Haemoo
Imaginez une chaloupe de pêche coréenne en 1998. Vous êtes jeune mousse à la peau douce, au menton glabre et à la croupe avantageuse. Votre équipage se compose de vieux loups de mer virils et sales, d’un capitaine dur mais juste, l’ambiance est gaillarde, on vous met de grandes claque dans le dos, vous êtes humble et honnête, vous échappez de justesse à une amputation par machine hydraulique, on vous remet une grande claque dans le dos pour fêter ça. Bref, vous menez une existence des plus pittoresques. Voici la situation pour notre héros, Dong-sik (interprété par Yoo-chun Park, que vous connaissez pour son rôle dans « Naemsaereul Boneun Sonyeo »).
Jusqu’au jour où votre salaud de capitaine, qui est dur, juste et aussi un peu con, se découvre très cocu. Dépité, endetté, cocu et à court d’options, il embarque son équipage dans une magouille de trafic d’immigrants clandestins (qui tourne mal, sinon le film serait un peu chiant). Le film est un peu lent. En coupant un bon quart d’heure, on passerait quelques scènes de bavardages en vitesse et on passerait plus vite aux scènes de viol.
En parlant de viol, le compte est effrayant: {0,5 + [3*(1/2) + 4 *(1/5)]} = 24/10 de viol. Un demi pour une dame qui voulait louer ses fesses afin d’obtenir une faveur d’un matelot. La pauvrette se fait avoir dans tous les sens du terme. Fallait réfléchir avant de se prostituer, mais bon, ça vaut un demi viol quand même. Pour le coup c’est Hong-Mae, (interprétée par Ye-ri Han dont vous vous souviendrez du rôle dans Kundu: min-ran-eui si-dae) qui prend cher. Elle subit au total trois tentatives de viol et quatre attouchements, mais trouve encore le temps de tirer un coup avec notre héros. Quel courage admirable. Le film est « tiré d’une histoire vraie ».
Haemoo en tant que tel est plutôt bon. L’histoire part en vrille sur la fin, mais c’est amené de façon assez réaliste, on croit aux personnages, quoi qu’ils auraient gagné à démontrer un poil de remords pour leurs actions, particulièrement le cocu et le violeur en série raté. Les bastons sont sanglantes, et l’intrigue est sordide à souhait. Le ton est particulièrement bien géré : la transition entre atmosphère de franche camaraderie du début et la tension infernale vers la fin est très bien amenée, ce qui rend les passages un peu lents tout à fait tolérables.
On voit rarement ce genre de films, ce qui explique peut-être l’impression de fraîcheur qui s’en dégage. Ou peut-être est ce notre jeune héros, aux joues rouges frappées par les embruns qui injecte une dose d’humanité dans ce monde cruel. Le coquin s’en prend à toutes les sauces mais bon, il a mouillé sa biscotte, c’est toujours ça.
Automata : tout ça pourquoi ?
Y a pas à dire, c’est casse-gueule de faire un film de science-fiction, qui plus est comparé à Blade Runner. Et pourtant Gabe Ibanez s’en sort dignement, grâce à un univers crédible et époustouflant. Des décors aux robots, tout transparaît un certain réalisme et un univers cohérent.
On suit une humanité réduite à sa plus simple expression vivant dans la crainte des retombées radioactives, des pluies acides, etc. Pour s’aider à se protéger ou à se rendre la vie un poil meilleure, la société ROC crée le Pilgrim 7000, un sympathique robot qui reprend peu ou prou les lois d’Asimov obligeant les robots à ne pas faire de mal à l’être humain. Un agent d’assurance se retrouve à enquêter sur des comportements étranges de certains modèles qui s’affranchissent de certaines lois. Et si les robots évoluaient de leur côté ?
Au rayon bonnes surprises, Antonio Banderas porte le film vers l’avant et l’univers déjà vanté nous a conquis. Les 5 minutes à peine à l’écran de Mélanie Griffith et le manque d’enjeu du scénario déçoit quelque peu. Malgré tout, c’est assez rare de trouver un SF qui a de la gueule, que l’on ne va pas bouder son plaisir.
At the Devil’s Door : tout ça pourquoi ? 2 – Le cinéma en moins.
On nous promet un film de maison hantée américain, et c’est pas tout à fait ce que l’on va avoir. Même si les moyens transparaissent à l’écran, on ne voit pas grand chose d’autre à part une jolie photo. Les actrices sont nulles, le montage est étrange et l’histoire est à chier. Ajoutez à tout ce triste constat une horreur qui ne décolle jamais, vous courrez à la déception. Suggérer est une idée intéressante, mais il faut parfois donner quelque chose en pâture à son public. Mention spéciale au monstre qui ne ressemble à rien (finalement ce n’est pas plus mal de peu le voir) et aux ruptures de rythmes par dizaines qui arrivent à faire foirer jusqu’à la scène finale, sensée être épique.
Vous me trouvez dur ? Si vous me tournez ce film dans votre jardin avec la caméra de papa, l’indulgence est de mise. Quand vous avez des moyens pour le cinéma et que vous courrez les festivals, un minimum d’action est à prévoir sous peine de voir le public bouder le film. Et quand le public du BIFFF, pourtant parfois venu pour les nanars, hue le film, c’est qu’il doit être vraiment mauvais. (j’ai pour ma part entendu le public huer un film en moyenne une fois par an)
Jan Kazimirowski et Loïc Smars