée, non ? » Non.
The Rotten link : 1/5 – C’est bien de vouloir créer un univers original régi par ses propres règles, mais c’est mieux de le faire quand on a vraiment quelque chose à raconter.
The Tattooist : 1/5 – Si j’avais voulu voir des marionnettes, je serai allé voir Arti, pas ces personnages vides au service d’un scénario inepte.
2/5
ABC’s of Superheroes : 2/5 – Des seins, du sang, des seins, de l’humour débile et des seins au menu de cette anthologie barrée mais néanmoins calibrée. En séance de minuit au BIFFF c’est parfait, ailleurs c’est moins sûr.
Extinction : 2/5 – Avec Secuestrados, le réalisateur posait ses couilles sur la table. Il aurait du penser à les y récupérer, avant de faire ce film d’infectés intimiste mais ô combien prévisible et creux.
Ghost theater : 2/5 – Hideo Nakata s’auto-caricature, et manque de pot, ça ressemble moins à Scary movie 4 qu’à un long-métrage assez ennuyeux et aux personnages pas très malins.
The Marriage of reason and squalor : 2/5 – Difficile d’y entrer, on s’y ennuie pas mal, et on en ressort avec pas grand chose. Comme une sortie en night-club sans GHB, quoi
Ninja the monster : 2/5 – Un film sérieux avec des monstres et un ninja, il fallait le faire. Enfin non, fallait pas.
The Virgin Psychics : 2/5 – Nouvelle adaptation de manga pour Sono Sion, qui délaisse l’énergie époustouflante de son Tokyo Tribe au profit d’un rythme répétitif et vite lassant.
3/5
31 : 3/5 – On a connu Rob Zombie plus inspiré, mais le spectacle est assez généreux dans le gore pour se regarder sans déplaisir.
Benavidez’s case : 3/5 – Miser sur twist final grillé dès les 5 premières minutes, c’est comme tenter un concours d’à-fond avec les autres rédacteurs du Suricate, ça se tente, mais c’est risqué.
The bride : 3/5 – Mix sympathique entre horreur asiatique et Sixième sens.
The corpse of Anna Fritz : 3/5 – A part un prétexte de base original (les femmes c’est comme les glaces, c’est meilleur quand c’est froid), c’est plus ou moins Petits meurtres entre amis.
Curtain : 3/5 – Faire un long-métrage sur un rideau de douche qui disparaît, c’est facile. En faire un qui ne soit pas un porno et qui se développe de manière satisfaisante malgré un budget ridicule, ça l’est moins. Pari réussi pour Curtain, donc.
The deal : 3/5 – Un grand air de déjà vu, qui s’atténue peu à peu grâce à un enchainement un peu moins prévisible.
Démon : 3/5 – La possession comme révélateur de l’hypocrisie latente ? Bancal mais intéressant.
Intruders : 3/5 – Un twist original qui survient assez rapidement, et puis pas grand chose de plus…
Martyrs : 3/5 – Pas totalement déshonorant, mais on perd quand même beaucoup de la noirceur de l’original.
Queen of spades : 3/5 – Enchaîne les clichés plus rapidement qu’un paparazzi sous coke, mais se regarde sans trop de déplaisir.
Retribution : 3/5 – Attachez vos ceintures, et faites le plein d’adrénaline (et accessoirement de sous-intrigues pas folichonnes).
Snowgirl and the dark crystal : 3/5 – Roméo et Juliette avec des pouvoirs magiques, des CGI foireux et des combats aux sabres ? J’achète !
Uptake fear : 3/5 – Quand on se demande en plein milieu de film s’il n’en manque pas un bout, c’est qu’il y a sans doute un problème, mais le procédé n’est pas inintéressant en soi.
Veteran : 3/5 – Une histoire classique servie par de bons acteurs dans ce thriller qui monte peu à peu en puissance jusqu’à un final réjouissant.
Yoga hosers : 3/5 – Si Kevin Smith avait été un réalisateur italien, il aurait filmé sa fille dans les pires situations (Argento, je te vois !). Vu qu’il ne l’est pas, il s’adoucit légèrement, mais le fait néanmoins avec une énergie communicative.
4/5
Baskin : 4/5 – Un premier long original, malgré une dernière partie plus conventionnelle et un peu en deçà du reste. Mais bon sang, une longue exposition où on ne s’ennuie pas, au BIFFF, ça fait du bien !
Green room : 4/5 – Et bien voilà, enfin des personnages plutôt malins et nuancés ! C’était pas si dur, si ?
Memories of the sword : 4/5 – Visuellement réussi, le film suit une histoire de vengeance cruelle et jusqu’au-boutiste bienvenue, bien qu’un poil trop longue.
The priests : 4/5 – Très bon mélange de thriller et de film de possession.
Scherzo diabolico : 4/5 – Empli de retournement de situations, une bonne surprise !
Seoul station : 4/5 – Engagé et prenant, un bon film de zombies. J’avais oublié que ça existait encore !
Southbound : 4/5 – Un film à sketches qui n’en a pas l’air, avec des idées assez originales. Le 11 septembr… non, rien.
Tag : 4/5 – Subversif, complètement fou, et mené à un train d’enfer. Après le décevant Virgin psychics, on retrouve enfin le Sono Sion qu’on aime !
Traders : 4/5 – Quand d’anciens traders remplacent les actions par des vies humaines, les liquidations se font plutôt brutales. Cynique et enthousiasmant.
When geek meets serial killer : 4/5 – Une histoire délirante qui emporte l’adhésion malgré une réalisation un peu sage.
Yakuza apocalypse : 4/5 – À l’image des autres films du réalisateur : trop long, foutraque, mais sacrément jouissif.
5/5
Bahubali, The Beggining : 5/5 – D’une candeur touchante, le nouveau film du réalisateur d’Eega enchaîne les actes de bravoure incroyables jusqu’à un final épique. Vivement la suite !
Monster hunt : 5/5 – Des monstres qui chantent, dansent et luttent pour leur survie dans la joie et la bonne humeur. Un excellent spectacle pour toute la famille !
The Phone : 5/5 – Rythmé et inventif, ce polar fantastique constitue LA bonne surprise du festival.