Hier soir, contrairement à d’autres crépuscules, il n’y avait pas foule dans la salle principale du BIFFF. Le public a-t-il été prévenu ? Aurait-il une meilleure intuition que nous ? Pourtant tout avait l’air alléchant : un trafic de drogue à Gibraltar, un film avec Liam Neeson qui sauve sa progéniture et pour terminer, un film avec des Maoris qui se battent.
Et le public ne s’est pas trompé, la réalité du terrain sera tout autre que ces pitchs encourageants. Passons en revue chacun de ces films.
Tout d’abord, découvrons El Nino, thriller espagnol se penchant sur le trafic de drogue qui existe entre le Maroc et l’Espagne autour du détroit de Gibraltar. Si l’histoire est sympa et les vieux briscards espagnols sont au rendez-vous, tout n’est pas parfait. Le jeune acteur principal, considéré comme le nouveau sex symbol hispanique a plutôt l’air sorti d’un épisode de Plus belle la vie (Santé Quentin !) que le protagoniste principal d’un film d’action. Il faut voir sa tête de méchant/dur/concentré/amoureux/curieux/etc. : c’est toujours la même. Ses deux potes d’affaires ont des rôles plus croustillants et caricaturaux, leur permettant d’être un peu moins chiant à regarder (l’andouille et la sale gueule en résumé).
C’est finalement un peu l’ancienne garde contre la nouvelle et pour une fois c’était mieux avant. Les vieux portent littéralement le film. Mais une apparition mettra tout le monde d’accord : Mariam Bachir, sorti d’on ne sait d’où mais qui n’hésite pas à livre un jeu impeccable ainsi qu’une plastique de rêve qu’elle montre sans pudeur.
(suivez ce lien pour en savoir plus sur la demoiselle)
Au final, le film de Daniel Monzon est à demi-teinte, d’un côté un thriller efficace et quelques têtes bien connues (Sergi Lopez, Luis Tozar, etc.) et une sublime actrice principale. Mais d’un autre côté, les jeunes acteurs ne sont pas au niveau et l’intrigue a parfois du mal à convaincre. Bien torché mais quelque peu trop banal, peut-être ?
Si El Nino avait un niveau plus que correct, c’est à partir de 20h que tout commence à s’effriter. Run All Night, avec un Liam Neeson qui veut encore sauver la chair de sa chair.
Dès les premières images, on a déjà compris dans quelle merde on s’est empêtré. L’intrigue est certes la même que tous les derniers films de Liam Neeson, mais ce n’est pas la véritable ombre au tableau. Plutôt la réalisation outrancièrement emmerdante, comme ces plans à la Google Maps qui stoppe tout rythme, et envoie la caméra quelques rues plus loin. Vous pouvez essayer avec votre roulette de souris et Google Maps, c’est tout aussi efficace. La conception des scènes d’actions est aussi pauvre. Quitte à regarder un bon gros actionner, autant en avoir pour notre argent ! Si l’ennui nous guette à chaque poursuites en voiture, c’est qu’il n’y a pas beaucoup d’espoir, non ? On ne vous cachera pas qu’on est parti après la première heure et laisse la seconde aux courageux car Collet-Serra n’a pas la classe de Luc Besson nous infligeant ses scénarios débiles que sur 1h15.
Nous sommes peut-être dur avec ce film, mais nous sommes en droit d’attendre plus d’un film qui a un budget supérieur à l’ensemble de la programmation de la petite salle CINE 2. Mais cela ne nous a pas donné vraiment envie d’être conciliant avec The Dead Lands. Le film de Tao Fraser est tourné en langue maorie et l’exotisme point le bout de son nez. Mais c’est finalement aussi difficile pour un public occidental de comprendre les tirages de langues et autres salamalecs (un peu comme le Haka des All Blacks mais en trop long) avant les combats entre tribus que de comprendre les danses et chants ridicules dans les films indiens. Mais laissons la parole à notre collègue Jan qui a lui vu la fin. Précisons que rien ne sert de quitter la dernière séance de la grande salle pour courir assister à la séance de minuit ! Ils nous attendent, vous avez même le temps d’en griller une, le temps que tout le monde sortent et rentrent. Mais à revenons à nos moutons ou en tout cas à Mr. Kazimirowski.
Mon dieu que c’est bavard. Les acteurs passent leur temps à montrer leur joli popotin, leurs beaux pectoraux bombés, à faire des grimaces en prenant des poses dignes de Mister Muscles à Ostende. L’art martial local consiste à assommer ses ennemis à coup de discours interminables et ils ne s’en privent pas (entre deux grimaces). Le film tire le cliché du « Il est seul, on est quinze, on l’attaque un par un ! » à sa conclusion illogique, et pendant ce temps là, on se tient la nouille. Pour un film qui promet de belles bagarres c’est d’un ennui de première classe.
On suit un jeune trouillard (heureusement un peu moins bavard que les autres), qui doit venger son village, fourbement massacré dans la nuit complice. Il embauche un vieux (mais redoutable) guerrier de la forêt pour l’aider dans sa tâche. Et c’est tout. Normalement, c’est là qu’un film commence à éplucher les couches d’une intrigue qui ne fait que commencer, dans le cas présent on a pris un peu de retard sur le quota grimaces, il s’agit de se rattraper.
Le film se perd dans des tangentes sans intérêt, des redondances ineptes qui font traîner une intrigue inexistante. Même les bagarres traînent la patte. Ils passent plus de temps à s’hérisser le poil qu’à s’en mettre sur la tronche, et ils arrivent encore à trouver du temps pour s’envoyer des répliques dignes de Rémy.
Coté positif : les costumes (ils sont à moitié à poil, rappelez-vous), le maquillage et les effets sont très biens faits et les acteurs ne sont pas les pires (vu les dialogues, c’est pas de leur faute).
Si vous hésitez encore, je vous préviens : ils crèvent tous à la fin. Comme ça c’est réglé.
Loïc Smars et Jan Kazimirowski