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    BIFFF 2014 : interview de Tonino Benacquista (Jury Thriller)

    Auteur à succès de La Maldonne des sleepings, La Commedia des ratés, Saga ou encore Malavita, Tonino Benacquista est une personnalité reconnue du monde littéraire. Écrivain mais aussi scénariste de bandes dessinées et de films. Un parcours varié et qualitatif qui lui a permis de remporter deux César et de voir son roman Malavita être porté à l’écran par Luc Besson.

    Rencontre avec Tonino Benacquista, homme incontournable pourtant peu connu du grand public.

    Comment vivez-vous l’expérience de faire partie du jury thriller au Brussels International Fantastic Film Festival 2014 ?

    Cela ne pouvait se faire que dans la catégorie thriller car je ne connais pas très bien le film fantastique. Lorsque l’on me propose de faire partie d’un jury thriller, j’accepte, car j’ai moi-même écrit des polars et c’est un genre qui m’intéresse toujours autant.

    C’est assez réjouissant.

    Est-ce spécial d’être juré au BIFFF, rendez-vous un peu parallèle par rapport à d’autres festivals de cinéma ?

    Oui. Il est un peu spécial dans la mesure où il y a une énorme complicité avec le public. Il y a beaucoup d’habitués dans celui-ci. Mais le BIFFF, c’est surtout un festival qui va chercher l’ambiance, le deuxième degré, l’outrance, etc. Tout cela fait la spécificité du BIFFF.

    Maintenant, cela se ressent moins dans la catégorie thriller que dans celle du fantastique.

    Le BIFFF, c’est une ambiance à part entière que je ne connais pas ailleurs. Peut-être au Rex à Paris, à une époque, où l’on pouvait entendre ce genre d’ambiance, mais c’est tout.

    Vous êtes écrivain avant toute chose, mais vous avez également été scénariste pour plusieurs productions cinématographiques. Vous avez même été césarisé à deux reprises. Vous qui êtes un « adaptateur » reconnu, quel est le secret d’une adaptation réussie ?

    J’ai des scénarios de bande dessinée qui sont devenus des films et quelques romans qui sont également devenu des films. Cela dit, quand on adapte l’un de mes écrits, je n’interviens pas, je n’y travaille pas moi-même.

    Maintenant, quand je lis un roman qui m’a enthousiasmé, je mets de côté l’aspect stylistique afin de ne garder que l’événementiel pour savoir si on peut en tirer un film. C’est déjà une difficulté en soi que de lire une histoire indépendamment du style. Dans le roman, on a le temps de s’attarder sur un personnage, ce qui n’est pas possible dans un film.

    C’est pourquoi on entend souvent le public dire : « j’ai préféré le roman au film ». C’est inévitable, car ils ont déjà fait leur propre mise en scène, les costumes, etc. Lorsqu’on le fait pour eux, ce n’est évidemment pas exactement ce qu’ils avaient imaginé.

    Pour prendre un exemple, Michel Audiard avait ce grand talent d’adaptateur. On connait le dialoguiste mais on connait moins l’adaptateur. C’était quelqu’un qui lisait beaucoup de séries noires et il arrivait à renifler une intrigue dans un roman pour que l’on puisse en faire un film. À Table, c’est un type qui se fait cuisiner en garde à vue. Un huis-clos policier qui a plu à Michel Audiard et de là est né Garde à vue de Claude Miller.

    Si je vous suis bien, il faut donc le bon adaptateur ?

    Oui, tout à fait. Mais il ne s’agit pas de traduire le roman, il faut rechercher le visuel dans les mots.

    Malavita, l’un de vos romans, a été adapté très récemment au cinéma par Luc Besson. On sait qu’il existe un deuxième roman intitulé Malavita Encore, est-ce qu’une suite est dès lors envisagée au cinéma ?

    Non, pas du tout. Déjà, je n’écris pas un bouquin en pensant que cela va devenir un film, sinon ce n’est pas la peine de l’écrire. Ce serait une démarche un peu malsaine.

    Maintenant, avec l’expérience, je sais quand un roman peut potentiellement devenir un film. Par exemple, quand je termine Malavita, je suis conscient qu’à l’intérieur, il y a des éléments qui peuvent intéresser le cinéma. Quand je sors un bouquin qui se nomme Homo Erectus, où des types parlent de leur vie sentimentale et sexuelle, on est dans la parole plus que dans l’évènement. Il n’y a pas vraiment de rebondissements. Je sais très bien que ce ne sera jamais un film.

    Quels sont vos futurs projets ?

    Je travaille sur un roman en ce moment et sur un scénario long métrage. Mais je ne peux pas encore vraiment en parler.

    Allons-nous rester dans le roman noir ou dans le thriller avec ce film ?

    Non, pas du tout. On va être plus proche de l’humain et moins de l’inhumain.

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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