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    BIFFF 2014 : A l’inverse d’hier, la salle 2 a montré des qualités

    Horror stories 2

    horror stories 2

    Après un premier opus qui avait marqué l’audience de par sa précision dans la réalisation et l’originalité de ses sketchs, Horror stories revient à 14h au BIFFF. 3 sketchs à nouveau, conduits par un fil rouge qui devient au fur et à mesure une histoire à lui tout seul.

    Premier sketch : La falaise
    Qui c’est qui a mangé tous les Snickers ?
    Réalisé par Kim Sung-Ho

    Personne n’aime la solitude. Encore moins quand on la ressent au bord d’une falaise, affamé, que la nuit commence à tomber et qu’une étrange silhouette semble doucement se rapprocher.

    Le malaise est de mise dans ce qui semble être une histoire de règlement de comptes classique. Puis le film s’emballe et le malaise grandit. Les images sont superbes et l’acteur nous emmène avec lui dans la terreur vertigineuse de ce premier récit. Une mise en bouche des plus délectables !

    Deuxième sketch : Accident
    Et bardaf c’est l’embardée.
    Réalisé par Kim Whee

    Partie la plus faible et la moins aboutie, Accident endort le public par son manque d’originalité. Sorte de Reeker sauce asiat avec 20 ans de retard, le sketch est malheureusement guidé par 3 actrices dont les voix sont aussi insupportables que l’odeur de Rémi un jour d’été.

    Bref, Horror Stories prend ici un coup dans l’aile. Le calme avant la tempête ?..

    Troisième sketch : Escape
    Encore une histoire d’urine…
    Réalisé par Jung Bum-Sik

    Et si tu pouvais recommencer un épisode de ta vie ? Si tu pouvais entrer dans un monde parallèle et effacer ce moment où tu as mangé un énorme paquet de Buggles juste avant de te retrouver à côté de la fille de tes rêves dans la salle Ciné 1, tu le ferais ?Ko Byeong-Shin lui, n’a pas hésité. Et il doit payer le prix fort pour avoir voulu défier le diable en personne…

    La claque. Le délire cinématographique à son apogée. Le bonheur de découvrir un réal qui s’éclate. Escape est un ovni. Une merveille d’originalité qui emmène le public dans le plus gros trip de sa vie. Réalisation précise, acteurs complètement barrés et des idées… Beaucoup de très bonnes idées. Le tout agrémenté d’un pitch de fin qui va vous achever.

    Bref, à voir, à revoir.

    Fil Rouge : 444
    Promenons-nous dans les boites…
    Réalisé par Min Kyu-Dong

    Il est assureur et piste la fraude. Elle a un don pour savoir, voir, raconter et le suit comme un chien dans les méandres des dossiers plus étranges les uns que les autres. Mais finalement, le plus gros dossier ne marche-t-il pas juste devant elle ?

    Sombre, empli d’images qui nous rappellent combien la Corée est talentueuse dans le milieu horrifique, ce fil rouge est bien plus mystérieux que celui du premier opus. Enigmes, sous-entendus, les acteurs maitrisent, avec beaucoup de talent, le suspens qui se veut ambiant. Malheureusement, le sketch, divisé et dispersé de part et d’autre des trois susmentionnés, s’essouffle un peu au fur et à mesure que le film avance…

    Mais le final viendra tout arranger, dans une scène du plus bel effet qui restera imprimée sur nos rétines alors que le générique se lance…

    La barre était haute. Horror Stories ne s’était pas encore effacé de nos mémoires tant sa qualité avait été appréciée que déjà le deuxième opus vient nous titiller. Aucune déception, une très très jolie surprise même. La franchise peut se vanter d’avoir créée une suite aboutie et plaisante.

    Halley de Sebastian Hofmann

    halley

    BIFFF. Ciné 2. 16h.

    Silvia a quand même l’esprit ouvert. A sa place, celle de gérante d’un club de fitness mexicain, je ne sais pas si j’aurais embauché Beto comme agent de sécurité. Jugez plutôt : l’homme a un teint cadavérique, un air perpétuellement sinistre, il ne dit pas un mot et chaque geste semble lui demander un effort démesuré. Bref : Beto ne respire pas la santé.

    On a assez vite des doutes sur le fait que ce type voûté et accablé sous le poids du monde soit vraiment vivant, et quand on le découvre dans sa routine domestique, le soupçon se confirme : une plaie béante lui déchire l’abdomen (il met des pansements dessus pour que ça s’ouvre pas trop) et son corps est couvert de croûtes et de blessures purulentes dans lesquelles s’engouffrent des vers…

    Il semble bien que Beto soit une espèce de mort-vivant qui part en lambeaux mais qui continue sans le vouloir à vivre même si ça fait mal (et de toute évidence, c’est le cas).

    Halley est un film mélancolique et surtout très contemplatif : il y a des gros plans sur des haltères, sue l’écoulement de gouttes, sur des tasses qu’on astique et sur des insectes qui se promènent au plafond. En somme, il ne se passe à peu près rien : on mesure simplement l’extrême isolement de Beto et la distance qui le sépare du monde, sur lequel le réalisateur jette un regard sombre.

    Amateur de gore, passe ton chemin, ce film n’est pas pour toi ! Même quand Sebastian Hofmann tente un passage qui aurait pu réjouir le public du BIFFF, avec un mort vivant qui s’arrache le pénis en se masturbant (il devait déjà pas tenir très bien), il nous offre un gros plan du visage ravagé de Beto à la recherche d’un ultime plaisir. Une méditation plus qu’une scène sanglante de film de zombies, où sang et sperme mêlés gicleraient dans tous les sens devant des bifffeurs déchaînés (tiens, ça c’est une idée).

    Qu’a voulu faire Sebastian Hofmann dans ce film pour le moins audacieux, si avare en mots ? Une métaphore sur la perte et la dépression ? Une évocation de la solitude urbaine et de l’impossibilité de nous lier aux autres ? Ou-a-t-il simplement souhaité tourner son regard vers ceux qu’on ne voit pas, les humiliés, ceux qui déclinent et chancellent tandis que les autres exhibent leur trop-plein d’énergie au club de gym ?

    On ne sait pas bien. On ne sait pas bien non plus les raisons qui l’ont poussé à exprimer sa douloureuse vision de la vie moderne à travers le portrait d’un mort-vivant, mais c’est peut-être la première fois pendant le BIFFF qu’on ressent de la compassion en en voyant un de près.

    Haunter de Vincenzo Natali

    haunter 2

    À 18h, toute l’équipe décide de se faire plaisir ensemble (Rôoooo) et de mater All Cheerleaders Die. The Hour of the Lynx passera donc à la trappe. Mais dès 20h, de retour en ciné 2 pour Haunter, nouveau film de Vincenzo Natali (Cube), où l’on retrouve aussi en rôle-titre, la petite fille (Abigail Breslin) de Little Miss Sunshine ou Zombieland, qui n’a rien perdu de son talent.

    Le plus dur pour ce film est de raconter l’histoire sans en dévoiler trop. J’ai, pour mon plus grand plaisir, vu ce film sans rien en savoir au préalable. Je vous conseille d’ailleurs de le découvrir sans voir la bande-annonce et sans lire les critiques trop expansives sur le sujet. Sachez juste que Lisa, l’héroïne, en a marre de revivre en permanence la même journée et décide de tout faire pour découvrir la vérité derrière tour cela. Et comme de par hasard, c’est à la cave ou au grenier, qu’elle va faire les découvertes les plus déconcertantes.

    Haunter a déçu pas mal de gens, qui, ayant lu trop de choses à son sujet ou en ayant déjà vu trop d’indices dans le trailer, avancent le fait que tout est attendu ou que l’on devine dès le départ la suite des évènements. Quand on a l’habitude de décortiquer les films fantastiques, on trouve aussi assez facilement le déroulement de l’intrigue. Malgré tout, contrairement aux derniers films vus dans cette salle, on est très agréablement surpris.

    Abigail Breslin porte le film sur ses frêles épaules et s’en sort admirablement bien. Les temps morts sont quasi inexistants et l’intrigue est captivante. Seul le fait d’avoir vieilli l’image pour symboliser une époque ancienne déçoit un petit temps par son inutilité.

    Un film qui ne révolutionnera pas le genre, le concept est déjà vu dans d’autres œuvres bien plus réussies mais qui amène un vent de qualité sur une programmation de ces derniers jours qui frôlait un peu trop souvent l’amateurisme.

    Omnivores de Oscar Rojo

    omnivores

    Une maison d’édition espagnole commande à Marcos Vela, critique gastronomique de renom, un reportage sur les restaurants clandestins qui commencent à faire parler d’eux dans un petit milieu. Même s’il ne voit pas bien l’intérêt du sujet, Marcos accepte de mener l’enquête, qui le conduira rapidement sur la piste de réunions sélects où on mange de la viande atypique…

    Chouette, une histoire de chair humaine avec un spécialiste des mets les plus raffinés, on se lèche les babines ! On aime bien l’atmosphère de mystère qui entoure les rituels culinaires et on partage complètement l’excitation des convives réunis pour goûter du fugu, dont le chef japonais rappelle avec délectation les propriétés hautement toxiques. Bref, on va manger, on va se faire peur : ce film a tout pour plaire. Après les saveurs japonaises, on continuerait bien la balade sur la route de restos secrets brisant peu à peu les tabous culinaires et révélant d’atroces histoires de meurtres. Mais c’est là le problème majeur du film : alors qu’on suivrait Marcos n’importe où, l’enquête tourne court. Si les films du BIFFF traînent souvent en longueur en multipliant les intrigues superflues, Omnivores donne l’impression de ne pas vouloir vraiment se lancer dans son idée pourtant prometteuse, et nous frustre d’autant plus. On aimerait que Marcos se batte pour dévoiler à la face du monde les pratiques effroyables de la bonne société, on voudrait qu’il y ait de la tension dramatique et psychologique, des gens malsains, d’autres qui culpabiliseraient face à leurs propre penchant cannibale, on voudrait qu’il y ait quelques rebondissements et un peu de danger dans de vastes demeures abritant des cuisines sordides, bref on voudrait qu’il se passe des choses plutôt que d’avoir une scène interminable de banale vengeance et de lente agonie (5 ou 6 personnes, ça prend du temps pour s’étouffer) et des personnages si peu expressifs qu’on ne ressent pas grand-chose à les voir suspendus à des crocs de boucher.

    Enfin, Oscar, tu tenais quand même de quoi faire un bon scénario : il est quand même question de soirées chics où on bouffe de la chair fraîche ! Au lieu de nous régaler en cuisinant ça à toutes les sauces, tu nous a laissé sur notre faim. Cela dit, le coup des comédiens grimés qui rejouent l’intoxication au fugu du célèbre acteur japonais, c’était pas mal. Le poisson te va peut-être mieux que la viande ?

    Emilie Garcia Guillen, Loïc Smars, Roxane de Quirini

    Emilie Garcia Guillen
    Emilie Garcia Guillen
    Journaliste du Suricate Magazine

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