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    BIFFF 2016 : changement de corps, Melies, sketchs, zombies et lames de rasoir

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    The Beauty inside, de Baek Jong-yeol

    Se réveiller tous les jours dans un corps différent, c’est un solide handicap quand on est en quête de l’âme soeur. Pourtant Woo-jin (alias le transformer) relève le défi et, comme le titre du film le souligne si bien, sa beauté intérieure sera son atout principal.

    Avec un synopsis pareil, on imagine déjà les amateurs de comédies à l’eau de rose se frotter les mains à l’idée des deux heures mielleuses qu’ils vont passer en regardant ce film. Oui oui, j’ai bien dit deux heures. Les transformations à répétition du héros invitent bien sûr au comique de situation, du coup, en plus d’être mignon tout plein, The Beauty inside est même un peu drôle.

    Le hic c’est qu’au BIFFF, le public n’est pas trop du genre à réclamer des larmes de tendresse. En revanche, les amateurs de frissons, d’épouvante, de torture, de zombies, de fantômes, de vampires, de loups garous, de fusillades, de bagarres, de nécrophilie, de sorcières et de monstres n’en auront pas pour leur pognon… Pas même une gifle bien sentie à se mettre sur la dent !

    Blood-on-Melies-Moon

    Blood on Melies’ Moon, de Luigi Cozzi

    Certains qualifieront peut-être Blood on Melies’ Moon de film d’horreur cosmico-kabbalistique, ambiant et abstrait. D’autres se contenteront de dire que c’est du grand n’importe quoi. Il faut admettre qu’à première vue, c’est un petit peu l’impression qui en ressort…

    Impossible de rester indifférent face aux choix esthétiques hyper tranchés du réalisateur ! En fait, on a le sentiment de regarder un documentaire non conventionnel et amateur sur les bords. Beaucoup de scènes sont tournées caméra au poing, le jeu d’acteurs est parfois calamiteux et, par moments, difficile de déterminer si c’est la qui pellicule bug ou si c’est encore un choix particuliers du réalisateur. Et comme si ça ne ne suffisait pas, les couleurs sont criardes, les effets spéciaux en carton et l’intrigue sens dessus dessous. Car oui : intrigue il y a, même si ça n’apparait pas du premier coup d’oeil. On a affaire à une fiction, complètement barrée et fantasmagorique certes, mais une fiction quand même.

    Peu à peu, si on a survécu à la première heure de film, tous ces choix étranges commencent à faire plus ou moins sens. Et ce qui paraissait moche au premier abord devient intéressant. De nombreuses images d’archives s’invitent au montage, issues des grands classiques du cinéma muet, contribuant à l’ambiance décalée de l’oeuvre.

    Bref cet ovni surprend, choque notre sens de l’esthétisme mais nous offre finalement une expérience cinématographique intéressante. Regarder Blood on Melies’ Moon, c’est plonger dans un cabinet de curiosité fait film ! Une belle invitation au rêve pour les fans SF de la vieille école.

     

    southbound


    Southbound, de R. Benjamin, D. Bruckner, P. Horvath & Radio silence

    « Le 11 septembre du genre ! Il y aura désormais un avant et un après (…) ! » Mais oui ! Les rédacteurs de résumés du BIFFF n’ayant clairement plus aucunes limites, il aurait sans doute suffi de deux lignes supplémentaires pour apprendre que ce film soigne aussi le cancer. Alors, ce Southbound, chef d’œuvre ultime qui a causé la résurrection de Jésus qui avait réellement envie de le voir (celle-là, elle est cadeau les mecs ! Sentez-vous libre de l’utiliser pour l’année prochaine), ou escroquerie ?

    Si l’anthologie horrifique de R. Benjamin, D. Bruckner, P. Horvath et Radio silence n’est pas aussi décisive que ce que l’on souhaiterait nous faire croire, il faut reconnaître qu’elle arrive a tirer son épingle du jeu.

    Le choix de ne pas séparer chaque sketch mais d’au contraire les lier entre eux s’avère pertinent. Il permet d’atténuer l’effet d’inégalité habituellement inhérent au genre, en floutant les repères du spectateur, que ce soit grâce à la reprise de lieux, de personnages, ou plus encore (cf les nombreuses connections entre les segments d’ouverture et de clôture). Pour exemple, Siren et sa forte impression de déjà vu se voient immédiatement contrebalancés par The accident, l’un des vrais moments forts du film, sans que l’on puisse discerner la transition de prime abord. Le procédé permet également d’apporter au fur et à mesure quelques éléments de réponse sur ce qui a précédé, générant un intérêt croissant de la part du spectateur. D’autant que les différentes thématiques de chaque parties se font également écho à de multiples reprises, donnant l’impression d’assister à un long-métrage qui emprunte plusieurs directions tout en restant cohérent, qu’à une simple accumulation de sketches.

    Sachant que la plupart des auteurs et réalisateurs ont œuvré de manières diverses sur V/H/S, on n’en attendait pas tant !

    Extinction

    Voisinage post-apocalyptique (Loïc Smars)

    Extinction est un film mélangeant le genre post-apocalyptique (Le jour d’après pour le grand froid) et films de zombies. Zombies que l’on ne verra que tard dans le film, pour la simple et bonne raison que les survivants les croients disparus, morts de froid. Dans la campagne américaine, deux maisons côte à côte, deux hommes qui se détestent et ne se parlent plus depuis 9 ans et une petite fille née pendant cette fin du monde. Mais un jour de terribles infectés qui ont muté reviennent…

    On se doutait que nous n’allions pas prendre une claque ou découvrir le nouveau chef-d’œuvre du genre mais malgré tout, nous sommes assez surpris du résultat. Le réalisateur a soigné l’image (étais-ce prévu pour le grand écran à l’origine ?) et l’histoire possède une idée originale : la dualité entre deux hommes qui se sont battus pour une femme désormais morte et l’enfant (la jeune actrice est géniale !) né au début de la pandémie. On regrettera juste les habituels poncifs de ce genre de films : héroïsme, sacrifice, etc.

    Some-Kind-of-Hate

    Publicité pour les lames de rasoir (Loïc Smars)

    Généralement, quand le film de 00h30 est américain (hormis Troma, etc. bien sûr) et avec des jeunes acteurs, on a beaucoup de chances que ce soit pourris : pas assez trashs ni assez cons. Ce qui est pourtant ce qu’on attend de ces séances ! Dans le cas de Some Kind of Hate, on avait encore une fois raison. Cette histoire de jeunes têtes de turc dans un centre de réhabilitation des montagnes ne décolle jamais. Jamais gore et souvent ridicule (dans les effets spéciaux ou le jeu des acteurs). Seule, Sierra McCormick, l’actrice interprétant la méchante fantôme qui se venge de son assassinat dans le même centre, mérite le détour. Heureusement que dans les couloirs du Bozar, l’ambiance était à la fête.

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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