La surprise est aussi partiellement au rendez-vous en Ciné 2. D’un côté une révélation de genre à 19h, une jolie visite touristique des paysages italiens à 21h30 et un bon gros nanar asiat’ d’exploitation en Midnight Movie.
True Love Ways
En ciné 2, il s’est passé un truc. Personne ne saura vous l’expliquer, mais il y a eu comme une étincelle. La première claque de ce festival nous est arrivé en pleine face. 19h30 sonne. Nous rentrons dans la salle ciné 2, nous nous installons, attendant de voir ce que l’équipe de The Outing (BIFFF2014) nous a préparé cette année. Matthieu Sieler est là. Il chantonne, il parlotte et soudain, la luminosité diminue. Et c’est le silence. Un silence lourd. Pesant. Et des images en noir et blanc.
Hoooo tu dois penser, au fond de toi, que le temps a du nous sembler bien long dans nos fauteuils de velours. Tu as raison. Enfin, concernant les vingt premières minutes du moins. Car ce film était une véritable bombe. Une putain de première claque.
Avec True Love Ways, Matthieu Sieler s’affirme en tant que réalisateur talentueux du cinéma de genre. Inspiré par les Giallos, par leurs gros plans et par leur coté sensitif, True Love Ways pourrait même être rapproché à L’Etrange Couleur des Larmes de ton Corps (Hélène Cattet) tant il joue sur les sonorités et sur les détails.
La mise en scène se joue ensuite de nos acquis, mélangeant objets du passé et du présent, nous déstabilisant, nous éjectant de notre zone de confort. Une vieille Coccinelle et une robe aux motifs tout droit inspirés des années 50 assortis à un iPhone. La ville, la mer, les bois, la campagne.
Le public est perdu. Il n’a plus, comme point d’accroche, que la somptueuse Anna Hausburg. Et quel repère. Elle nous entraine dans son délire de meurtres, de viols, de violence et d’hommes en noir. Elle nous porte dans sa course folle, dans ses cachettes abracadabrantes, dans les tréfonds de sa douce folie.
Jouant de la symbolique, tant dans l’image que dans les dialogues, Sieler réussit ici un tour de passe-passe extraordinaire : joindre à l’humour, le sensitif, mixer le gore et l’amour, le tout de façon intelligente et sensée.
True Love Ways a donc placé la barre très haute et permet à votre serviteur de commencer le BIFFF sur les chapeaux de roue.
Spring
Un jeune américain sans attache rencontre une jeune italienne mystérieuse et hantée par un sombre (et monstrueux) secret.
L’équipe folle de Resolution revient cette année avec une œuvre magnifique. Spring est un voyage. Une épopée au creux de paysages italiens plus époustouflants les uns que les autres. La photographie est bluffante de beauté.
Traitant d’une histoire qui, si on cherche un peu, n’est pas sans rappeler la bouse phénoménale Twilight, Spring n’en est pas moins intelligent, travaillé. La façon de traiter l’amour« inter-espèces » est ici à la fois poétique et étrange. La créature desserre une histoire d’amour sur fond mythologique. Les personnages sont étudiés dans les moindres détails, permettant au spectateur, une compréhension et une identification très (parfois trop) profonde.
Si le film est beau, il n’en est pas moins un peu long. Les dialogues s’enchainent, creusant chaque fois un peu plus les personnalités, les choix, les débats des deux protagonistes.
Lou Taylor Pucci est étonnamment brillant en jeune américain endeuillé (et il porte très très bien la redingote en mouton retourné) tandis que Nadia Hilker apporte un souffle nouveau dans son incarnation de la belle Louise.
Esthétique, joli, tant dans son image que dans le traitement du récit, Spring s’accorde malheureusement trop de longueurs, perdant par moment le spectateur, fatigué par tant de logorrhées.
Au cinéma, il existe plusieurs types de navets.
La première catégorie comprend les films tellement mauvais qu’ils en acquièrent un certain charme. Quand un tel film télégraphe l’amateurisme de son réalisateur, l’absurdité de son scénario, ou autre, le charme acquis encourage le spectateur à trouver des qualités ailleurs, comme par exemple la qualité des locations, ou le réalisme de telle prothèse.
Dans cette catégorie, c’est le film en soi qui devient personnage principal, et l’audience se sent obligée de prendre son côté, d’où le charme. Oui, c’est un argument tautologique, mais c’est comme ça.
Le reste des daubes sont juste de mauvais films. Ils offensent la sensibilité de toute personne possédant la moindre parcelle de dignité, qui ennuient, qui sont justes ratés de bout en bout.
Zombie Fight Club passe allègrement d’une catégorie à l’autre, et il n’a pas l’air de s’en soucier plus que ça.
Le film est mauvais, c’est indéniable, et cependant il ravit nos coeurs à coups d’effets superspéciaux à deux francs, de moments sentimentaux risibles, de bagarres déjantées et de coups bas dégueulasses.
Ne vous méprenez pas : le scénario est inexistant, les acteurs n’ont pas de personnage, le film change de ton toutes les cinq minutes, le sexisme permanent est grinçant, et bref, vous l’aurez compris, si on enlève les fesses et les bagarres, il ne reste plus grand chose.
En fait, c’est un film qui ne sait pas ce qu’il veut faire : le « Fight Club » de Zombie Fight Club dure trois scènes vite torchées, qui ne collent pas au reste du film, et puis c’est très bien, ça ira comme ça.
La salle était très chaude au début, et puis on finit par s’embêter un peu quand même, les blagues s’estompent, et on a juste envie de passer à autre chose.
Jan Kazimirowski et Roxane de Quirini
Et demain y a quoi ?
Le mardi 9 avril est une grosse journée et longue comme on les aime (toujours la journée). En Ciné 2, on débute la journée avec le déjà sorti The Badabook, la grosse péloche terrifiante qui a dernièrement fait le buzz, tout droit venue d’Australie. Un Pusher-like, un fantastique argentin parlant d’esclavage, un film qui fait peur parce qu’il fait noir et enfin The Editor qui annonce le retour des cousins dégénérés de Troma dans un gros délire goro-drôlatique.
Dans la première salle (la plus chère où il y aurait les plus grands films ?), préparez-vous à de l’asiat’ (encore, et ce n’est que le début) mais fait par ceux de Memories of Murder et Snowpiercer, à un monde post-apocalyptique et les problèmes électro-ménagers que ça comporte et enfin la gonzesse d’une agence immobilière qui va jouer à la sempiternelle maison hantée !
See you tomorrow, the canaillou’s !