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    BIFFF 2014 : le bon, la bouse et la tristesse

    Mercredi en Ciné 1 était jour d’interrogations. Si Control n’était pas vraiment attendu, The Philosophers (qui sortira dans nos salles) et Rigor Mortis l’étaient beaucoup plus. Avant de partir à l’assaut de la salle Henry Le Boeuf, direction le bar pour Sam Le Suricate (nom d’emprunt) afin de s’abreuver d’une bonne troll et d’engloutir un panini. Et oui, le suricate est dégouté des vers à force d’en voir à l’écran.

    Pourtant, pas de vers pour Caroline Munro, venue recevoir l’adoubement du Chevalier de l’Ordre du Corbeau. L’ancienne James Bond Girl a évidemment vieilli mais les quelques images projetées auront vite fait de la rajeunir auprès du public masculin.

    Control de Kenneth Bi

    control

    Après la pépite hongroise, on continue de voyager à travers le monde et aussi se mettre en danger : un thriller venu tout droit de Hong Kong. Me faire voir un film avec des acteurs asiatiques est une gageure ! C’est un peu comme essayer de faire monter quelqu’un qui n’a pas d’équilibre sur une trottinette ! (Comment ça autobiographique ?)

    Mais revenons à nos moutons et leurs bouclettes ! Control raconte l’histoire d’un assureur, qui, après avoir commis un parjure pour faire gagner sa boîte à un procès, est contacté par un mystérieux maître chanteur. Il va lui imposer différents activités hors la loi comme des braquages, des transactions pour des d’étals de drogue, etc.

    Malheureusement, au fil de ses pérégrinations, il va aussi doubler un dangereux malfrat : Tiger. En lui racontant son histoire, il va devoir le convaincre qu’il n’est qu’un pion dans tout ce bordel et tenter de trouver le vrai coupable.

    Au moyen de flashbacks et sous-intrigues qui s’entremêlent, Control livre un film populaire sur fond de cambriolage et de manipulations. Manipulations des différents protagonistes mais aussi du spectateur. Avant bien sûr le final et ses nombreux twists.

    Si la copie est finalement réussie, le film n’est pas exempt de défauts plus ou moins dommageables.

    Tout d’abord, l’intrigue se déroule dans une ville plus ou moins futuriste, qui malgré qu’elle soit réussie, n’est jamais justifiée par le scénario.

    Ensuite, une chose importante qui me tient à cœur : comme pour une pièce de théâtre, un film doit former un tout et quand les acteurs ne sont pas tous au même niveau, cela se ressent et peut gâcher celui-ci. Exemple : l’interprète du méchant Tiger qui a l’air perdu au milieu d’une ambition qui le dépasse.

    Malgré tout, on ne passe pas un mauvais moment et, même si le sujet sonne un peu comme déjà vu, il faut savoir que c’est thriller populaire correct et intelligemment mis en scène. Les twists sont aussi cohérents. Si on en attend pas grand chose, Control mérite son succès à Hong-Kong et sûrement en DVD auprès des amateurs de ce style de cinéma.

    The Philosophers (After the Dark) de John Huddles

    the philosophers affiche

    Mais que s’est-il passé dans la tête de John Huddles lorsque celui-ci a scénarisé The Philosophers (ou After the Dark) ? Voilà la grande question qui nous a taraudé toute la soirée d’hier au Bifff.

    De fait, le réalisateur et scénariste avait une excellente idée, nous présenter une expérience philosophique au travers d’une classe de cours. À l’instar de Die Welle (La Vague) comme l’a justement souligné mon collègue, The Philosophers nous promettait un récit très complexe où un professeur de philo soumet ses élèves à une expérience de fin du monde et de survie en milieu hostile. Pour ce faire, l’intéressé remet aux jeunes des papiers tirés au sort sur lesquels sont inscrits leurs rôles respectifs. L’idée de ouf !

    « Ouf », c’est finalement l’onomatopée qui a conclu notre expérience dans la salle Ciné 1 ce mercredi. Malgré une base solide et une première demi-heure intéressante, l’histoire a commencé à patauger dans un imbroglio scénaristique pour en ressortir avec une romance fantastique digne des plus piètres épisodes de Nicky Larson.

    C’est un fait, The Philosophers ne remplit aucun de ses engagements. À l’idée de nous présenter l’élite pensante de Jakarta, le cinéaste nous propose une kyrielle de personnages caricaturaux incarnés par des acteurs ressemblant étrangement aux photos murales d’un salon de coiffure californien. Aux propos philosophiques complexes dévoilant une théorie survivaliste où l’individu et l’égo vont prendre le pas sur la raison et le groupe, John Huddles nous offre une succession de réflexions psychologiques primaires et absurdes. À l’analyse d’une situation apocalyptique par un groupe-cible, le réalisateur américain nous impose une romance fantaisiste mièvre et illogique. Bref, seule reste une tromperie de grande envergure, dans tous les sens du terme.

    Le public du Bifff, atterré par un récit vide de signification, est resté quasiment muet pour l’occasion. C’est dire la médiocrité de la chose. Seuls quelques quolibets très acerbes, lancés ici et là à l’égard des acteurs, et un couple s’étreignant (copulant ?) une rangée devant nous, nous empêcheront de sombrer dans les bras de Morphée ou autre divinité à bouclettes.

    Rigor Mortis de Juno Mak

    rigor mortis affiche

    Dire que Rigor Mortis nous a laissé de marbre serait probablement un euphémisme. Peut-être n’avons nous pas su capter l’univers de Juno Mak. Pourtant, l’esthétique épurée et à la fois glauque nous emballait. Le pitch, à la fois original et classique, titillait notre curiosité. Mais voilà, la sauce ne prend pas. Cependant, tous les éléments y étaient depuis l’acteur crédible en dépressif fan de kung-fu jusqu’à l’atmosphère malsaine en passant par le zombie peu causant.

    Que dire donc de Rigor Mortis ? Qu’il y a du talent, certes. De l’ambition même. Que l’image est sublime et que nous passons un agréable moment. Mais que l’intrigue se répète (et nous ne sommes que moyennement fans de la tendance kung-fu entre démons) et que même l’enfant à l’innocence exacerbée ne parvient pas à nous faire entrer dans le récit (et ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé avec ses jolies petites boucles dorées…).

    Bref, une séance en demi-teinte de laquelle nous sommes sortis avec en bouche l’arrière goût sale et répugnant d’être passés à coté de quelque chose de bon…

    Loïc Smars, Matthieu Matthys et Roxane de Quirini

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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