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    BIFFF 2015 : Une partie de Go avec de vrais détectives et Jason Bourne ?

    La journée a tout de suite commencé en Ciné 1 avec une histoire coréenne de prison et de jeu de Go. Et comme c’est pas courant de parler de ce jeu très méconnu dans nos contrées, la tentation est grande de découvrir ce film. Mélangez le tout avec un True Detective-like et un Jason Bourne-like un peu plus effrayant et vous avez une belle combinaison gagnante.

    the divine move

    The Divine Move, du réalisateur Coréen Beom-gu Cho envoie du lourd. C’est l’histoire d’une vile crapule qui prend sa revanche sur d’autres viles crapules.

    Récapitulons. Notre héros, jeune joueur de Go (le jeu de stratégie asiatique), est embarqué par son frère dans une sombre magouille de jeu d’argent qui tourne mal, avec pour résultat qu’il se retrouve en prison pour plusieurs années, condamné pour le meurtre de son frère. Une fois en prison, il rencontre tous les gens dont il a besoin pour faire de son corps une arme, et de son esprit une autre arme. À peine sorti, il entreprend sa vengeance, comme convenu.

    Et ça attaque.

    Pour un film dont le thème central est le go, la stratégie du protagoniste est un peu étrange, mais le film est principalement composé de scènes assez cools, et parfois originales. La cinématographie sert le propos, qui se trouve être le sang, la violence, la soif de sang, la soif de violence et le Go.

    Que vaut le film ? Et bien du côté positif, on ne s’ennuie pas, on rigole avec le sidekick, les acteurs donnent des perfomances tout à fait à la hauteur, la photo est top, l’action est régulière, innove de temps à autres, le ton est très bien posé. Au total, 75% top qualité. Le film traîne un peu de temps à autres, sinon vous êtes entre de bonnes mains.

    C’est le manque d’introspection du personnage principal qui me fait mal au coeur. Eh bien oui, on est au pays des sages d’Orient, et pourtant aucun d’entre eux ne semble avoir entendu la maxime pourtant très connue de Lao-Tseu: « La vengeance, c’est pour les cons, tu ferais mieux d’ouvrir un bar-tabac » (paraphrase).

    Ce bain de sang incessant manque de savoir vivre, et le héros ne semble pas accorder grande importance à la vie humaine, surtout celle des autres. Notre protagoniste passe plus de temps à faire du shopping pour garnir sa somptueuse garde-robe (qu’il s’empresse de tâcher de sang) qu’à s’enquérir du bien-être émotionnel de ceux qui l’entourent. C’est bien triste, on est au 21ème siècle quand même, on est pas des gueux.

    En tout cas cette brutalité incessante fait vivre les vitriers, blanchisseurs, armuriers et autres petits indépendants, et nous en met plein la vue, ce qui n’est pas si mal. Bref, il faut voir les choses (et ce film) du bon côté pour s’amuser dans la vie.

    Allez le voir, c’est du matos.

    la isla minima

    La Isla Minima, True Detective à la sauce hispanique

    Après les succès de Ghost Graduation et de Biancaneves il y a deux ans de cela, le cinéma ibérique a la cote au BIFFF. De quoi entrevoir sous les meilleures auspices La Isla Minima, vainqueur de pas moins de dix Goya. Et force est de constater que ceux-ci n’ont pas été usurpés. Le film nous met directement dans une ambiance tendue post-franquiste dans laquelle deux inspecteurs enquêtent sur la disparition mystérieuse de deux jeunes filles. Tout comme la série True Detective, La Isla Minima joue à fond la carte de l’enquête glauque dans laquelle le réseau d’assassins ne se contente pas de disséminer des cadavres mais y ajoute moult tortures et sévices. Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas ! Même la moustache de Raúl Arévalo rappelle celle de Matthew McConaughey dans la série policière. Toujours est-il qu’après un début sur un tempo mineur, le film finit par nous emmener dans son ambiance sombre et réussit parfaitement son pari de nous faire vivre l’enquête des deux agents.

    Si le jeu des deux acteurs principaux, tout comme celui du reste du casting, est irréprochable, on regrettera tout de même que la relation qui unit les deux policiers ne soit pas plus développée. En effet, l’un se pose comme un jeune homme avide de changement après les années de dictatures de Franco tandis que l’autre servait allègrement ce régime. Vu comme ça, ces deux-là  ne passeraient pas leurs vacances ensemble, alors de là à mener une enquête. On peut aussi déplorer la longueur, un peu courte, de la scène finale  mais en définitive, ce La Isla Minima nous laisse un très bon goût dans la bouche, de quoi démontrer une fois de plus que le cinéma espagnol produit quelques bijoux.

    the guest

    Mais pourquoi Jason Bourne est-il si méchant ?

    Un soldat s’investit auprès de la famille d’un ancien camarade tombé au combat. Mais il devient un danger pour ces gens dès lors qu’ils découvrent les dangereux secrets de son passé.

    C’est le synopsis de The Guest, chouette petit thriller américain réalisé par Adam Wingard.

    Sauf que là, le soldat se rapproche plus d’un croisement entre Jason Bourne et Terminator que d’un pauvre bougre traqué par le gouvernement pour quelques broutilles. Alors d’accord, le jeu d’acteur n’est pas au top, le scénario ne casse pas de brique et Dan Stevens en rajoute des caisses dans son rôle de soldat prêt à tout pour arriver à ses fins, mais c’est typiquement le genre de film qu’on adore voir au BIFFF. Que ce soit à cause d’un scénario ultra-kitsch ou d’une bonne dose de maitrank, on finit par bien se marrer devant ce The Guest qu’on aurait peut-être descendu dans un autre contexte.

    Le film passe allègrement d’une intrigue à la Jason Bourne à une ambiance plus thriller, en n’hésitant pas à saupoudrer le tout de beaucoup de flingues. Vive la testostérone ! Finalement, The Guest c’est un peu cette fille que tu ramènes en soirée mais dont tu ne parleras jamais à tes potes. Tu ne vas certainement pas sortir avec mais bon, tu ne vas pas non plus dire non à un petit coup par ci par là pour lâcher un peu la pression.

    Olivier Eggermont et Jan Kazimirowski

    Olivier Eggermont
    Olivier Eggermont
    Journaliste du Suricate Magazine

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