The corpse of Anna Fritz d’Hector Hernandès Vicens (Ivan Sculier)
Faire voler les tabous en éclats en concevant un film glauque et sordide à souhait (que vous rougiriez de regarder en compagnie de votre mère ou de votre grand-mère) c’était probablement l’objectif du réalisateur Hector Hernandès Vicens.
Anna Fritz, diva du cinéma, vient de passer de vie à trépas. À la morgue, un petit malin invite ses deux potes à mater son cadavre encore frais. Rapidement, la nudité de l’actrice insuffle quelques relents de nécrophilie aux esprit pervers et le voilà déjà qu’il passe à l’acte ! Sauf qu’en plein viol, Anna Fritz rouvre les yeux.
Malgré ce pitch pas piqué des vers, on retombe rapidement sur les rails d’une narration plutôt conventionnelle. Le film n’est somme toute pas très éloigné du thriller en huis clos, genre petit meurtre entre amis, bien que sa touche nécrophile lui offre un certain décalage grâce auquel il s’extrait de la masse.
Et surtout, on retiendra la moralité de l’histoire : quand tu veux t’envoyer en l’air avec un macchabée, assure-toi au moins qu’il soit tout à fait froid !
Green Room de Jeremy Saulnier (Ivan Sculier)
Les punks ont toujours des plans foireux. D’habitude, ils n’en ont rien à foutre, parce que ce sont des punks, mais dans Green Room, notre groupe d’anarchistes va se voir complètement dépassé par les événements.
Quatre punks débarquent à l’arrache au milieu de nulle part pour donner concert et manque de bol, la salle grouille de néo-nazis. De vilains skinheads aux airs peu commodes qui finiront par séquestrer les quatre intrus dans un pièce verte (oui ! c’est pour ça le titre), car ils ont découvert un assassinat. Pas si cons, ces fachos…
Ensuite l’histoire part tout doucement en vrille, les personnages sont au courant de détails qui échappent au spectateur et le tout s’entremêle si bien qu’il devient parfois difficile de déterminer qui est un méchant méchant et qui est un gentil méchant…
Heureusement, si le film n’est pas toujours clair comme de l’eau de roche, le résultat reste fort comme de l’eau de vie – même si, vu le potentiel des acteurs, on était en droit de s’attendre à quelque chose d’encore plus badass ! Alors on remercie la bande son qui sauve la mise en préservant ce côté « rock movie » si précieux et authentique.
Bahubali : the beginning, de S.S. Rajamouli (Guillaume Limatola)
Film indien le plus cher jamais produit à Tollywood (en gros le Bollywood du Télangana), Bahubali : the beginning constitue le premier chapitre d’un diptyque consacré a Shivudu, un enfant adopté très jeune qui n’est autre que le digne prétendant au trône de son royaume.
Qu’on se le dise, le film le plus épique de tout le BIFFF est ici. Qu’il décide de chevaucher une avalanche en transformant un rocher en bobsleigh, où qu’il transforme une guerrière émérite en sosie de chanteuse rnb (meilleure scène vue au cinéma depuis longtemps), tout ce qu’entreprend Shivudu prend des proportions délirantes. Et ce n’est là que la première partie du film, qui se consacre ensuite au combat hallucinant de Baahubali, père du héros, contre une armée de 100 000 ennemis.
Après le déjà mémorable Eega (qui conte la vengeance d’un homme réincarné en mouche !), S.S. Rajamouli se saisit du projet avec toute la démesure nécessaire, dynamisant chaque séquence à l’aide d’une inventivité de chaque instant. Si l’on peut regretter une histoire d’amour au traitement un peu trop rapide pour la rendre crédible (peut-être du au fait que la version présentée soit le montage européen, réduit d’une vingtaine de minutes), il est néanmoins difficile de résister à un spectacle total et débridé. De quoi ravir les habitués de certaines productions indiennes, et écarquiller les yeux des spectateurs novices en la matière, pas forcément habitués à un traitement qu’on serait tenté de qualifier de décalé, mais qui met également en avant les ruptures de tons et favorise la progression dramatique en adoptant peu à peu point de vue plus sérieux. La suite, vite !